Censure

Le bloc-notes de zacharie : L’opposition doit de grandeur reconnaitre ses tares…

On aurait dit qu’elle avait offert sa pâque au Président de la République. Que l’opposition, en laissant derrière elle les turbulences du scrutin législatif s’était laissée choir dans les bras de Morphée, ruminant les gloires creuses d’une ère parlementaire à coquille vide. Elle y avait pourtant cru, et même veillé au grain à la mise en œuvre de leur parodie d’ententes datées du 3 juillet. Mais on le dit à juste raison, ce n’est pas à un vieux singe qu’on apprend à faire des grimaces. L’espoir s’effiloche donc peu à peu, ses appréhensions tournent très vite en dérisions chez l’autre, l’opposition républicaine parlementaire sort la tête de ses nuages.

Elle s’épouvante, s’effarouche comme par effets post-traumatiques, elle sait reconnaître les silences du Professeur dont la ruse lui a souvent coûté les yeux de la tête. Elle redoute désormais l’homme pour la ténuité de son caractère et l’allure machiavélique de ses actions. Alpha Condé semble lui être devenu un cauchemar, un rabat-joie, ou si l’on préfère un enquiquineur qu’il faut éjecter à tous les coups. Mais de cela il sera question plus loin.

Ce qui est en jeu, c’est bien le respect des accords du 3 juillet, dans leurs prolongements à 2015. Le Président de la République, en effet, semble donner comme l’impression de reléguer les communales à la cadette de ses priorités, mais l’opposition y voit très distinctement une grosse poudre jetée à ses yeux. Sa colère jusque-là compréhensive devient plus allusive, plus suggestive lorsqu’Alpha Condé a, nous apprend-on, exprimé le souhait de laisser aux Guinéens et à eux seuls les décisions stratégiques des échéances électorales en vue.

Et c’est à cela que l’opposition réagit pour exiger sans délai la mise en place enfin du fameux cadre de concertation permanent qui manque cruellement à nos politiques. L’enjeu serait de pouvoir veiller dans une perspective d’ensemble au respect des accords du 3 juillet, jusqu’à terme. Et l’opposition entend même soumettre une résolution au parlement, qui aurait pour vocation de contraindre toutes les parties au respect des accords.

Or, même si dans le fond il s’agit d’intentions salutaires, la forme reste, de mon point de vue quelque peu critiquable. En émettant son souhait de voir les Guinéens gérer eux-mêmes leurs affaires électorales, en effet, Alpha Condé se serait épargné la peine d’associer à ses annonces les représentants de l’opposition, qui y ont vu cette volonté inchangée du locataire de Sékoutouréyah de faire tourner les choses à son avantage. Dans un contexte où la confiance politique reste un défi à relever, un tel agissement, fut-il de bonne foi ne peut qu’apparaître délétère.

De l’autre côté, l’opposition qui crie à cor et à cri les dérives du pouvoir, sait bien que ses intentions sont ébréchées du fait d’une mauvaise qualification. Il faut parler plus aujourd’hui de retour aux accords que de respect de ceux-ci, et ce n’est que mon avis. L’opposition doit de grandeur reconnaitre ses tares, son émoussement pour mieux aborder les questions qui lui sont posées.

Le peuple de Guinée en a besoin, pas plus dans les rues qu’à l’Assemblée Nationale où la cible ne devrait pas être Alpha Condé comme le laisse entendre le TSA (Tout Sauf Alpha Condé), mais la qualification de nos institutions déchues et ravilies.

zachariemills@gmail.com

 

 

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