Les fuites d’épreuves dans les examens nationaux de 2014 défraient la chronique dans la cité, à juste titre parce que tout ce qui touche à l’éducation touche à tout le monde. Seulement ces fuites d’épreuves ne sont pas les premières dans notre système éducatif, il y en a eu bien d’autres par le passé, je n’en citerai que deux exemples.
La promotion d’élèves qui a passé le Brevet d’études du second cycle (BESC d’alors) en 1966, promotion à laquelle j’appartiens, a connu le phénomène de fuites d’épreuves. Selon les rumeurs qui nous sont parvenues à Beyla il y aurait eu fuites à Guéckedou, fuites à la suite desquelles les autorités avaient décidé d’appliquer une sévérité draconienne à la correction. Aussi Beyla n’a pu enregistrer que 5 admis sur 45 candidats.
L’autre exemple de fuites d’épreuves remonte à 2008 encore dans l’examen du Brevet. Le ministre Ousmane Souaré n’avait pas hésité à faire reprendre les épreuves une semaine après.
Pour fâcheuses qu’elles soient, les fuites d’épreuves ne sont qu’un aspect des graves maux dont souffre notre système d’éducation et qui ont pour noms insuffisance d’infrastructures scolaires, pléthore d’élèves dans les classes, carence professionnelle de nombre d’enseignants, trafics de notes et autres marchandages éhontés à tous les échelons de l’encadrement scolaire.
La dérive dans l’éducation a débuté depuis la première république quand, sous couvert de révolution culturelle, l’école était devenue une passoire qui autorisait tous les élèves, bons ou mauvais, à
évoluer allègrement jusqu’à la fin des études. On a appelé cela l’enseignement de masse qui privilégiait sans l’afficher ouvertement la médiocrité.
Aujourd’hui on s’égosille à dénoncer, à blâmer, à demander la tête du ministre qui s’obstine à nier les faits, qui se contente de les traiter de simples rumeurs. A mon avis la question n’est pas de
trouver des solutions palliatives, l’éducation est de tous les secteurs d’activités du pays celui qui est le plus gangrené, le plus pourri, ce secteur qui est sensé produire l’essentiel de nos ressources que sont les ressources humaines. Nos diplômés sans emploi s’expriment dans un français pitoyable et ne peuvent écrire correctement le moindre texte.
Pour remédier à cette catastrophe, il y a lieu de prendre une mesure radicale pour l’éducation et l’ensemble des autres secteurs d’activités, obtenir vaille que vaille l’alternance en 2015. Il faut
arrêter cette série de régimes d’apatrides qui sapent le développement de la Guinée depuis l’indépendance. Je ne vois pas d’autre solution à nos malheurs.
In l’Indépendant