En attendant Kaléta, le président guinéen avait misé sur l’adjonction thermique de 100 mégawatts que devaient produire les groupes fournis par la société brésilienne Asperbras. Mais les groupes livrés à Conakry n’ont jamais fonctionné compte tenu du fait que qu’ils ont été livrés sans quelques pièces indispensables. Le projet selon nos informations piloté par les Grands Projets a été exécuté sans y associer les cadres de EDG (électricité de Guinée) qui ‘‘auraient pu donner des conseils utiles avant l’importation des groupes’’, nous a précisé un cadre de la guinéenne d’électricité.
Qu’à cela ne tienne, le gouvernement aurait commandé les pièces nécessaires pour le démarrage des groupes. Cependant l’entreprise brésilienne aurait demandé en plus des 122 130 000 dollars US -cout total du contrat dont 100 747 208 dollars US déjà payés-, 26 millions de dollars pour corriger des pannes dues aux intempéries auxquelles sont livrées les machines.
C’est dire que ce projet jusque-là inactif est un énorme gouffre financier. D’où, à n’en pas douter, la nécessité de résilier le contrat avec le fournisseur. C’est ce qu’a fait le gouvernement, en mars dernier, sous la houlette du nouveau ministre de l’Energie, Idrissa Thiam.
L’ »accord de résiliation consensuelle » entre les deux parties engage Asperbras à procéder au transfert de tous les équipements livrés et en fabrication, les travaux exécutés, ainsi que toute la documentation du projet, au maître d’ouvrage (le ministère de l’Energie).
En outre, Asperbras devra faire face aux obligations et engagements contractuels des sous-traitants et divers intervenants vis-à-vis de l’entrepreneur notamment les garanties sur le matériel livré, le droit de communication directe entre le maître d’ouvrage et les sous-traitants ; et est responsable des dettes vis-à-vis de ses fournisseurs.
Ceci dit, de nombreux observateurs pensent que ce projet ressemble, à bien des égards, à du gâchis organisé par l’Administration des Grands Projets dirigé par Thalès Condé. Comment a-t-on pu engager l’Etat à commander du matériel d’une valeur de plus de 100 millions de dollars sans pièces essentielles ? Comment a-t-on pu livrer un matériel d’une telle valeur aux intempéries ? A-t-on raison de ne pas associer les experts de EDG, en amont, à un tel projet ? Pourra-t-on jamais démarrer ces groupes ?
Il serait injuste de douter de la bonne foi du président Condé à vouloir donner du courant à la Guinée –jamais dans l’histoire de la Guinée un régime n’a aussi dépensé que lui pour ce secteur-, mais la stratégie pour y arriver fait un peu désordre. Et grève nos maigres budgets.
Ibrahima S. Traoré