De l’organisation de la CAN 2023, des chances de l’équipe nationale de football de se qualifier pour la prochaine CAN prévue au Maroc en 2015, en passant par le démarrage du championnat Ligue 1 et 2, sans oublier le non payement de la prime du finaliste de la Coupe nationale, Thierno Saïdou Diakité, chroniqueur sportif assène ses vérités …
La Guinée réunira le monde du football africain en 2023. Selon vous, que faut-il faire pour ne pas enregistrer des désagréments ?
Thierno Saïdou Diakité : Vous savez il y a un adage bien connu qui dit que : qui veut aller loin ménage sa monture. Pour mémoire c’est le 20 septembre dernier que le comité exécutif de la Confédération africaine de football a contre toute attente nous a attribué l’édition de 2023 des phases finales de la Coupe d’Afrique senior de football. Nous étions présélectionnés, avec certains pays pour l’édition 2019-2021. Mais la CAF après avoir attribué celle de 2019 et celle de 2021 au Cameroun et à la Côte d’Ivoire, elle a jugé utile d’attribuer l’édition de 2023 à notre pays. C’est une première parce que ça ne s’est jamais fait dans les anales de la Confédération africaine de football. Les attributions se font toujours sur examen de dossiers présentés par le pays postulant. Il semblerait qu’au vu du rapport de la mission d’inspection qui est venue à Conakry et à l’intérieur du pays au mois d’avril dernier et compte tenu de l’engouement populaire qu’ils ont rencontré ici, la CAF a jugé utile de nous attribuer l’édition de 2023. Maintenant pour répondre à votre question d’ici cette échéance, il y a 8 à 9 ans. Les gens pensent que c’est très loin. Mais si l’on se refaire au contexte guinéen, il y a beaucoup à faire. Le constat est quelque peu amer depuis notre indépendance, nous n’avons que le seul stade du 28 septembre qui date des années ‘’60’’, construit grâce à la coopération soviétique. Vous avez le grand stade de Nongo qui devait être livré depuis 2010, dont la finition retarde encore. Vous avez le stade El Hadj Saïfoulaye Diallo de Labé qui est dans les normes internationales. Mais qui est dégradé, qui mérite une réhabilitation. Donc à part ces trois plates formes sportives, le pays n’a absolument rien.
Y-a-t-il certains sites que les autorités de la place ont ciblé ?
Dans le cadre des préparatifs de notre candidature, la Fédération guinéenne de football et le ministère guinéen des Sports en relation avec un bureau international ont identifié quatre sites de compétition. Il y a Conakry, Kankan, Labé et N’Zérékoré parce que pour la CAN senior de football, le cahier de charges de la CAF exige au minimum quatre sites de compétitions et huit stades d’entrainement. C’est pour la catégorie des juniors et cadets quelle exige deux sites de compétitions. Mais pour la catégorie senior il faut un minimum de quatre sites donc Conakry, Labé, Kankan, et N’Zérékoré ont été les cibles identifiées pour recevoir la compétition. Nous devons donc maintenant nous mettre à l’œuvre. Parce que chaque jour qui passe nous rapproche de l’échéance de 2023. Ce qu’il y a lieu de faire concrètement, il faut que le président de la République prenne un décret portant création, fonctionnement et composition du comité d’organisation de la CAN, qu’on appelle en abrégé le COCAN. C’est ce comité là qui va se charger de procéder à la levée des fonds, de concevoir le budget, de s’occuper de la mobilisation des fonds, de lancer les appels d’Offres, d’attribuer les contrats, de suivre le chronogramme de la réalisation des chantiers et livrer toutes les infrastructures en 2023 pour que la compétition puisse se dérouler. Donc prioritairement c’est la première démarche que le gouvernement guinéen doit faire dans la perspective de l’organisation de cette compétition.
Toujours dans le cadre de l’organisation de la CAN 2015. Avec la propagation de l’épidémie d’Ebola les autorités marocaines demandent à la CAF d’ajourner ce rendez-vous continental, qui dans les conditions normales se disputera en début d’année 2015. Qu’est ce que cela vous inspire-il?
