Dans cette interview exclusive accordée à notre rédaction, M. Antonio Souaré, Président du Horoya AC et PDG de GUINÉE-GAMES aborde de nombreux thèmes d’actualités sportives et culturelles. Il s’agit entre autres de la visite du président de l’ASK, Boubah Sampil, les perspectives du passage à la Ligue professionnelle, le bilan du championnat 2013-2014 et les dysfonctionnements au niveau du Horoya, la Coupe du monde 2014, le drame de Rogbanè, le décès de Souleymane Koly. Autant de questions que le Président Antonio Souaré a accepté de répondre, à cœur ouvert.
Vous venez d’avoir des échanges avec Aboubacar Sampil, président de l’Association sportive du Kaloum (ASK). Peut-on savoir ce que les dirigeants des deux principaux clubs de Guinée que vous êtes,
ont évoqué durant cette réunion ?
Mamadou Antonio Souaré : Le président Bouba Sampil avec son staff étaient venus nous rendre visite. Une visite appréciée à sa juste valeur par mes collaborateurs et moi même. Nous avons mis à profit cette rencontre pour tenter de faire le bilan du championnat national de Ligue 1 qui vient de s’achever. J’ai félicité l’ASK pour son titre de champion. L’ASK et ses dirigeants ont les bénédictions et le soutien total de tout le staff du Horoya dans la campagne africaine qu’ils entament la saison prochaine avec les couleurs de notre pays, la Guinée.
D’autre part, vous n’êtes pas sans savoir que la fédération guinéenne de football (FEGUIFOOT) a signé la décision, sur recommandation de la FIFA (Fédération internationale de football association) et de la CAF (Confédération africaine de football), du passage obligatoire à la Ligue professionnelle des la prochaine saison du championnat national des Ligues I et II. Par rapport à cette échéance très proche, nous avons décidé d’instaurer avec tous les autres clubs et acteurs concernés un cadre de dialogue et d’échanges afin que cette mutation positive du football guinéen soit comprise et se déroule sans grande difficultés. À cet effet, un programme de travail en amont est nécessaire au niveau des clubs avant qu’on ne se retrouve avec la commission proprement dite de la fédération guinéenne de football. En ce moment avec les résultats déjà acquis à notre niveau, nous pourrions parler le même langage et d’une même voix. Nous avons décidé alors de nous retrouver en début de la semaine prochaine, à partir du lundi (NDLR 11 août), pour formaliser tous les points relatifs à la Ligue Professionnelle à travers la conception d’un document de base.
Nous avons aussi évoqué les faiblesses, vices et travers qui pourraient fausser les résultats et ternir gravement l’image du football guinéen. Aujourd’hui, il faut avoir l’honnêteté et le courage de le dire, l’AS Kaloum et le Horoya, à tort ou à raison, resteront systématiquement pointés du doigt tant que des pratiques douteuses ou déshonorantes entacheront la crédibilité d’un match du championnat national ou de la coupe nationale. Donc, les dirigeants des deux clubs ont l’obligation d’avoir des comportements irréprochables, d’être crédibles et de donner le bon exemple aux autres. Sinon tous les efforts et sacrifices financiers consentis aujourd’hui ne serviront à rien.
En gros, ce sont ces points que les deux présidents et leurs équipes ont discuté durant cette réunion de travail. Nous avons surtout insisté sur la nécessité de rehausser le niveau du football guinéen afin que l’AS Kaloum et le Horoya servent d’exemple en termes de performance pour le reste des clubs du pays sur l’arène internationale.
Notre souhait aussi est que le championnat guinéen démarre désormais à temps, comme dans les autres pays, c’est à dire en septembre ou en octobre au plus tard. Alors que les championnats des autres pays commencent en fin août ou début septembre, il n’est pas normal que la Guinée continue d’accuser des retards allant jusqu’à décembre voire janvier. C’est ce qui explique, en partie, les difficultés et les contre performances des clubs guinéens face à leurs adversaires en coupes africaines. Il faut avouer que nos adversaires dans les compétitions africaines, qui commencent tôt le championnat (août -septembre), ont les jambes beaucoup plus rodées, sont mieux préparés que nous qui ne commençons le championnat qu’en décembre-janvier. Et le plus souvent, ils réussissent, sans difficultés majeures, à éliminer nos clubs. Donc, il est impératif de corriger ce lourd handicap et d’avoir un calendrier qui nous permet d’être plus compétitif au niveau international. Tout ce toilettage devrait être fait avec la Ligue Professionnelle pour booster notre football.
