Censure

De la nécessité pour le gouvernement de donner ‘‘aux citoyens guinéens le sentiment que l’Etat est bien existant’’ (déclaration du bureau de l’Assemblée nationale)

‘‘Chers compatriotes, L’Assemblée Nationale de la République de Guinée a appris avec consternation l’odieux meurtre commis le mardi 16 septembre 2014 sur les membres d’une délégation des autorités administratives de N’Zérékoré et de la sous-préfecture de Womey par des individus guidés par des sentiments de passion voire de haine qu’on ne peut pas comprendre.

Malgré les bonnes intentions de la délégation venue à Womey pour sensibiliser la population locale contre l’épidémie de la fièvre hémorragique à virus Ebola, on a assisté à une réaction hostile de certains habitants de la localité. Celle-ci a eu pour conséquence immédiate le meurtre de huit (8) de nos concitoyens non armés d’armes de guerre, mais armés d’amour et de compassion pour la population de Guinée, meurtrie comme celle de Sierra Léone et du Libéria par la mort à grande échelle causée par cette fièvre virale dans la sous-région ouest africaine.

Ce drame touche les guinéens de tous bords puisque les fils de chacune des quatre (4) régions naturelles de notre très chère Nation figurent parmi les victimes. A part le Sous-préfet Moriba Touré : l’autorité administrative de la localité et le Pasteur Moïse Mamy, Pasteur évangéliste de N’Zao, les victimes appartiennent à deux (2) principales corporations : médecin et journaliste :

ü Dr Ibrahima Fernandez, Directeur Préfectoral de la Santé de N’Zérékoré ;

ü Dr Ibrahima Saliou Barry, Directeur Général Adjoint de l’hôpital régional de N’Zérékoré ;

ü Pépé Kpogohomou, Chef du Centre de Santé de Womey;

ü Molou Chérif, Technicien à la radio rurale de N’Zérékoré ;

ü Sidiki Sidibé, Technicien stagiaire à la radio rurale de N’Zérékoré et

ü Facély Camara, journaliste de la radio privée Zali FM.

La recrudescence de la violence dans cette région de la Guinée, frontalière des trois pays voisins du sud ayant connu la guerre au cours de la dernière décennie, interpelle tous les leaders d’opinion et autorités à quelque niveau que ce soit. Nous avons encore nos cœurs meurtris par :

– le conflit politique meurtrier de 1991 dans la ville de N’zérékoré ;

– les meurtres de Galakpaye, Saoro et Zogota ;

– le conflit ethnique de koulé et N’zérékoré en 2013 et maintenant

– l’assassinat de ces huit (8) concitoyens qui ne demandaient qu’à continuer à vivre pour participer à la lutte contre cette épidémie par la sensibilisation des guinéens partout où le besoin se fait sentir.

C’est pourquoi l’Assemblée Nationale condamne avec la dernière énergie ce crime crapuleux et appelle le Gouvernement à prendre les dispositions immédiates pour que toutes les personnes impliquées dans ces assassinats soient arrêtées où qu’elles se trouvent et soient traduites devant les juridictions nationales pour être punies à la hauteur de leur forfaiture. C’est alors et alors seulement qu’il donnera aux citoyens guinéens le sentiment que l’Etat est bien existant.

Le Bureau de l’Assemblée Nationale saisit cette occasion pour présenter ses sincères condoléances aux familles de toutes les victimes et également à l’ordre des médecins et à la corporation des journalistes. Il exhorte le peuple de Guinée à unir ses forces pour bouter hors de notre pays toutes attitudes susceptibles de remettre en cause les bases de notre Nation à travers notre devise dont le tryptique : ‘’travail, justice, solidarité’’ nous interpelle tous et nous oblige à privilégier l’intérêt supérieur de la Nation par rapport au sentiment d’égo surdimensionné et de repli identitaire qui, hélas, habite beaucoup d’entre nous.

Nos pensées vont aussi à tous nos partenaires technique et financier pour leur concours dans la lutte contre cette épidémie.

Que Dieu ait les âmes de nos compatriotes tombés sur le champ de bataille contre EBOLA. Amen !’’

Je vous remercie.​

Le Bureau

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