J’ai maintes fois entendu parler, depuis deux ou trois ans, des réunions que tiennent à Conakry et à l’intérieur du pays les ressortissants de la Basse Côte. J’ai fini par décider de voir de près les choses, le 7 septembre dernier j’ai participé à la réunion du bureau exécutif qui se tient tous les dimanches au domicile de son Coordinateur national, Monsieur Cheick Amadou Camara, ministre de l’économie et des finances sous le régime du feu général Lansana Conté.
Qui rencontre-t-on dans cette réunion ? D’abord les autochtones de la Basse Côte, à savoir Soussous, Bagas, Nalous, Mikiforès, Djakankés, etc. Il faut ajouter aussi des éléments de toutes les autres ethnies du pays venus s’installer et vivre et Basse Côte. On y voit donc des Malinkés, des Peuls et des Forestiers. Le territoire couvert englobe essentiellement les ragions administratives de Conakry, Kindia et une partie de Boké.
De quoi l’on parle dans cette réunion ? Des problèmes sociaux comme les mariages, les baptêmes, les maladies, les décès. Mais on y parle surtout des problèmes économiques et sociaux dont souffrent les Guinéens. Comment la Guinée, au potentiel économique si riche, peut-elle être réduite à une vie de misère et de paria depuis l’indépendance ? Les dérives du pouvoir actuel sont alors passées au peigne fin et vigoureusement dénoncées; toutes les machinations machiavéliques pour diviser et opposer les fils et filles de la Guinée sont décriées.
Des orateurs aussi éloquents les uns que les autres se succèdent à la tribune pour fustiger l’incurie du gouvernement face aux épineux problèmes qui agitent le pays. Ils appellent à l’union, à la cohésion, à la solidarité de tous les Guinéens notamment les ressortissants de la Basse Côte.
Parmi les orateurs du jour un grand ban est réservé à El Hadj Sékouna Soumah le doyen des sages de la Basse Côte qui, de passage à Conakry, a cru bon de venir « dire bonjour à ses enfants » ; son allocution d’un quart d’heure est vivement saluée. Le maître de cérémonie et Coordinateur, Monsieur Cheick Amadou Camara, martèle entre autres messages : « J’invite tout le monde à laisser son manteau politique à l’entrée de la cour, ici on ne parle pas politique, on ne fait pas de politique, on parle strictement des problèmes qui retardent le développement de la Basse Côte et de la Guinée. »
Comme on peut le constater, il n’y pas meilleure manière de faire de la politique que de la nier. Pour tous les observateurs avertis la Basse Côte est en train de remobiliser ses troupes, de fortifier son poids électoral en vue de parler d’une seule voix lors des prochaines joutes électorales en l’occurrence la présidentielle de 2015. L’on se souvient que cette région du pays a été le principal soutien des deux premiers régimes que la Guinée ait connus, la révolution socialiste de Sékou Touré et le libéralisme économique de Lansana Conté. Je ne raterai plus ce rendez-vous stimulant de la Basse Côte les dimanches.
In Le Démocrate, partenaire de guinee7.com