En tant que citoyen et grand promoteur de la culture guinéenne, comment avez-vous vécu le drame survenu sur la plage de Rogbanè où une trentaine de jeunes gens qui étaient partis se récréer ont perdu
la vie? Et quelle a été la réaction de votre société GUINEE GAMES face à ce drame ?
Je profite d’abord de l’occasion pour présenter mes condoléances à toutes les familles des victimes et à la jeunesse guinéenne. Ce drame m’ai tombé comme un couperet sur la tête. Quand j’ai appris la triste nouvelle aux environs de 23h, j’avoue que je n’ai pas pu fermer l’œil toute la nuit. Voyez-vous quand un tel drame survient, il faut penser d’abord aux familles, aux enfants qui sont très jeunes, et qui ont été d’innocentes victimes. Puis, il faut ensuite se demander comment cela a bien pu arriver, alors qu’on aurait bien pu l’éviter. Et je crois qu’on doit prendre des dispositions nécessaires sur le plan étatique et sur le plan des structures culturelles, pour ne pas que ce genre de tragédie se reproduise dans notre pays. En moins d’un an, c’est la deuxième fois qu’un tel drame frappe la Guinée. Désormais, avant tout spectacle, il convient d’abord de s’assurer que les organisateurs sont professionnellement qualifiés, qu’ils remplissent toutes les conditions, qu’ils ont le quitus pour organiser ce genre d’événements. Il faut dorénavant penser à sécuriser les lieux de spectacles. Il faut que ces lieux soient adaptés aux spectacles. Surtout qu’aujourd’hui quand on parle de la musique de rue ou sur la place publique, vous avez à faire à une population juvénile souvent insouciante, à des adolescents inconscients de certains risques.
Il faut donc créer des structures adéquates pour maintenir la sécurité et la vie des enfants. Ma société GUINEE-GAMES a compatit à ce drame national, a partagé le deuil des familles des victimes en leur apportant son assistance, sans que cela ne soit porté sur la place publique, bien sûr. Mais vous savez quand vous perdez un enfant, rien ne peut le remplacer. Rien dans le monde ne peut remplacer la perte d’un enfant, même si vous donnez des milliards à ses parents.
Donc, une fois encore, je présente mes condoléances aux familles endeuillées; je souhaite que tout le monde prenne des dispositions pour que ce genre de drame ne se reproduise plus dans notre pays.
Dans le registre des mauvaises nouvelles, il ya aussi la disparition de Souleymane Koly, un chantre de la culture guinéenne. Vous avez certainement eu à suivre l’homme à travers ses œuvres?
L’immensité de la perte avec le décès de Souleymane Koly dépasse largement les frontières guinéennes. C’est un grand homme de culture qui nous quitte en laissant à la postérité de grandes œuvres culturelles intemporelles. Mon regret, malgré la richesse des œuvres produites, est qu’il meurt, physiquement, avec une bibliothèque dans la tête, de grands projets et de grandes ambitions pour la Guinée que le temps ne lui a pas permis de réaliser. J’ai connu Souleymane Koly quand il montait l’ensemble Kotéba à Abidjan. J’ai également eu le privilège de le suivre sur le plan international en France et dans d’autres pays. Et 48 heures avant sa mort, je le suivais sur TV5. Une émission dans laquelle on retraçait le parcours du talentueux artiste doublé de grand producteur.
Je crois que son décès est une énorme perte pour la Guinée quand on considère qu’après avoir fait tout le parcours dans les autres pays, il ambitionnait pour son pays des grands projets culturels. C’est regrettable pour nous, mais c’est Dieu qui l’a décidé ainsi. Le jugement de Dieu ne dépend que de sa volonté. Prions donc pour le repos de son âme. Prions pour la Guinée, prions pour notre jeunesse, prions pour l’avenir de ceux qui sont encore vivants. Amen.
Malgré ses énormes potentialités en termes de ressources humaines, financières et matérielles, le Horoya AC a terminé le championnat en seconde position. Pouvez-vous nous dire ce qui n’a pas marché, pour que votre club ne soit pas parvenu à prendre la tête de cette compétition ?
