Disons-le d’un trait. Cellou Dalein Diallo, Chef de file de l’opposition, a manqué, dans sa tournée aux Etats-Unis, une occasion en or de se taire. Mais comme à son habitude, il suffit de lui tendre un micro pour qu’il se laisse aller à des propos qui laissent à désirer s’il ne fait pas tout simplement douter de sa capacité à assumer ses responsabilités d’homme politique. Il nous en donnera une parfaite illustration dans sa lecture des évènements qui ponctuent la vie sociopolitique nationale. En ruant dans les brancards à tout propos, et en prenant un malin plaisir à ruser avec les principes comme s’il pouvait les manipuler à sa guise, il a saisi toutes les occasions qui s’offraient pour faire sa propre promotion au détriment de l’intérêt général et de la défense des principes élémentaires de la démocratie.
On a l’habitude de le dire, tout ce qui est excessif est insignifiant. A l’écouter accuser le parti au pouvoir d’être responsable de ce qu’il adviendra au pays en 2015 s’il n’est pas élu, on a comme l’impression que sans lui, aucun guinéen – même Sidya – ne devrait être président en République de Guinée. Et pourtant, avec la fièvre Ebola qui sévit en Guinée, personne n’a entendu notre illustre Chef de file de l’opposition si ce n’est pour tout au contraire se complaire dans des déclarations irresponsables et infantilistes qui laissent clairement percevoir que sa seule préoccupation est la conquête du pouvoir et rien d’autre. C’est à peine si on l’a entendu exprimer sa compassion envers les victimes d’Ebola, sa seule préoccupation ayant été d’accuser le gouvernement d’avoir dès le départ négligé la maladie, avec le secret espoir de capitaliser et endiguer la colère des populations vers une sorte de chienlit qui mettrait le pouvoir dans la rue. Ainsi, alors que les uns et les autres parlaient d’Ebola, de conditions de vie et de travail à améliorer, de recherche de vérité et de justice, lui n’avait à la bouche que « départ de Alpha Condé, CENI, Waymark, 2015», etc. Des propos dont l’anachronisme aurait donné des occasions de rire encore de lui si le contexte n’était pas aussi douloureux et dramatique pour de nombreux citoyens victimes de l’intolérance et de la bêtise d’autres citoyens. Tout naturellement la mayonnaise n’a pas pris et l’homme s’est retrouvé à hurler comme un loup solitaire qui n’a eu que l’écho pour lui répondre. En effet, sa cellule de communication qui s’inscrit dans la droite ligne de sa philosophie a tenté vainement de jouer les intermédiaires sans plus de succès. Même au niveau de la société civile, il a fait chou blanc.
On a tout l’air que l’homme travaille à se faire peur et finira par parvenir à ses fins s’il n’y prend garde ; auquel cas il ne devra s’en prendre qu’à sa propre personne.
Aux Etats-Unis, il s’est réjouit des différentes manifestations dans la capitale guinéenne pour des problèmes d’eau d’électricité et de salubrité.
Certes, la crise sociale dans un pays est souvent à l’avantage de l’opposition. Mais, c’est aussi une réalité que nul n’est à l’abri lorsque la quiétude sociale est menacée. C’est dire qu’il faut éviter de se délecter systématiquement de toute situation de crise d’autant qu’elle peut dégénérer en des conséquences néfastes qui n’épargnent personne qu’on soit pour ou contre le régime. Mais enfin ! Nous vivons dans une société où les situations dramatiques constituent des fonds de commerce pour certains.
Que la Guinée brûle ! Du moins c’est ce que Dalein voudrait, heureux qu’il est de pouvoir jouer un rôle, fût-il funeste, dans le devenir de ce pays qui se refuse ostensiblement à lui.
Mais fort heureusement, on est loin et même très loin de cette perspective. Autant une hirondelle ne fait pas le printemps, autant quelques pneus brûlés à Bambéto et Coza ne peuvent enfanter une révolution. Une tempête dans un verre d’eau ? Certainement non car, derrière tout ce qui se passe, se joue comme une répétition générale de ce qu’on nous proposera désormais dans le débat sociopolitique, surtout qu’il semble que ce soit la mode et que personne n’y a rien à redire, l’essentiel étant de venir à bout de l’ordre établi. On peut difficilement expliquer autrement l’acharnement de Dalein à trouver des justificatifs aux actes de vandalisme perpétrés contre les paisibles populations et les usagers de la route Bambéto-Coza.
Que serait la démocratie sans le respect des principes sur lesquels elle repose ? C’est même une question de salubrité publique.
Halimatou Sow