Censure

Déclaration d’un diplomate américain au Conseil de sécurité de l’ONU sur la prévention des conflits

Le diplomate américain, Christopher Klein, conseiller politique, Mission des Etats-Unis auprès de l’ONU, a récemment fait une déclaration lors d’un débat public sur la prévention des conflits.

Voici l’intégralité de sa déclaration transmise à notre Rédaction par l’Ambassade des USA à Conakry (Guinée) :

‘’Merci beaucoup, M. le président, d’avoir organisé cette importante discussion et merci, M. le secrétaire général et Mme le Haut-commissaire, de vos exposés perspicaces et instructifs. Et merci aussi, Mme le Haut-commissaire, de votre service à l’ONU et à la cause des droits de l’homme.

L’Organisation des Nations unies a été créé dans la foulée de deux guerres mondiales dévastatrices, dans l’intention d’épargner aux générations futures le fléau de tels conflits ; aujourd’hui, l’ONU, le Conseil de sécurité y compris, demeure le pivot du maintien de la paix et de la sécurité internationales. Et pourtant, nous avons sous les yeux un monde plongé dans les crises et les conflits.

De plus en plus souvent, les conflits complexes de notre époque font intervenir des acteurs non étatiques lourdement armés, dont certains sont imprégnés d’idéologies extrémistes. Ces acteurs poussent les affrontements par-delà les frontières, se livrent à la contrebande de biens illicites, sapent les gouvernements et déstabilisent des régions tout entières. Si la communauté internationale n’imaginait pas de tels conflits au moment de la fondation de l’ONU, le système de l’ONU s’est néanmoins doté d’outils de plus en plus agiles et adaptés pour réagir de façon précoce aux signes annonciateurs de conflit ou d’instabilité.

La session d’aujourd’hui nous offre une précieuse occasion de porter notre regard au-delà de la crise du jour et de réfléchir stratégiquement à la manière dont nous pouvons mieux mobiliser les outils de l’ONU, maintenant et à l’avenir, en vue de prévenir les conflits.

A cet égard, les États-Unis saluent les efforts déployés par le Département des Affaires politiques (DPA) en vue de surveiller et d’analyser les évolutions politiques à travers le monde et d’alerter le Conseil de sécurité ainsi que la communauté internationale lorsque des crises se préparent. L’année dernière, par exemple, le sous-secrétaire général, M. Oscar Fernandez-Taranco, a mis le Conseil en garde contre la montée des tensions dans les Maldives, en rapport avec un litige électoral, qui pourrait mener à des violences. Les appels à la retenue lancés par de hauts responsables de l’ONU, conjugués à la visite du
sous-secrétaire général aux Maldives la semaine précédant les élections, ont contribué au transfert pacifique du pouvoir. Dans cette veine, nous accueillons
avec satisfaction les efforts continus du DPA visant à approfondir leurs analyses, à agir en concertation avec d’autres bureaux de l’ONU et à prendre des mesures pour cerner les événements déclencheurs de violences.

De surcroît, le DPA a appliqué des réponses actives à des scénarios de conflit potentiel par le biais de ses missions politiques régionales. En Guinée, par exemple, l’ONU, avec la finesse diplomatique de Saïd Djinnit, le Représentant spécial du Secrétaire général pour l’Afrique de l’Ouest, a mené des efforts de médiation fructueux en prévision des élections législatives de 2013 après avoir décelé d’importants signes avant-coureurs d’un conflit potentiel.

De même, nous nous félicitons de l’équipe de médiateurs de réserve du DPA. La demande de tels experts augmente d’année en année depuis que cette équipe a été constituée. Les médiateurs jouent un rôle critique en Afrique dans le règlement pacifique des litiges dans la région des Grands Lacs, aussi bien qu’au Mali, où les médiateurs ont facilité le difficile processus de réconciliation entre Bamako et les groupes rebelles du nord.

Dans le même temps, des dizaines d’envoyés spéciaux de l’ONU, de missions politiques, de médiateurs et de bons offices du Secrétaire général s’appliquent sans relâche à rapprocher les points de vue politiques opposés. Toutes ces missions réussies ont un fil directeur commun : elles exigent un leadership sérieux et crédible, des mandats robustes, et une capacité de suivi et de déclaration des facteurs potentiels de conflit et de points chauds.

Nous avons maintenant besoin de meilleurs mécanismes pour reconnaître les premiers signes et apporter les outils de prévention adaptés à chaque étape d’un conflit de façon à s’attaquer aux causes profondes, de mettre fin à l’impunité et de sauver des vies.

A cet égard, la consolidation de la paix constitue un aspect essentiel. Dans chaque pays, la Commission de consolidation de la paix coordonne les efforts nationaux destinés à construire les institutions politiques, économiques, judiciaires et de la société civile. Au Burundi, le dialogue régulier de la présidence de Commission avec les dirigeants locaux a contribué à cerner les zones de tensions potentielles, telles les pratiques problématiques des dirigeants du pays, qui pourraient bien exacerber les frictions dans la société et entraîner des violences avant les élections.

Les gros titres cette année nous rappellent aussi que les violations graves des droits de l’homme, y compris la violence sexuelle, peuvent être la première indication qu’un conflit est imminent, aussi bien que la conséquence d’un conflit. Les récits horribles d’enlèvements, de détentions, de viols, de meurtres et d’autres actes de violence contre des femmes en Irak aux mains des militants de l’EIIL, et de Boko Haram au Nigeria, nous consternent et nous préoccupent vivement.

Soutenir le mandat du Représentant spécial du Secrétaire général chargé de la question des violences sexuelles commises en période de conflit, de même que les efforts du Haut-commissaire pour les droits de l’homme, est essentiel pour contrecarrer et prévenir de telles injustices.

Enfin, nous nous félicitons de la résolution du Conseil de sécurité aujourd’hui sur la prévention des conflits. Nous avons une responsabilité commune, celle de faire tout ce qui est en notre pouvoir pour rechercher des solutions durables aux différends et prévenir la violence et les effusions de sang. C’est précisément la raison pour laquelle ce Conseil a été créé.

Merci, M. le président’’.

Amba USA/AGP

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