– Je dois reconnaître que le début du championnat a été mal géré par le staff technique d’alors. Vous avez tout suivi. Je ne reviendrais pas sur tous les détails, mais les mauvais résultats ont conduit au remplacement de l’ancien entraîneur. Avec les faux pas de la première partie du championnat, il était impératif de gagner tous les matchs retour jusqu’à la fin du championnat. C’est cette mission qui a expliqué le contrat avec le nouveau staff technique. Ils ont certes fait leur boulot, un boulot que je qualifie de formidable, je tiens d’ailleurs à les remercier et à les féliciter. Ça été un parcours sans faute, mais malheureusement il y a eu cette pénalité administrative, de notre part, qui est venue tout remettre en cause. Les jeunes ont fait leur boulot, les techniciens ont fait le leur, mais ceux qui devaient gérer l’administration ont péché. Et en toute honnêteté j’ai pensé que c’était un complot. Pourquoi aligner un jouer suspendu contre un adversaire que notre troisième équipe pouvait facilement battre, on pouvait s’en passer. Alors que le joueur en question venait de purger des cartons en Ligue des champions et en championnat.
À cause d’une faute administrative, le Horoya, champion sur le terrain, se trouve priver banalement de son quatrième titre consécutif mérité. Je l’accepte pour le fair-play, pour la vie du sport et pour le développement de notre football. Mais, comme je le disais, la faute est venue de chez moi, c’est pourquoi nous avons été obligés de rechercher d’où elle est venue cette faute. Et nous avons réussi à situer les responsabilités. Aujourd’hui, nous sommes en train de restructurer profondément le club, puisqu’il est inadmissible qu’un travail de si longue haleine, de plus de deux ans et demi, de trois ans, soit ainsi mis à l’eau pour des raisons qu’on ignore. Il est choquant de gagner tous les matchs sur le terrain et qui font de vous champion et que vous ne le soyez pas pour des motifs impropres aux joueurs. Donc, il faut être sans état d’âme et sanctionner les responsables de cette faute. C’est une année de perdue pour nous, je dois le dire. Maintenant il faut consacrer les efforts sur d’autres compétitions comme la coupe nationale pour la gagner, c’est tout.
C’est un secret de polichinelle de dire que le Horoya souffre d’un chronique problème de management avec une administration commettant des erreurs aux conséquences lourdes pour vos investissements, comme la perte des points contre le club Bâte. C’est tout de même curieux de savoir que son président, que vous êtes, avec toutes ses qualités et ses preuves dans divers domaines, où il s’est illustré par son talent, ne semble pas voir ou comprendre ce dysfonctionnement. Pourquoi avec
le club ça n’a pas l’air d’aller ?
Vous n’êtes pas sans savoir que quand je venais aux affaires, il y a deux ans et demi, on ne parlait même pas de championnat guinéen, on ne parlait pas de football. C’est grâce à notre capacité managériale aujourd’hui que mêmes des footballeurs étrangers se bousculent pour venir jouer dans le championnat guinéen. Je ne crois pas que ce soit une question de management. Le programme de Horoya s’étale sur la période 2013-2017, avec l’objectif de construire un des plus grands clubs africains. Mais, il est évident à présent que beaucoup de personnes ne sont pas en mesure de suivre ce programme quinquennal. À partir de la, notre devoir est de veiller et lever désormais tous les obstacles qui se dresseront sur notre chemin. Il faudra tirer les leçons sur ce qui est arrivé et corriger les défaillances. Aujourd’hui, nous sommes fiers de l’engouement créé au sein du football guinéen. Désormais, l’idée de concurrence saine prend forme et se développe, et cela poussera d’autres personnes à investir dans le football guinéen. Cela constitue un acquis pour la Guinée, pour le football guinéen pas pour Horoya uniquement. Je dirais donc, que dans l’ensemble, ça marche très bien au Horoya. Le club est bien structuré mais quand quelqu’un fait la faute, vous ne pouvez rien faire d’autre que sanctionner, sans oublier pourtant que la faute est irréparable. L’erreur est réparable, pas la faute. C’est ce qui est arrivé. Mais, le Horoya continue sa course vers la grandeur.
Certains observateurs vous reprochent de concentrer tout entre vos mains. Ces gens pensent que votre talon d’Achille c’est surtout votre entourage composé essentiellement d’amis d’enfance, qui ne soient pas
tous animés des mêmes ambitions que vous. Ont-ils tort de se livrer à ce genre d’insinuations ?
