Le ministre des droits de l’homme et des libertés publiques a entrepris une tournée de visites de courtoisie dans les coordinations régionales à Conakry. La première escale qu’il a choisie l’a amené à la coordination de la Basse Guinée qui l’a reçu à sa dernière assemblée générale du 28 septembre 2014 au domicile du président de la coordination monsieur Cheick Ahmadou Camara.
Monsieur Kalifa Gassama Diaby a débuté son discours par s’excuser qu’on lui permette de s’exprimer en français pendant que l’assistance réclamait qu’il le fasse en soussou. Il a enchaîné par ces mots qui ont frappé l’attention de tous : « Je suis inquiet. Je suis inquiet du climat social désastreux qui règne dans mon pays. Les Guinéens n’ont plus confiance les uns dans les autres, chacun se réfugie derrière son ethnie ou sa région…»
Le ministre développera près d’un quart d’heure dans une allocution vivement ovationnée le mal de la déchirure sociale qui est devenu un véritable handicap à l’unité nationale et au développement. « Une Guinée soussou ou peul ou malinké ou Forestière n’a pas de sens, il n’y a qu’une Guinée qui doit rester forte de la cohésion de toutes ses ethnies comme en 1958 quand nos pères avaient décidé d’aller à l’indépendance », martèle-t-il. Pour déplorer à quel point les Guinéens sont aujourd’hui divisés, Monsieur Diaby raconte qu’il a effectué récemment une mission à l’extérieur où il a constaté avec amertume que des Guinéens priaient dans des mosquées par ethnie autrement-dit Soussous, Peuls et Malinkés évitaient de se rencontrer dans un même lieu de prière. C’est dire que la triste réalité du pays déteint sur sa diaspora. Alors Monsieur Diaby s’élance dans un appel vibrant à la réconciliation. Il terminera en promettant de continuer sa tournée dans les autres coordinations où il tiendra le même discours.
« Que dois-je retenir de ce beau discours », me suis-je demandé ? Il me permet avant tout de toucher du doigt la nature triviale du régime en place. C’est vrai que dans un pays de misère, comme le nôtre depuis l’indépendance, le tissu social reste toujours fragile, mais notre tissu social n’a jamais été aussi laminé qu’à l’avènement du président Alpha Condé. Le département des droits de l’homme et des libertés publiques n’est qu’un département de façade, sans budget de fonctionnement donc sans moyens. C’est le ministre lui-même qui a dit sur certains médias que son département reste devoir de plusieurs mois d’arriérés de salaires à son personnel, pendant ce temps la présidence
jouit d’un budget mirifique. Qu’est-ce que ce ministre peut faire si ce n’est de prononcer des discours, de beaux discours sans lendemain.
J’estime personnellement que travailler dans un tel contexte n’en vaut pas la peine, ça revient strictement à être réduit à jouer une comédie futile, démissionner serait plus utile. Mais n’allez pas demander cela à un pauvre monsieur qui a besoin d’émoluments ministériels pour survivre.
In Le Démocrate, partenaire guinee7.com