Quand j’écoute et suis le Général Sékouba Konaté, je me dis que la Guinée a bien de chances de s’être débarrassée de ce militaire. Inculte sur tous les plans, il est l’un des responsables de la situation financière catastrophique de ce pays. Ce Général, qu’il faudrait poursuivre pour crime économique, lors de son magistère entre 2009 et 2010, a porté l’endettement du Trésor auprès du système bancaire à 6.433 milliards de francs guinéens. Cet endettement à la mort de Lansana Conté dépassait un peu plus de 2000 milliards. Plus simplement et pour une meilleure compréhension, il faut savoir que de 45 milliards de francs guinéens à la prise du pouvoir par l’armée en 1984, l’endettement du Trésor auprès de la Banque centrale est monté à 137 milliards à fin décembre 1999, à 274 milliards en 2001, pour culminer à plus de 2 000 milliards en 2006. Le régime de transition a porté ce montant à 3 449 milliards de francs guinéens en 2009 – sous le Capitane Moussa Dadis Camara – et 6 433 milliards à fin décembre 2010 – sous le Général Sékouba Konaté. En un an d’exercice le fameux Général a ponctionné l’Etat guinéen de près de 3 000 milliards soit exactement 2 984 milliards de francs guinéens. Espérons seulement que les auditeurs sont sur la question et lui feront rendre gorge. Sans oublier les marchés et constructions fictifs, le détournement des véhicules du parc automobile de l’Etat pour des petites filles dans les quartiers, j’en passe et des meilleurs. Oui, le prix de la démocrate a été trop lourd pour le peuple guinéen.
Et aujourd’hui, c’est le même Général qui se rend à la CPI pour dit-il donner son témoignage sur les événements du 28 septembre. Que d’empressement ! Ne te presse pas Paruski, ton tour vendra. Et tu expliqueras où tu étais ou pourquoi tu n’étais pas là lors de ces événements. Surtout pourquoi tu as toujours été absent lors des événements qui ont marqué le CNDD. Dans tous les cas, le ministre de la Défense que tu étais n’avait pas besoin d’être à Conakry pour gérer les troupes. Il peut le faire en tout lieu du territoire national. Que crains-tu El Tigre ? Tu dis que tu n’as pas confiance en la justice de ton pays et conséquemment tu ne viendras pas témoigner en Guinée ! Reviens Sékouba car cette justice fait des progrès énormes.
Naturellement l’imaginaire populaire a vite fait d’en faire des dossiers qui concernent les « gourous du 28 septembre» qui sont ainsi « protégés » envers et contre tout, parce que la procédure traine. Du coup, certains n’hésitent pas à parler « d’inféodation » du pouvoir judiciaire à l’exécutif, alimentant le vieux débat sur l’indépendance de la justice alors que les premiers responsables du pays n’ont de cesse d’exhorter les magistrats à prendre leurs responsabilités et toutes leurs responsabilités dans le traitement des dossiers quels qu’ils soient. «Une justice indépendante et crédible, à même de garantir pour tous l’égalité de traitement devant la loi, crédibilise davantage l’Etat de droit et la démocratie» avait souhaité le Président Alpha Condé. Aussi promet-il de «veiller au renforcement du pouvoir judiciaire… en faisant de la justice le véritable gardien des libertés individuelles et collectives.» Il ne faut pas voir au travers, ces propos une simple profession de foi, car, même dans des affaires délicates comme celles l’attaque du domicile privé du Président, force était revenu en dernier ressort à la loi.
Toujours dans le cadre de l’administration de la justice, le chef de l’Etat a déclaré que même des personnes du premier cercle présidentiel répondront devant les institutions judiciaires si des faits leur sont reprochés. C’est dire qu’il n’y a pas « d’intouchables », en tout cas pas dans les cercles du pouvoir. A contrario, on a vu la justice maintes fois chahutée par divers acteurs, organisés ou non, aux motifs de verdicts « non conformes » ou avec l’objectif de l’obliger à agir dans un sens ou dans un autre. Cette pratique pour le moins détestable, qui a pris de l’ampleur ces dernières années a mis à rude épreuve l’institution judiciaire qui ne savait plus à quel saint se vouer comme prise entre le marteau et l’enclume alors qu’elle devrait bénéficier de la bienveillance et de la sérénité de tous pour pouvoir agir en toute équité. Le ministre de la Justice ne dit pas autre chose lorsqu’il affirme que « Il serait hypothétique de penser qu’il soit possible de construire une justice forte et crédible avec des suspicions à tout bout de champ, avec des pressions sous quelques formes qu’elles soient, sans volonté citoyenne de respecter le caractère sacré des décisions de justice,…, en un mot sans confiance en l’institution judiciaire ».
C’est dire que tout est mis en œuvre au niveau de l’exécutif pour que nul magistrat n’ait à avoir peur d’exercer ses prérogatives et à agir selon la loi et les règlements à l’abri de toute pression. Alors, Général, reviens à maison confiant et dit au peuple de Guinée quel a été ton rôle lors des événements du 28 septembre. Au passage profite régler ‘’tes découverts’’ à la BCRG. Sacré Général qui attend dans une force toujours en attente.
MOMO JO