Censure

‘’J’ai une dette d’amour envers la Guinée’’, a révélé Nadine Barry

Veuve d’un Guinéen mort sous le régime de Sékou Touré, Nadine Barry a décidé de passer sa retraite en Guinée et de faire du reste de sa vie un combat pour la mémoire de son mari et la solidarité entre les communautés. «Cette démarche, je l’ai faite en mémoire de mon époux et parce que je pense que j’ai une dette d’amour envers la Guinée», a-t-elle révélé au cours d’un entretien qu’elle a récemment accordé à l’AGP.

Comment peut-on expliquer cette dette d’amour envers la Guinée ?

Je suis française d’origine, je me suis mariée en 1961 au Guinéen, Abdoulaye  Barry qui fut chef de cabinet au ministère guinéen des Affaires Etrangères sous la première République. J’ai connu 10 ans d’amour conjugal auprès de mon défunt mari ; que j’ai rencontré  au cours de ses études à Paris et avec qui j’ai eu quatre enfants, dont trois filles et un garçon. Après son arrestation et sa disparition en 1972, j’ai décidé de mener des recherches, afin  de retrouver ses traces  pour que son souvenir ne s’efface pas vite de la mémoire des Guinéens.

Quel a été le résultat des démarches que vous avez eu à mener jusqu’aujourd’hui ? 

J’ai passé 19 ans d’incertitude, d’espoir et de désespoir pour connaitre en fin la vérité. Grâce aux recherches que j’ai menées, j’ai pu connaitre les circonstances de la mort de mon mari et le lieu où il repose. Maintenant, j’ai comme impression qu’il est en vie. En 2003, j’ai pu me rendre, en compagnie de mes quatre enfants, à l’endroit où il est enterré  pour organiser un ‘’Fidaw’’ (la prière pour les morts dans la religion musulmane).

Parlez-nous du second volet de votre combat, la solidarité en Guinée 

En 1987, j’ai créé avec des amies françaises et guinéennes, une ONG, appelée ‘’Guinée Solidarité’’ pour promouvoir le rapprochement culturel et artistique entre communautés française et guinéenne. Ensuite, j’ai commencé  à écrire des livres comme ‘’Noces d’absence’’, ‘’Chronique de Guinée’’, ‘’L’œil du Héron’’ et ‘’Les cailloux de la mémoire’’. Aujourd’hui, j’anime une bibliothèque mobile qui sillonne les différentes écoles de Conakry pour faciliter l’accès des élèves aux livres et aux manuels scolaires.

Quelle lecture faites-vous de l’évolution de la littérature guinéenne ? 

Je salue le courage et l’engagement des professionnels du livre en Guinée. Vous savez, la problématique de l’écriture et de la lecture en Guinée est marquée par des facteurs d’ordre économique et social. Les écrivains vivent cette réalité qui se caractérise par la mévente des livres et le faible niveau de lecture des élèves et des étudiants. Malgré cet état de fait, les auteurs guinéens continuent à écrire pour, non seulement partager avec le reste du monde les immenses richesses culturelles du pays, mais aussi  participer à la formation et à l’éducation de la jeunesse guinéenne. Permettez-moi de saluer de passage la maison d’édition L’Harmattan Guinée qui, depuis quelques années, organise avec ‘’ succès’’ les 72 heures du livre en Guinée, pour permettre aux différents acteurs de débattre de l’avenir du livre dans la société guinéenne.

AGP

 

 

 

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