Ce qui est clair depuis la sortie des législatives dernières, c’est que la Guinée est encore entrée en campagne. La trêve que l’on avait cru voir n’était qu’une impression très vite dissipée. La réalité est bien là ; le pays est encore plus divisé que jamais. Les deux camps se regardent en chiens de faïence et ne se font aucun cadeau. Du côté de l’opposition notamment, la crispation est de mise. Ne reconnaissant que du bout des lèvres les résultats qui leur ont pourtant donné une forte capacité de nuisance doublée d’une force de proposition à l’assemblée nationale avec plus du tiers des députés, l’opposition guinéenne a aussitôt embrayé sur son habituelle stratégie de blocage tous azimuts. C’est de bonne guerre, dira-t-on. Mais les Guinéens ne sont-ils pas lassés de ces guerres de tranchées qui n’en finissent pas. Avec la nouvelle assemblée, ils s’attendaient à ce que leurs élus se mettent aussitôt au travail pour relever les nombreux défis qui se présentent au pays. Mais nos politiciens d’opérette que sont les opposants se sont dit que le peuple de Guinée peut encore attendre et que rien ne compte plus que leur propre accession au pouvoir. Voila la seule chose qui les préoccupe. Et dans cette logique, voilà que des stratégies se mettent en place pour empêcher de gouverner en rond, comme dirait l’autre.
Maintenant que les présidentielles se rapprochent, la frénésie s’est emparée des opposants qui multiplient les bourdes et autres dérapages. Dalein avec son « Chicagogate » rassure ses militants que quand la « guerre » éclatera, la Basse Guinée sera de leur côté contre le RPG-AEC et pourquoi pas la Haute Guinée ? (incroyable !!!). De l’autre côté, Sydia Touré se démène comme un beau diable pour accréditer la thèse de son invincibilité lors des prochaines présidentielles. Conforté en cela par les résultats des législatives dernières qui l’ont vu gagner à Conakry devant le RPG-AEC dans 3 communes sur 5. Aussi sollicite-t-il la candidature unique de l’opposition pour battre Alpha Condé en 2015. Son calcul se base toujours sur les réalités de 2010 selon lesquelles il était le candidat le plus « transversal », qui pouvait battre quiconque en cas de second tour… Malheureusement pour lui, il ne figurera pas au second tour ; d’où toute sa haine et son refus de reconnaître les résultats du premier tour. L’homme qui sait que cette prochaine élection est sa dernière chance de se voir président de la République remue ciel et terre pour la candidature unique de l’opposition, oubliant que les réalités aujourd’hui sur le terrain militent plus en faveur de son « ami » (ennemi ou concurrent, c’est selon) Dalein qui passe pour être sans conteste le numéro 1 de l’opposition guinéenne. Les derniers résultats des législatives en font foi. Les résultats du premier tourde la présidentielle de 2010 également.
Comment Sydia Touré compte-t-il s’y prendre pour que Cellou Dalein Diallo lui cède la place de candidat unique de l’opposition ? Sa stratégie pour cela a commencé à se mettre en place avec la création de comités de soutien militant dans ce sens. Ainsi, ses lobbyistes passent sur tous les medias guinéens pour vanter ses atouts. Entre autres, il serait le meilleur PM que la Guinée n’ait jamais eu, ce qui prouve sa compétence (paraît-il administrateur général des banques primaires en Côte d’Ivoire !), il est arrivé lors de la présidentielle passée 1er en Basse Guinée, 2ème en Moyenne Guinée et Haute Guinée, 1er en Guinée Forestière. Cela ferait donc de lui le meilleur candidat pour battre Alpha Condé en 2015, selon ceux-ci. Mais il sait que la tâche est ardue, car comment Cellou qui craint déjà que ses militants le lynchent en cas de défaite (selon ses propres dires) peut-il être amené à céder la place à Sydia Touré ?
En plus, il paraît très prétentieux de la part de Sydia et de ses militants d’affirmer avoir perdu 60% de leur électorat en s’alliant au second tour avec Cellou Dalein Diallo. Ou alors, ils doivent reconnaitre que le choix d’aller contre Alpha Condé n’est pas le bon et que les Guinéens ne sont pas d’accord sur ce choix.
En attendant, du côté de l’UFDG, la question de la candidature unique semble ne pas être parmi les préoccupations de l’heure et tout est mis en œuvre pour renouveler lors du prochain congrès la confiance du parti envers Cellou Dalein Diallo comme président et comme candidat à la présidentielle. Que Sydia suive ou non, là est une autre question pour l’UFDG.
Bily Camara