Il parait que Pottal-fi-Bhantal Fouta Djallon a un pouvoir magique : celui de donner des ordres au PrĂ©sident des Etats-Unis dâAmĂ©rique. Les baroudeurs de cette ombrageuse organisation viennent en tout cas dâintimer Barack Hussein Obama de ne point recevoir un certain Alpha CondĂ© parmi ses pairs africains invitĂ©s Ă la Maison Blanche au dĂ©but de ce mois dâaoĂ»t, au motif quâil serait un dictateur en herbe sans lettre de crĂ©ances Ă lui dĂ»ment dĂ©livrĂ©e par ladite phalange Haali Pular. Leur aveuglement sidĂ©ral est tel que le bon Dieu aurait du mal Ă les ramener pied sur terre. Peut-ĂȘtre que lâordre ne sera pas suivi. Mais, lâobjectif rĂ©el de la dĂ©marche demeure. Constituer des ONGs Ă lâappellation anodine pour faire de la politique et surtout les transformer en casemates pour pilonner les autres guinĂ©ens Ă merci.
Il est regrettable que des individus rĂȘches et malintentionnĂ©s entrainent dans leur sillage tout ou partie de leur ethnie et par ricochet dâautres composantes de la nation dans les marĂ©cages de la diatribe sempiternelle, stĂ©rile et vexante. Ils nâont cure des vrais problĂšmes nationaux aux solutions desquelles nous sommes tous censĂ©s nous atteler. Montrez-moi un seul projet de dĂ©veloppement du Fouta ou de la GuinĂ©e proposĂ© par ces messieurs. LâanalphabĂ©tisme, le chĂŽmage et la pauvretĂ© affaiblissent la nation et requiĂšrent la concertation et les efforts de tous. Mais que font-ils dans ce sens ? Que voulons-nous faire de la GuinĂ©e ? Projeter une GuinĂ©e moderne du XXI siĂšcle est loin dâeffleurer leurs esprits retors. Au contraire, leurs claviers, microphones et plumes sĂ©lectifs ignorent sciemment les forces subversives nĂ©ocoloniales françaises et autres qui dĂ©stabilisaient lâAfrique et particuliĂšrement le gouvernement populaire et panafricaniste de la premiĂšre rĂ©publique. Leurs rĂ©pĂ©teurs de cours dâhistoire et autres pĂ©cheurs en eau trouble se vantant de titre de professeur et dâautres mĂ©rites universitaires jamais prouvĂ©s tentent depuis belle lurette de réécrire lâhistoire de la GuinĂ©e indĂ©pendante Ă lâ envers. Seulement que la conscience et lâhonnĂȘtetĂ© intellectuelle nây sont jamais. Prononcez le nom de Jacques Foccart ou celui de Charles de Gaulle devant eux et observez leur rĂ©action. Pour eux, le nom Boiro Ă©voque seulement le camp, mais pas le commissaire Mamadou froidement assassinĂ© en fĂ©vrier 1969 par les suppĂŽts de la France qui tentaient un Ă©niĂšme coup dâEtat pour le compte de qui vous connaissez. Ne leur rappelez surtout pas lâindividu qui sauta dans la voiture dĂ©capotable du cortĂšge prĂ©sidentiel dans la tentative dâassassiner le PrĂ©sident SĂ©kou TourĂ© lors de la visite dâEtat de son homologue zambien Kenneth Kaunda le 24 juin 1969. Allez leur demander une rĂ©fĂ©rence quelconque Ă lâagression militaire impĂ©rialo-portugaise de novembre 1970 et aux 500 innocents citoyens guinĂ©ens assassinĂ©s barbarement par lâarmĂ©e coloniale portugaise et les mercenaires guinĂ©ens durant cette invasion Ă Conakry, Gaoual et Koundara⊠Soin est laissĂ© Ă des Ă©crivassiers de bas Ă©tage de polluer la mĂ©moire collective et les principes fondateurs de la nation en allant jusquâĂ justifier les agresseurs Ă©trangers. Taire les noms et le nombre de victimes dâune guerre de reconquĂȘte coloniale et fabriquer en mĂȘme temps le nombre magique de 50,000 morts au camp Boiro, est-ce un tour de force ou de farce ? Mr. Abdoulaye Porthos Diallo qui y sĂ©journa durant les annĂ©es de braises raconta par le menu dans son livre « La vĂ©ritĂ© du ministre,» les mauvais traitements, le malheureux sort et le nombre des personnes qui y passĂšrent. Jean Paul Alata (« Prisons dâAfrique ») et dâautres en firent autant. En recoupant les noms et nombres rapportĂ©s par les uns et les autres, les morts se chiffrent au tour de 120, soit plus de quatre fois moins que celui des victimes de la barbare agression dont la simple Ă©vocation pulvĂ©rise leur refrain-fĂ©tiche selon lequel, les complots dĂ©noncĂ©s Ă lâĂ©poque par le gouvernement de la premiĂšre rĂ©publique Ă©taient tous fictifs. Ces brasseurs de vent ne font jamais rĂ©fĂ©rence aux rĂ©solutions du Conseil de SĂ©curitĂ© des Nations-Unies numĂ©ros 289 et 290 des 23 novembre et 8 dĂ©cembre 1970. Par ces importants documents historiques, lâorganisation internationale la plus autorisĂ©e reconnaissant la gravitĂ© des actes criminels imputĂ©s au Portugal et Ă ses acolytes condamnait le premier et lâintimait Ă payer Ă la GuinĂ©e des rĂ©parations pour ses crimes de guerre. Nulle part au monde, lâon ne voit tant de manquement au sens civique.
