Qui aurait cru que les militants de l’UFDG pouvaient être disciplinés et respecter un mot d’ordre de marche pacifique ?
En tout cas pas les milliers de guinéens qui ont abordé ce vendredi 26 septembre la peur au ventre. Au point, pour beaucoup d’entre eux de ne pas aller au travail.
Il est vrai que tout était réunit pour faire de cet enterrement une journée au moins aussi violente que celles au cours desquelles d’autres enterrements s’étaient déroulés.
Les mêmes ingrédients étaient réunis. Une victime de l’UFGD, le gouvernement accusé du meurtre, deux responsables du RPG nommément désignés par la prote parole de l’opposition et un député de l’UFDG, des discours victimisants répétés à l’envie, des appels à la justice privée, etc….Le cocktail explosif n’attendait que l’étincelle pour la déflagration. Et pourtant…
Pour l’enterrement de Amadou Oury Diallo, l’UFDG a fait les choses dans les règles. Le comité d’organisation a scrupuleusement respecté les dispositions du Code pénal et ses militants ont fait preuve d’une discipline impressionnante. Pas un seul cailloux jeté en route. Même pas sur le QG ou le siège du RPG.
La manifestation a commencé dans le calme et s’est dispersée dans le calme parce que, pour une fois, l’appel au calme de Cellou Dalein a été sans équivoque et les mesures appropriées d’encadrement de la marche ont été prises.
Il suffit pour s’en convaincre de suivre Souleymane Thianguel de l’UFDG qui, le matin de la marche, détaillait les mesures de sécurité adoptées par les organisateurs. A la question des journalistes sur les modalités d’organisation de la marche, voici ce qu’il a répondu:
« ….. hier déjà, le Président (Cellou) avait donné le ton…. En expliquant qu’il s’agissait d’un moment de recueillement. Et pour le respect que l’on doit avoir pour celui qui est enterré cet enterrement doit se faire dans le recueillement, dans la dignité, dans le calme et dans la sérénité. Il a demandé, et c’est le message de l’ensemble des responsables du parti, que tous ceux qui viennent, pour le respect qu’ils peuvent avoir du décédé…. Donc ce que nous, nous disons à nos militants, à nos sympathisants et à toutes les personnes qui vont se déplacer, il ne s’agit pas d’une manifestation publique, il ne s’agit pas d’en découdre avec qui que ce soit, il s’agit d’un moment de recueillement.
Ce message là, non seulement il est porté mais, au delà de ce message là, il y a aussi un dispositif qui est mis en place, à la fois au niveau du Parti mais aussi au niveau de la section motards qui est suffisamment bien structurée, qui a son service de maintien d’ordre. C’est à dire que nous avons décidé que, sur l’ensemble du parcours où nous pensons qu’il y a des zones sensibles qui pourraient éventuellement avoir des frictions, il faut mettre dans ces endroits là des cordons de sécurité et des ceintures de sécurité pour que les gens qui peuvent être amené à créer des troubles au sein de la procession soient extirpés le plus rapidement possible pour qu’il n’y ait pas la pagaille. » (fin de citation)
Avant tout, rappelons les dispositions du Code pénal guinéen :
« Article 119 : – Tout défilé, tout cortège, toute manifestation publique doit avoir un comité d’organisation composé de cinq personnes. Ce comité est chargé de maintenir l’ordre et d’empêcher toute infraction aux lois et règlements en vigueur.
Les membres du comité d’organisation sont responsables des infractions aux dispositions du présent article et à celles de l’article 118 ci-dessus.
Article 120 : – Il est interdit à toute personne portant une arme apparente ou cachée ou un engin dangereux pour la sécurité publique de prendre part à un défilé, à un cortège ou à une manifestation publique.
Toutes les mesures prises par l’UFDG pour cet enterrement ne sont rien d’autre que ce que la Loi commande et qui, jusqu’à ce 26 septembre 2014, n’a jamais été respecté par l’UFDG et ses alliés.
Combien de marches, combien d’enterrements, combien de « villes mortes » dégénérant en violences meurtrières se sont déroulées avant que l’UFDG ne consente enfin à adopter une attitude responsable et véritablement pacifique ?
Pourtant, tout le monde conserve le souvenir de leaders politiques marchant aux côtés de gamins armés de gourdins, de barres de fers, de machettes et de haches sans entreprendre la moindre action pour les « extirper » de leurs rangs.
Ce que l’UFDG vient de réussir ce vendredi 26 septembre démontre tout simplement que ce parti et ses partis satellites sont entièrement responsables des violences qui ont émaillé toutes leurs autres manifestations pour avoir refusé d’appliquer les consignes d’encadrement prévues par la réglementation. La démarche pédagogique et responsable qu’ils ont utilisée cette fois (pour quels motifs ?) aurait pu et aurait dû être utilisée de la même manière les marches précédentes. La Guinée aurait fait l’économie de plusieurs morts, de dégâts matériels et de ressentiments communautaires.
Les articles 118, 121 et 122 sanctionnent les manquements aux obligations d’encadrement des manifestations. Tôt au tard le gouvernement guinéen devra se décider à mettre les organisateurs de marches violentes face à leur responsabilité pénale.
Balakhissa Samoura