Ceux qui parlent ainsi ne comprennent pas le fonctionnement du Horoya. D’abord, Horoya est une entreprise qui fonctionne comme mes autres sociétés, à savoir GBM, GUINEE-GAMES ou CIS-Tv. Je suis peut être l’un des dirigeants qui décentralisent le plus en Guinee, celui qui délègue beaucoup plus de responsabilités à ses collaborateurs. Ensuite, si j’avais tout concentré à mon niveau, cette faute pénalisante ne se serait pas produite. J’ai voulu que tout le monde apprenne, que chacun à travers son travail, s’affirme et s’exprime par des résultats. Donc ces critiques ne sont pas fondées, ils se trompent en affirmant cela. Je n’ai pas de copains d’enfance dans cette équipe. Pour preuve, le bureau actuel était déjà en place quand j’arrivais aux affaires, donc je n’ai imposé personne.
Ils font probablement allusion à Sorel Sankhon, Kader Sangare et autres ?
Non, attention ce sont des cadres qui apportent beaucoup au Horoya. N’oublions pas que Kader Sangaré a été le pionnier, le premier à fonder un club de football privé, en l’occurrence l’AS Kaloum, et nous l’avons tous suivis à l’époque. Il a également été ministre des Sports. Ce n’est pas parce qu’il a été mon copain d’enfance, non ce n’est pas ça, il a apporté un plus au sport de façon générale. C’est un garçon qui a beaucoup d’expériences, notamment dans la gestion des clubs sportifs dont Horoya a besoin aujourd’hui dans sa restructuration.
Et vous constaterez aussi qu’il vient d’arriver, donc il n’a strictement aucune responsabilité dans la catastrophique gestion qui nous a fait perdre des points et le titre de champion, et que je suis obligé de sanctionner. Il ne gérait rien avant cette faute administrative. C’est justement d’ailleurs à cause de cette coûteuse défaillance de l’administration du club que Kader Sangaré a été appelé et promu président délégué. Lui et moi, nous savons ce que sait que le football. On connait les règles et les règlements en la matière.
J’ai parlé d’eux, mais il peut y avoir d’autres noms que je ne maîtrise pas ?
Non honnêtement je travaille avec le bureau que j’ai trouvé en place. Vous pouvez aller au siège du Horoya, vous verrez que je n’ai rien changé au niveau du bureau exécutif que j’ai trouvé. Et vous verrez que ce ne sont pas mes copains d’enfance. Mais, j’essaie de leur apprendre à travailler de manière professionnelle. Vous savez que le football est une profession, avec des règlements stricts. Et sa gestion est un métier difficile et même complexe. Donc avec le passage intégral et officiel au professionnalisme, il est impératif que chacun puisse maîtriser les textes. Un club étant une entreprise, le sens du management, la maîtrise des outils sont indispensables pour tout responsable du Horoya. En attendant, le Horoya avance à grands pas. Le Horoya est l’un des clubs remplissant aujourd’hui les trois critères fondamentaux exigés aux clubs pour être reconnus professionnels : les juniors, les cadets et l’équipe première. Le Horoya est également Omnisports avec ses équipes de basketball, de handball. Tout cela est correctement géré. Donc, la gestion du Horoya n’est pas une affaire de copains. Moi je suis un homme d’affaires. Et comme tout businessman, je suis pragmatique. Ce qui importe ce n’est pas la personne, c’est ta rentabilité. Pour le reste je n’ai pas d’état d’âme. Je préfère garder l’amitié, les relations amicales avec quelqu’un et éviter de travailler avec lui s’il n’est pas utile. Donc c’est la rentabilité qui compte chez moi. Le Horoya évolue dans son programme 2013-2017. Que Dieu nous donne la santé et la vie, je vous assure que le Horoya sera l’un des meilleurs clubs d’Afrique.
Comment arrivez-vous à concilier la gestion du club et celle de la société de jeu ‘’Guinée games’’ ?
