De mystérieux incendies ont détruit plus de 346 cases de neuf districts de Tangan (293 km de Conakry), faisant plus de 800 sinistrés, a constaté APA sur place.
En trois mois, ces neuf villages de la Moyenne Guinée entourés par une chaine de montagnes, ont vu plus de 346 de ses cases sur 700 être la proie des flammes, de même qu’une partie du cimetière et plusieurs arbres fruitiers.
Aujourd’hui, les populations vivent la peur au ventre. Privées presque de nourritures et de logements décents, elles sont dans la détresse et la désolation. Beaucoup de familles sinistrées dorment d’ailleurs sous les arbres calcinés, à la belle étoile.
Tangan ressemble à une ville fantôme ravagée par la guerre. Des cases en chaume incendiées par-ci, des cases décoiffées par-là, des portes défoncées à Missidé, des familles sans toit à Letty.
Fait curieux, d’après maints témoignages recueillis sur place, les feux se déclarent dans la journée et dans les mêmes circonstances. Une fumée se dégage sous la véranda d’une case, puis le feu se déclare. Epargnant le reste de la concession, le feu s’attaque à d’autres concessions voisines.
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Autres particularités, les feux sont hostiles aux appels au secours ou aux tentatives d’extinction avec des jets d’eau. Dés qu’il y a une intervention, le feu prend de l’ampleur et brûle tout sur son passage.
Les mêmes informations ont été confirmées par l’envoyé spécial de la radio nationale dépêché à Tangan au plus fort des incendies, par l’équipe de la Croix Rouge locale, les victimes des incendies mystérieux et les notabilités de la localité.
Interrogée au beau milieu de sa concession entièrement calcinée, cette veuve rapporte : « Je venais du marigot. Soudain, j’ai aperçu une fumée sous la véranda de ma case. Aussitôt, j’ai tenté de l’éteindre. Le feu s’est aggravé. Paniquée, j’ai appelé au secours, et le feu a tout brûlé ».
A côté de la veuve, Mousto, qui recharge les batteries des villageois, raconte ce qu’il a vu. « Ces feux sont mystérieux parce qu’ils ne brûlent pas les cases de toute une concession. Au contraire, ils incendient deux cases dans tels secteurs, un arbre par-ci, trois à quatre cases là-bas ».
En attendant les conclusions de l’expert français dépêché sur les lieux, les avis divergent sur l’origine des feux. D’aucuns pensent à un diable qui s’est fâché contre le village, d’autres croient à la colère divine, là où d’autres parlent de punition des hommes.
Pour éviter une catastrophe humanitaire, les Guinéens de l’étranger ont pu mobiliser en faveur des 800 sinistrés 34,5 millions de francs CFA, 600 feuilles de tôle et 180 ballots de friperie. Pour sa part et sur requête du gouvernement guinéen, le Programme alimentaire mondial a fourni 24 tonnes de vivres.
Ces dons ont été acheminés par une forte délégation composée du quatrième vice-président de l’Assemblée nationale, Elhadj Salim Bah, et du ministre de l’Elevage, Thierno Ousmane Diallo.
Très enclavé, Tangan manque d’infrastructures, en dehors d’une mosquée, d’une école et d’un poste de santé avec pour personnel deux agents.
APA