De la vétusté des installations aux actes de vandalisme en passant par la faible capacité de paiement de la clientèle et le taux de fraude très élevé (environ 20 %), voici entre autres difficultés que connaît la société des eaux de Guinée (SEG). Aujourd’hui, ces difficultés font que la société est incapable d’améliorer la desserte d’eau dans la capitale guinéenne. Conséquence, dans le secteur de l’eau, la Guinée n’atteindra pas les objectifs du millénaire pour le développement (OMD) avant 2015, disent les spécialistes.
En marge d’un atelier sur le secteur d’eau, organisé par l’association médias intégrité Guinée (AMIG), les 24, 25 et 26 juin dernier à Kindia, Hadja Fatoumata Keita, Directrice des études et de la cartographie à la Seg a ainsi relevé les grands défis du secteur des eaux en Guinée.
‘‘Compte tenu des difficultés que nous avons dans ce secteur, actuellement nos installations fonctionnent en dessous de leurs capacités nominales. Aujourd’hui, on est face à une demande d’eau de la population qui est très forte. Le besoin en eau est 308.000m3 jour alors que la Seg ne peut fournir 167.000m3 jour’’, renseigne t-elle.
Après tout calcul, la société (Seg) se trouve face à un déficit de 141.000m3 jour. Si rien n’est fait dans le secteur, du point de vu gros investissement, ce déficit risque de s’élargir.
En Cause, ‘‘La démographie galopante. Il y a l’exode rural, tout le monde veut venir à Conakry et on n’a pas de l’eau disponible pour tous ces gens là’’, déclare cette responsable de la Seg.
‘‘Devant l’impossible nul n’est tenu’’, dit l’adage. Pour tenter de satisfaire ses 99.992 abonnés de Conakry et ses 29.049 de l’intérieur du pays, la Seg procède à un système de délestage qui consiste à donner de l’eau, un jour sur deux à chaque quartier. A l’exception des quartiers situés en hauteur.
‘‘Ces quartiers ont beaucoup de problèmes d’alimentation. Là, on est obligé de trouver des solutions intermédiaires en réalisant des forages et faire des bornes fontaines pour que la population ait accès à l’eau potable’’, lance t-elle.
Pour être plus réaliste, Hadja Fatoumata Keita souligne que les problèmes dans le secteur de l’eau sont d’abord techniques : vétusté des installations, envahissement des sites de production et de l’emprise des conduites d’eau, actes de vandalisme sur les installations. Ensuite, commerciaux : faible capacité de paiement de la clientèle, taux de fraude élevé, présence sur le terrain de techniciens bénévoles. Et enfin financier : Niveau bas du tarif de l’eau.
Hadja Fatoumata Keita‘‘Nous trouvons parfois des fonds que nous utilisons sur le terrain, mais les gens viennent les détruire, ce n’est vraiment pas bon ça’’, a-t-elle déploré. Et d’arriver à cette conclusion du moins courageuse : ‘‘A cause des difficultés que je viens d’énumérer, on ne peut pas atteindre les objectifs du millénaire pour le développement (dans le secteur de l’eau). OMD ou pas, il faut donner l’eau à la population. C’est notre vocation.’’
Malgré ces maigres moyens, la société des eaux ne croise pour autant pas les bras. ‘‘Actuellement, on a mis en place des programmes intermédiaires pour pallier à la pénurie d’eau jusqu’à la mise en œuvre du quatrième projet eau qui va prendre en compte ces déficits et donner de l’eau à la population jusqu’en 2030’’, annonce Mme Keita.
Pour terminer, Hadja Fatoumata Keita appelle le gouvernement et les partenaires à jouer un ‘‘grand rôle’’ dans la mobilisation des fonds et le financement des projets de la Seg. ‘‘On a fait élaborer par la direction planification investissement, beaucoup de fiches de projets pour la recherche de financements’’, a-t-elle conclu.
Moussa Diawara