C’est tout un Groupe, pas seulement le Horoya et GUINEE GAMES, il y’a aussi l’Académie Antonio Souare à Dubreka, la Chaîne internationale de Communication CIS-Tv et d’autres projets dans le transport aérien, l’hydrocarbure ou l’hôtellerie. Toutes ces sociétés sont des filiales du Groupe Business Marketing (GBM). Au lancement de GUINEE-GAMES, au début des années 2000, j’ai eu l’honnêteté de prévenir les travailleurs sur le fait que les bénéfices et l’intérêt ne viendront pas d’un coup et ne tomberont pas du ciel. Quand tu montes une entreprise, il faut dire à tes collaborateurs de ne pas s’attendre à la récolte immédiate des fruits. Et pour que tout le monde parie avec GUINEE-GAMES, il a fallu consentir des sacrifices financiers et matériels souvent douloureux sur plus de quatre ans d’activités pour gagner la confiance des joueurs. C’est seulement à la cinquième année, que nous avons commencé à retrouver les premiers équilibres, à poser les soubassements parvenus d’une société performante et solide. Mais si tu es trop pressé, c’est à dire vouloir investir aujourd’hui et gagner immédiatement, tu ne réussiras jamais. C’est pourquoi, je vous parle de décentralisation. J’ai une équipe qui a été formée, et qui gère efficacement GUINEE-GAMES aujourd’hui, moi je ne suis que le coordonnateur qui vérifie, rectifie ou conclue, sur la base d’un système informatique très performant, le travail des uns et des autres. Avec ou sans Antonio GUINÉE GAMES fonctionne et partout dans le monde, je coordonne ce fonctionnement grâce à un système technologique que seule notre société Mère installée à Londres possède dans le monde. Vous voyez que je voyage beaucoup, que je m’occupe d’autres affaires, mais GUINEE-GAMES fonctionne à la perfection. GUINEE-GAMES ne dépend de personne aujourd’hui, même pas de moi. Elle repose sur des moyens technologiques modernes. Donc, il est pratiquement impossible qu’elle puisse dépendre d’une seule personne. Même quand je ne suis pas en Guinée, je vérifie GUINEE-GAMES, je contrôle GUINEE-GAMES. Mes bureaux ne sont même plus à GUINEE-GAMES, ils sont à la cité chemins de fer. Moi je travaille à la manière anglo-saxonne. Je décentralise, je laisse chacun faire son travail pour être efficace et produire le résultat attendu. Car seul le résultat compte. Si vous ne faites pas de résultats, vous laissez la place à plus capable, c’est la règle chez moi.
Où en êtes-vous avec votre projet de télévision ?
Aujourd’hui, la télévision elle est prête. Elle est fonctionnelle, mais malheureusement on a eu cette malheureuse épidémie. Les experts ont quitté la Guinée depuis le mois de juin et ils attendaient une amélioration de la situation sanitaire, en termes d’éradication de la maladie, pour revenir et procéder aux derniers fixages et réglages. Qu’est-ce qui reste aujourd’hui concrètement ? Pratiquement, c’est le fixage de l’antenne. Tout le reste est prêt: le siège de la télévision à Lambanyi est totalement équipé, le car de reportage est disponible. Nous avons mis assez de moyens, et c’est une télévision totalement sportive et culturelle, de vocation panafricaine sur satellite. La seule difficulté est que la fixation de l’antenne ne dépend pas de notre partenaire du projet, « Studiotechs » qui a fabriqué les matériels, monté et équipé les studios de la radio et de la télévision.
Pour la fixation de l’antenne, les techniciens vont bientôt arriver à Conakry pour le réglage et l’équilibrage. Notre programme prévisionnel fixe l’inauguration à fin septembre 2014. Et si cette épidémie n’était pas survenue, aujourd’hui la télévision serait déjà en essai.
En attendant la fixation de l’antenne, je dois dire que nous sommes bien équipés et nous avons déjà des partenaires. Il y a des sociétés qui gèrent la Coupe d’Afrique des Nations, comme Sport Five, qui devraient se servir de nos matériels pour reporter certains matchs de la sous région. Aujourd’hui nous sommes capables de reporter un match de football ou un évènement culturel n’importe où dans le monde et en direct. On a les moyens et on a du matériel pour ça. Donc, ça sera une visibilité pour la Guinée, ça sera une chance pour la Guinée, pour les Guinéens, pour la jeunesse guinéenne. Ce n’est pas pour monsieur Antonio Souaré ou GUINEE-GAMES.
C’est pourquoi, la CIS-TV (Culture – Infos – Sports), est complètement détachée. Elle est à la disposition des Guinéens. Son personnel sera différent de celui des autres structures. C’est une autre preuve que je suis un chef d’entreprises qui décentralise. Je ne gère pas seul et directement GUINEE-GAMES ou Horoya.
Aussi, notre centre de formation sera l’un des plus grands de l’Afrique de l’Ouest. Il est à Dubreka précisément dans la localité de Yérokobiya sur 21 hectares. Nous travaillerons afin qu’il soit un des plus grands lieux d’attraction d’Afrique de l’ouest. Ça aussi c’est pour la Guinée et non pour monsieur Souare, accusé à tors de concentrer tout dans ses mains. J’ai des professionnels qui travaillent avec moi. J’ai besoin de vous tous comme journalistes à CIS TV. J’aurai besoin des grands sportifs, des enseignants, des éducateurs au centre de formation. J’aurai besoin des grands techniciens, j’aurai besoin des grands ingénieurs à GUINEE-GAMES. C’est ça ma conception et mon mode de fonctionnement. Et c’est ça la vérité sur Antonio Souare.
