La gestion des flux migratoires constitue l’un des plus grands défis auxquels les états sont confrontés dans ce nouveau millénaire.
Les migrants sont estimes à plus de 220 millions dans le monde et le nombre augmente de 2% chaque année malgré les lois oppressives et répressives qui sévissent dans certains pays d’accueil.
Comme l’ont annoncé certains démographes il y’aura plus de trois milliards d’individus supplémentaires dans notre planète d’ici 2100. Certaines zones déjà ne pourront plus nourrir leurs populations avec les changements climatiques et les dégradations de l’environnement qui favorisent les flux migratoires des éco-refugiés.
Dans un tout autre registre notre continent est miné par des crises et ces conflits d’une telle complexité, sont liés à un enchevêtrement de facteurs endogènes et exogènes qui n’échappent aux tensions géoéconomiques et géopolitiques mondiales. Les causes sont multiples mais la cause la plus crisogéne reste le facteur religieux qui peut aller jusqu’ à opposer des communautés voire des peuples (Nord Mali, Nigeria, Centre Afrique )
Ces conflits ont occasionné des migrations forcées qui touchent de 45 millions (25 millions de refugiés et 20 millions de déplacés) dont la moitié en Afrique.
Au chapitre des migrations pour des raisons économiques et familiales la pauvreté cyclique, la mauvaise gouvernance et l’incurie des pouvoirs publics constituent les causes majeures selon la NEM (nouvelle économie de la migration).
Mais ce désir de migrer vers les pays les plus riches ou stables s’accompagne avec un risque qui se chiffre avec plus 20 000 morts en méditerranée entre 1988 et 2009. Ces drames continuent et se succèdent en méditerranée et ont atteint leur paroxysme avec celui de Lampedusa. Depuis le début de l’été plus de 8000 subsahariens tentent de rejoindre les cotes italiennes et les drames ont repris sous l’œil complice des institutions internationales et des états africains. Il y a une semaine un bateau africain avait à sont bord plus de 45 cadavres et deux jours après plus de 75 réfugiés avaient disparu en mer selon le HCR. L’immigration étant un facteur d’équilibre social et économique alors un tel scenario ne devrait pas se produire dans ce contexte mondial de mobilité croissante des populations et de globalisation. Faudrait il rappeler que Les européens ont eu à migrer pendant plus de 4 siècles en Amérique du Nord et du Sud, en Australie et en Afrique.ils cherchaient une vie meilleure pour eux-mêmes ou fuyaient les persécutions religieuses. 2000 huguenots français ont rejoint les Etats Unis avec la révocation de l’Edit de Nantes en 1685.Entre 1850 et 1860 sont rentrés aux Etats Unis 951000 Allemands ,914000 Irlandais ,317000 Britanniques et 76000 Français .New York était le premier port ou’ arrivaient plus de 60% des migrants, le deuxième port le plus important était la Nouvelle Orléans. Le voyage était très pénible et pouvait durer jusqu’à six mois, En 1741 un bateau hollandais débarqua avec 60 de ses 106 passagers, les 46 autres morts de faim, dont 6 avaient été mangés par les survivants.
Aujourd’hui la tendance s’est inversée car c’est l’Europe qui joue le rôle d’aimant par sa stabilité et son essor économique. Pour rentrer en Europe des africains meurent en mer malgré les moyens dégagé pour le Frontex (plus de 2 milliards de d’euros, 25 hélicoptères, 20 aéronefs ,100 navires et plus de 600 hommes capables de réagir à l’instant t+1) sous l’œil complice des dirigeants africains et le silence des institutions internationales. L’UE a un devoir de protection envers les véritables demandeurs d’asile qui sont persécutés et dont la vie est sérieusement menacée dans leur pays d’origine.
Horizon sans frontières parle de crime contre l’humanité, demande l’ouverture d’une enquête internationale sur ces drames ou crimes organisés, le respect de la convention de Genève de 1951 sur le droit des réfugiés et la révision du pacte européen sur l’immigration et le droit d’asile.
Boubacar SEYE : Président d’Horizon Sans Frontières