Parallèlement à la riposte contre l’épidémie de fièvre Ebola qui sévit en Guinée depuis le mois de mars dernier, le pouvoir et l’opposition ont commencé à battre le rappel de leurs troupes, dans la perspective de la présidentielle de 2015. Une campagne avant la lettre qui se joue au-delà même des frontières guinéennes, preuve que ce scrutin s’annonce serrée.
La crise sanitaire relative à la propagation du virus Ebola dans certaines localités du pays n’a pas l’air d’avoir totalement mis un terme aux activités politiques sur le terrain. Certaines formations politiques dont l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG), le principal parti d’opposition du pays ont suspendu leurs meetings hebdomadaires pour cause d’Ebola. Le parti de Cellou Dalein Diallo a, en effet préféré en lieu et place de ces meetings hebdomadaires, que son leader fasse des tournées à l’extérieur, notamment en Amérique du nord et en Europe, où celui-ci a appelé récemment ses militants à se mobiliser et à resserrer les rangs, dans la perspective du vote de 2015. Le président de l’UFDG avait d’ailleurs lors de son passage à Paris, la semaine dernière dit craindre que ‘’la crise d’Ebola ne serve d’alibi au pouvoir pour retarder l’organisation des futures élections’’. Le chef de file de l’opposition qui s’exprimait ainsi devant la presse, n’a pas manqué d’attirer l’attention de l’opinion sur ‘’des risques de troubles et d’instabilité qui pourraient affecter son pays, au cas où les autorités s’entêtaient à vouloir organiser une mascarade électorale.’’
Auparavant, Cellou Dalein Diallo avait sillonné les Etats-Unis et le Canada. Un périple qui avait donné lieu à une polémique, lorsque des propos ‘’bellicistes et régionalistes’’ ont été prêtés à l’opposant par la mouvance présidentielle. Tout est parti d’une vidéo retraçant le meeting tenu par le président de l’UFDG à Chicago. Dans la traduction faite de ce meeting qu’il a animé en langue pular, on y lit que Cellou Dalein Diallo aurait appelé ‘’la basse guinée à rejoindre les rangs de son parti pour arracher la victoire lors de la présidentielle de 2015. Et qu’au cas où la situation dégénérait aussi, les ressortissants de cette région, pourraient également apporter leur soutien aux militants de son parti.’’
Face au tollé suscité par cette sortie qualifiée de ‘’maladroite’’ par certains observateurs, Dalein a répliqué en affirmant qu’il ‘’y a eu une interprétation malhonnête de ses propos. J’ai parlé de combat en pular pour parler de la lutte contre la fraude en vue des prochaines élections. Pas de guerre’’, a-t-il indiqué dans un entretien accordé à la VOA.
Il a saisi cette occasion pour insister sur la nécessité de la tenue des élections communales avant la fin de 2014. Pour ne pas que cela empiète sur la bonne organisation de la présidentielle en 2015. Contrairement à l’opposition, le RPG-arc-en-ciel, parti au pouvoir, n’a lui pas renoncé à la tenue de ses assemblées générales hebdomadaires tous les samedis à son siège, situé dans la banlieue de Conakry. Des occasions pour les ministres de la République, de réitérer leur attachement au programme du président Condé. Comme le ministre d’Etat des Travaux publics et des transports, Mohamed Traoré, qui a annoncé ce week-end à la tribune du parti au pouvoir, que la mouvance présidentielle doit mettre les bouchées doubles pour faire réélire le président Alpha Condé dès le premier tour de l’élection présidentielle de 2015.
Il a rassuré les participants à ce meeting hebdomadaire du parti au pouvoir que ‘’cette victoire est déjà acquise, cela dès le premier tour’’. Même si le ministre des Travaux publics a lancé un appel aux citoyens, les invitant à rejoindre les rangs du RPG-arc-en-ciel, pour atteindre cet objectif que s’est fixé la mouvance.
Tout comme les ministres de son gouvernement, Alpha Condé en personne est fréquent ces derniers temps au siège de son parti. Il ya une dizaine de jours, il annonçait ainsi la restructuration du RPG-arc-en-ciel, en prélude à la prochaine présidentielle. Dans la même dynamique, des mouvements de soutien aux actions du président naissent au fil des jours. Tous se fixent le même but : celui de contribuer à la réélection d’Alpha Condé en 2015. Les observateurs avertis pensent que tous ces mouvements qui essaiment au sein de la mouvance présidentielle, viennent juste pour s’abreuver à la mangeoire. Le pouvoir ayant la réputation ‘’sulfureuse’’ de faire dans l’achat des consciences, pour engranger des voix.
Dans cette ambiance de campagne électorale avant la lettre, la mouvance semble avoir une longueur d’avance sur l’opposition. Celle-ci a l’air d’être plus préoccupée par la gestion du processus électoral par la CENI. Une institution qui à ses yeux manquerait de crédibilité, pour organiser des élections justes et équitables.
In Le Démocrate