Les faits sont tĂȘtus. Leur exercice futile de la manipulation de lâhistoire et de la rĂ©alitĂ© guinĂ©ennes produira lâersatz dans le meilleur des cas et lâopprobre dans le pire des cas.
Pour rallier plus de membres de lâethnie Ă leur lutte Ă la Don Quichotte, ils sâĂ©ternisent dans des fantasmes suggĂ©rant leur appartenance Ă la race blanche, tout en sâefforçant de se construire un double statut de groupe supĂ©rieur et victime des envieux « bhalĂšbĂš.»
En AoĂ»t 2013, les mĂȘmes publiĂšrent un article sulfureux et irrĂ©vĂ©rencieux pour malmener ceux qui osĂšrent soulever la question de lâesclavage au Fouta. HabituĂ©s Ă leurs sorties autant malhonnĂȘtes que dĂ©cousues, peu de compatriotes en firent cas. Le comble cependant, câest quâils osĂšrent y ravaler lâAlmamy Samory TourĂ© au rang dâun simple « chef de tribu » qui leur aurait vendu les Mandingues vivant aujourdâhui au Fouta. Lâignorance semblent prendre le pas sur le pĂ©joratif et lâiconoclastie. LâhystĂ©rie enfle et la haine empoisonne. Les haineux et revanchards du groupuscule Pottal-fi-Bhantal Fouta Djallon ont du mal Ă lâaccepter, mais le Fouta-Djallon est une terre en partage entre Diakhankas, Djallonkas, Maninkas, Peuls, SarakollĂ©s, et Sossos et ce, dans des proportions variables selon le point de vue de celui ou celle qui parle. Les BadiarankĂ©s, Bassaris et Koniaguis du Badiar Ă©taient moins concernĂ©s par ce melting-pot. Lâordre social et politique y Ă©tabli aprĂšs la bataille de Talansan Ă©tait plus ou moins dĂ©sĂ©quilibrĂ©. Pis, il en constitua le tendon dâAchille ; mais sans pour autant causer de conflagration majeure. La communautĂ© de religion, le respect et lâintermariage jouĂšrent un rĂŽle de premier ordre dans la survie dâun Fouta pluriel et paisible Ă travers le temps. Autant dire quâune cause peule Ă y dĂ©fendre sans ou contre les autres est pur leurre. Ceci est encore plus vrai au plan national. Les citoyens de toutes ethnies confondues aspirant au progrĂšs et au bien-ĂȘtre de la nation entiĂšre doivent sâorganiser pour faire piĂšce aux menĂ©es subversives des vieux briscards en mal dâaventure politique. Le modĂšle social et politique dont ils rĂȘvent ne se rĂ©alisera ni en GuinĂ©e ni ailleurs en Afrique. Une certaine aspĂ©ritĂ© du langage offusque la pensĂ©e et altĂšre les relations entre les communautĂ©s. Ce climat dĂ©lĂ©tĂšre ne permet lâĂ©mergence dâaucune nation fondĂ©e sur le vivre ensemble sur un mĂȘme territoire, au sein de certaines institutions majeures et dans la poursuite dâun dĂ©veloppement social et humain le plus harmonieux possible. Je refuse donc de laisser des individus sournois et lĂ©gers diviser davantage les GuinĂ©ens. Le Fouta est trop important pour la GuinĂ©e et la GuinĂ©e est trop importante pour le Fouta pour les laisser y faire, mĂȘme un iota de plus.
Je voudrais leur rappeler quâau lieu de sâĂ©vertuer Ă souiller notre glorieuse histoire et dâen dĂ©molir les hĂ©ros, ils devraient se joindre aux dignes GuinĂ©ens pour venger et rĂ©habiliter nos hĂ©ros comme lâAlmamy Bocar Biro et les siens tombĂ©s les armes Ă la main durant la bataille de PorĂ©daka en Novembre 1896. LâAlmamy Samory nâa point besoin de ma recommandation Ă cet effet puisquâil est dĂ©jĂ dans le PanthĂ©on de lâhistoire africaine.
InchâAllah, en ce dĂ©but dâaoĂ»t, Alpha CondĂ© remontera la Maison Blanche la sixiĂšme fois pour un PrĂ©sident de la GuinĂ©e indĂ©pendante, aprĂšs Ahmed SĂ©kou TourĂ© en 1959, 1962, 1979 et 1982 et le mĂȘme Alpha CondĂ© en 2011. Avec tous les honneurs et en toute lĂ©gitimitĂ©. MĂȘme si Pottal-fi-Bantal Fouta Djallon en dĂ©cide autrement.
Dr. Mamadou Touré
Baltimore, USA