Suite à une révélation faite par un journal sénégalais en l’occurrence, Le Quotidien, faisant état d’un présumé transport frauduleux de fonds d’un montant de 8000 000 dollars américains, l’équivalent de 4000 000 000 de FCFA, le gouverneur de la Banque centrale de la République de Guinée et son cabinet ont pour éclairer la lanterne de l’opinion publique, animé le lundi 25 août 2014 une conférence de presse à laquelle, l’Assemblée Nationale a été représentée par le Directeur de la communication.
Dans son exposé liminaire, cherchant ainsi à démontrer le caractère non frauduleux de cette opération, le gouverneur de la Banque centrale a indiqué : « Ces opérations sont licites et la loi sur le statut de la Banque centrale nous confère ce pouvoir. Ce sont des opérations courantes que toutes les banques centrales effectuent. Ce fonds dont il s’agit, n’était même pas 8000 000 de dollars tel que révélé par ce quotidien sénégalais, mais plutôt 20 000 000 $ ».
Il est nécessaire de préciser à l’attention du public qu’il s’agit des billets de banque en monnaies étrangères que les banques de la place et les opérateurs économiques déposent à la Banque centrale qui est seule habilité par la loi sur les opérations en monnaies étrangères à les exporter.
Mais pourquoi la Banque centrale est obligée de les exporter ? Parce que ces billets en devises ne peuvent pas être utilisés dans le pays pour les transactions qui ne peuvent être faites que dans la monnaie du pays.
Et voilà comment tout cela se passe :
1- Toutes les banques et les opérateurs détenteurs des billets de banque en devises sont donc tenus de les déposer à la Banque centrale ;
2- A son tour, la Banque centrale les transporte dans le pays où ils ont été émis pour les reverser à son compte auprès de sa banque qui est son correspondant.
3- Après, elle ordonne à cette banque de virer à son compte, la part qui revient à chaque banque ou à chaque opérateur économique, à la banque indiquée par les intéressés ;
4- Et si une partie de ces billets appartiennent à la Banque centrale pour le compte de l’Etat, elle pourra s’en servir pour honorer les échéances de la dette publique.
Evoquant la destination dudit fonds qui appartiendrait au Chef de l’Etat guinéen selon le même journal, le gouverneur de la Banque centrale fait remarquer : « ce fonds est destiné à notre correspondant qui est City Bank à New York aux Etats unis d’Amérique. C’est là, dans nos comptes ouverts dans les livres de ce correspondant historique (City Bank) également que sont domiciliées toutes nos réserves en devise en faveur de nos clients et même les revenus miniers versés par les sociétés minières à l’Etat guinéens y sont logés. Il faut ajouter aussi que le paiement même de la dette extérieure de la Guinée avec ses créanciers s’effectue là ».
Une précision importante de l’orateur : « En plus, même les 700 millions de dollars que le gouvernement a obtenus de Rio Tinto y sont domiciliés ».
Le conférencier a précisé aussi que la société de transport de fonds qui est MSS est spécialisée dans de telles opérations et a même déjà transporté prêt d’un milliards de dollars dans ces derniers temps. Le vœu de la Banque centrale était d’ailleurs qu’elle transporte en même temps, un montant de 58 000 000 de dollars disponibles à ce jour dans les caveaux de ladite banque.
En ce qui concerne la thèse selon laquelle, de telles opérations doivent se faire par l’écriture bancaire et non le transport de cash, le gouverneur a affirmé : « je défie qui conque de prouver ce type d’opération en est autrement ailleurs. Auparavant, c’étaient des lots de 10 000 000 que cette société transportait. Mais avec la situation d’Ebola, certaines compagnies aériennes dont Emirates ont suspendu leurs escales à Conakry. C’est qui a amené MSSS à affréter un petit avion et certainement, vu le coût de fret dans une telle situation, notre client a estimé qu’au lieu de transporter un lot de 10 000 000, autant en transporter 20 000 000. Et je précise que ces opérations ont été attestées par le directeur chargé des opérations de la BCRG ».
En réponse à une question relative à une hypothèse de blanchiment de capitaux, il a dit que son institution a mis en place un dispositif anti blanchiment. A la question de savoir pourquoi ce fonds n’est pas domicilié à BNP Paribas qui était aussi un correspondant de la Banque centrale de Guinée, il a notifié que suite à un problème que cette institution bancaire a eu avec les autorités américaines, celle-ci a écrit à la Guinée, lui suggérant de fermer son compte dans ses livres pour un an.
Dans ses conclusions, le conférencier a relevé que les deux ministres guinéen et sénégalais des Affaires étrangères ont tous les deux regretté cet incident qui n’aurait pas dû être. Il a martelé que les opérations d’écriture de banque pour des transactions financières ne peuvent être possibles que lorsque la liquidité est disponible auprès des correspondants. Il persiste et signe qu’il n’ y a pas d’autres manières de traiter les billets de banque en devises détenues par la banque centrale dans un pays, que le transport physique de ces fonds.
A noter enfin que ce quotidien sénégalais a écrit dans sa parution de ce lundi 19 août 2014, que s’il écrit que le fonds appartenait au Chef de l’Etat, que c’est parce que c’est lui le chef moral de la Guinée.
A signaler que ces différents propos du gouverneur de la Banque centrale ont été confirmés par le vice président de l’association des professionnels de banques et assurance qui était présent à cette conférence de presse.
Aux dernières nouvelles, ledit journal a publié le droit de réponse de la société MSS démentant ces allégations mensongères.
Directeur de la Communication de l’Assemblée Nationale
Abdel Ben Condé