L’agriculture familiale: nourrir le monde, préserver la planète. La lutte contre la faim progresse dans le monde entier cependant, beaucoup reste encore à faire dans ce domaine au vu de quelques 805 millions de personnes qui n’ont toujours pas suffisamment à manger.
Soixante-trois pays en développement ont déjà atteint l’Objectif du Millénaire pour le développement : réduire de moitié, d’ici à 2015, la proportion de personnes souffrant de sous-alimentation chronique. Le parcours de ces pays nous enseigne que, si l’on veut gagner la guerre contre la faim, un engagement politique, une approche globale et une participation de l’ensemble de la société sont des éléments indispensables.
Partout dans le monde, les exploitations familiales jouent un rôle essentiel sur les plans socioéconomique, environnemental et culturel. Malgré les graves problèmes rencontrés, ce rôle doit être valorisé et renforcé au moyen de l’innovation.
Consciente de cet enjeu, l’Organisation des Nations Unies a proclamé 2014 «Année internationale de l’agriculture familiale». Cette année, la Journée mondiale de l’alimentation rend hommage à la contribution qu’apporte l’agriculture familiale à la sécurité alimentaire et au développement durable: les agriculteurs nourrissent le monde et prennent soin de la terre.
Environ 87 pour cent d’exploitations agricoles dans le monde sont dirigées par des familles. Ces agriculteurs sont les principaux gardiens de nos ressources naturelles. En tant que secteur, l’agriculture familiale est le premier employeur de la planète, elle fournit plus de 80 pour cent de la nourriture mondiale.
La production, la commercialisation et la consommation de produits alimentaires ont connu de profonds changements ces dernières décennies.
Au cours de cette période, la productivité agricole a augmenté de façon spectaculaire, grâce notamment aux progrès scientifiques et technologiques. La population mondiale, qui ne cesse de croître et qui est de plus en plus urbanisée, dépend d’une alimentation produite par un pourcentage d’agriculteurs plus faible qu’il ne l’était au sortir de la deuxième guerre mondiale. Le marché des produits agricoles et alimentaires s’est mondialisé, mais l’alimentation de la grande majorité de population repose essentiellement sur quatre produits de base.
Il faut dont adapter l’agriculture familiale à l’innovation. En effet, les exploitations familiales doivent faire preuve d’innovation concernant les systèmes agricoles qu’elles utilisent; les pouvoirs publics doivent faire preuve d’innovation s’agissant des politiques qu’ils mettent en œuvre pour soutenir l’agriculture familiale; les organisations de producteurs doivent faire elles aussi preuve d’innovation pour mieux répondre aux besoins des exploitations familiales, et, enfin, les institutions de recherche et de vulgarisation doivent faire preuve d’innovation en passant d’un processus axé sur la recherche et sur le transfert de technologie à une approche qui récompense les agriculteurs eux-mêmes.
En outre, l’innovation sous toutes ses formes doit être un levier d’insertion pour favoriser la participation des agriculteurs à la production, aux échanges et à l’utilisation des connaissances, afin qu’ils aient la maîtrise du processus, qu’ils tiennent compte à la fois des avantages à saisir et des risques encourus.
De toute évidence, les agriculteurs familiaux doivent produire suffisamment de nourriture non seulement pour eux-mêmes mais aussi pour les autres ruraux et pour la population urbaine. Ils doivent également en tirer un revenu qui leur permette d’acheter non seulement des intrants agricoles mais aussi de mener une vie décente notamment de financer l’éducation de leurs enfants, la santé et d’autres besoins.
Le renforcement de l’agriculture familiale profite à tous: des disponibilités alimentaires plus importantes se traduisent localement par une plus grande sécurité alimentaire et par la possibilité de produire de la nourriture pour les marchés locaux ou d’acheter de la nourriture dans ces mêmes marchés. Cela signifie des repas composés d’aliments plus frais et plus sains, qui respectent la production locale et valorisent les produits locaux. On pourrait aussi évoquer, par exemple, les liens entre la production locale et les repas scolaires ou encore la promotion d’entreprises capables de soutenir une production agricole en expansion.
Il convient d’accorder une attention particulière aux femmes et aux jeunes dans le cadre des efforts concertés visant à promouvoir une croissance économique écologiquement viable et propice à l’intégration sociale. Les femmes jouent un rôle essentiel qui n’est pas toujours apprécié à sa juste valeur à tous les stades du système alimentaire. Elles participent à la production agricole, à la commercialisation et veillent aussi à nourrir convenablement leur famille. Dans le même temps, il faut enrayer l’exode des jeunes ruraux, souvent obligés d’aller voir ailleurs lorsqu’ils souhaitent améliorer leurs conditions de vie.
Nous devons créer les conditions qui permettent à ces jeunes d’envisager une vie prometteuse en milieu rural riche en opportunités, grâce notamment à des programmes de formation qui pourraient contribuer à développer leur esprit d’entreprise.
Alors que l’échéance fixée pour la réalisation des objectifs du Millénaire pour le développement se rapproche à grands pas, nous devons œuvrer ensemble en vue de créer l’avenir auquel nous aspirons: un avenir dans lequel la faim n’aura pas sa place. Les agriculteurs familiaux sont des acteurs de cette mobilisation.
En Guinée, l’agriculture familiale a été touchée de plein fouet par l’épidémie à virus EBOLA qui sévit dans le pays depuis le mois de janvier 2014. Hormis de nombreux morts à ce jour, cette épidémie a perturbé la production agricole, les marchés locaux, nationaux et frontaliers et de façon globale la sécurité alimentaire et nutritionnelle.
Face à cette situation, la FAO exprime toute sa solidarité agissante à l’endroit de la population touchée par cette crise. Elle a donc décidé, à l’instar des autres partenaires techniques et financiers, de contribuer au programme national de riposte par des actions de formation des agents de développement rural, par la sensibilisation auprès des communautés à la base et par la distribution des kits pour la prévention de l’épidémie. Elle mène actuellement en coordination avec le Ministère de l’Agriculture et le PAM une première évaluation de l’impact de cette épidémie sur la production agricole et la sécurité alimentaire afin de donner des orientations claires sur les actions à mener pour prévenir ou lutter contre l’insécurité alimentaire qui pourrait menacer certaines régions du pays.
Alors, unissons tous nos efforts pour stopper l’épidémie à virus EBOLA afin de permettre aux agriculteurs de retourner dans leurs champs pour mieux développer la production agricole pour une sécurité alimentaire pour tous.