Nous n’allons pas terminer sans parler du Mondial brésilien, où vous étiez avec le gotha du football mondial. Comment avez-vous vécu cette grand-messe du foot ?
Je l’ai vécu avec beaucoup de joie. Comme vous devez le savoir, je suis un passionné de sport. Etre responsable sportif et se retrouver avec toute la crème du football mondial au même moment et au même lieu, c’est donner une fois chaque quatre an. Donc j’étais vraiment content et même heureux d’y être. Avec un tel événement mondial, vous apprenez chaque jour, vous faites la connaissance ou la rencontre des personnalités importantes du sport: Présidents de clubs, des fédérations nationales, des confédérations, des grandes firmes et marques intervenants dans le sport, le président de la FIFA, les membres de la FIFA, vous côtoyez les stars actuelles et à la retraite du football mondial que vous voyez à la télévision. Vous discutez, déjeuner ou dîner avec tout ce beau monde, j’avoue que c’est extrêmement utile et enrichissant. C’est difficile de commenter tout ça. Personnellement, j’ai eu des entretiens avec des présidents de club, comme le président Jean Michel Aulas de l’Olympique Lyonnais, club qui a accordé deux bourses de perfectionnement du niveau de deux entraîneurs guinéens : Kanfory Lape Bangoura et Koly Koivogui. J’ai aussi des discussions avec des techniciens de grande renommée, des anciens footballeurs devenus consultants pour des chaînes de télévision sportive ou assistants d’entraîneurs des équipes qualifiées au mondial. Le président Issa Ayatou m’a reçu ainsi que son vice président guinéen, notre frère Almamy Kabele Camara. Avec le président de la fédération guinéenne de football, mon cher frère Salifou Camara Super V, j’ai rencontré le Président Joseph Sep Blatter de la FIFA. La coupe du monde est également une occasion de faire la rencontre des dirigeants du monde, des chefs d’Etat, ministres, ambassadeurs avec lesquels il vous arrive de partager la table.
Vous vous frottez avec eux, vous vous saluez, vous parlez, vous prenez un verre ensemble. Qu’est ce qui peut favoriser ce brassage à part le football, le sport, la culture? Cela n’a pas de prix pour moi. Cette Couple du monde a été pour moi un plus. Chaque fois que j’assiste à une Coupe du monde, c’est un plus pour moi. Après la France en 1998, le Japon-Corée du Sud en 2002, l’Allemagne en 2006, l’Afrique du Sud en 2010, c’est le Brésil en 2014. C’est toujours un plus, et je remercie DIEU de m’avoir prêté vie et accordé la santé et les moyens de vivre toutes ces fêtes mondiales de ce sport formidable. Avec le football, pas de racisme, pas de blanc ni de noir, tous les pays y sont, mélangés les uns aux autres. C’est pourquoi je crois aux investissements dans le sport et dans la culture. Nous devons tous comprendre que l’impact positif que le football et la culture offrent à la jeunesse, à un peuple n’a pas de prix. Quand tu te retrouves à la tribune des stades comme Maracana Stadium de Rio, tu as la chair de poule, parce que c’est toute une histoire du football qui défile sous tes yeux, mon cher ami. Le Maracana est un temple…
En homme d’affaires très avisé, Antonio Souaré se refuse de parler politique. Est-ce dire que vous ne nourrissez pas l’ambition d’être même un jour député ou maire de votre circonscription, qui est Kindia?
Non, la politique n’est pas dans mes projets, dans mon programme. Je n’ai pas de vision pour la politique. Je suis déjà trop occupé avec le sport, la culture et mes sociétés que je ne peux trouver une seconde pour la politique. Donc, je préfère, et avec votre aide et celle de tous mes amis, exceller dans mes domaines de prédilections. Sincèrement la politique ne m’intéresse pas. Je n’aimerais même pas qu’un de mes enfants fasse la politique. Je préfère apporter mon concours par tous les autres moyens à mon pays, mais pas sur le front politique. Avec tout le respect que je vous dois, je dis merci à la politique.
In L’Indépendant, partenaire de guinee7.com