Je dis que c’est un faux problème. Parce que figurez-vous les matches de la Guinée qui devaient se disputer à Conakry ont été délocalisés au Maroc. Nos cadets ont joué au Maroc, et la Guinée étant un pays concerné par cette épidémie, il n’y a pas eu de problèmes. Les prétendants à la qualification, il n’y a que la Guinée et la Sierre Leone qui sont affectés par cette épidémie. C’est pourquoi je dis que c’est un faux problème. Je pense que les Marocains même ont dit qu’ils n’ont pas demandé l’annulation de la compétition. Ils ont souhaité un report pour les mois de juin-juillet. Le 3 novembre on sera définitivement fixé sur le lieu de déroulement de la CAN. Parce que la CAF a dit qu’il n’est pas question de changer la date. Il y a des contraintes et assez de compétitions qui sont organisées. Et si le report se fait ça va perturber le calendrier international de la FIFA, de l’UEFA ou de la CAF. Donc je pense que la CAN va se disputer au mois de janvier 2015 au Maroc ou dans un autre pays africain.
Dans le cadre de cette qualification de la CAN 2015, l’équipe nationale de Guinée vient de s’incliner face à son homologue du Ghana. A votre avis avec cet échec, que doit-on faire maintenant pour qu’on s qualifie pour les phases finales prévues au Maroc en 2015?
Après la quatrième journée de l’éliminatoire de la CAN 2015, nous occupons malheureusement la dernière place du groupe avec le Ghana en tête, le Togo et l’Ouganda. Il nous reste deux matches à livrer. Le prochain à Lomé. Je pense ça sera le 15 novembre et le 19 novembre, on va recevoir l’Ouganda. Nous avons des chances de qualification à condition que l’on ne concède pas une défaite à Lomé. Si l’on perd à Lomé, nous serons définitivement éliminés de la course. Si l’on gagne ou l’on réalise un match nul, nous allons maintenir nos chances de qualification à condition de battre l’Ouganda au match retour. Donc nous avons encore des chances mais nous n’avons pas tellement notre destin en main, parce qu’il est un peu lié aux résultats des autres équipes. C’est un peu ça l’équation pour notre qualification à la CAN 2015.
Le championnat national doit normalement débuter à la mi-novembre. Avec la propagation de l’épidémie d’Ebola, est-ce que cela possible ?
Oui il y a un sérieux problème pour le lancement du championnat national Ligue 1 et Ligue 2. Nous sommes confrontés à l’épidémie d’Ebola, ce sont des regroupements qui sont source de contamination. Mais au-delà de cette épidémie hémorragique à virus Ebola, il y a des problèmes financiers. Selon des sources concordances, la Fédération n’a pas encore bouclé le budget pour le lancement du championnat de Ligue 1 et Ligue 2. C’est quelque peu problématique parce qu’au mois de février, il y a des compétitions africaines. Le Horoya va jouer en Coupe des coupes. L’AS Kaloum champion va jouer la Ligue des champions. Il faut donc que les joueurs aient la compétition dans les jambes. C’est pourquoi les responsables ont déjà organisé les regroupements. L’AS Kaloum se trouve en Tunisie, lundi probablement le Horoya va aller au Maroc pour un regroupement. Ils devaient aller en Tunisie. Mais les Tunisiens n’ont pas accepté de les recevoir, il y a une semaine. L’entraineur de Horoya m’a dit hier que probablement le lundi prochain, ils vont aller pour un regroupement au Maroc pour une dizaine de jours.
Aux dires de certains observateurs le club de Coyah n’a jusqu’à présent pas touché sa prime en tant que finaliste de la Coupe nationale. Selon vous est-ce que cela ne va pas ternir l’image de la FEGUIFOOT ?
C’est préjudiciable à l’image de marque de la fédération guinéenne de football. Effectivement selon des sources digne de foi, l’équipe de Coyah, qui a disputé la finale avec le Horoya n’a pas encore reçu ses 50 millions gnf de primes. Il semblerait même que les joueurs veulent porter plainte contre l’entraîneur. Ça crée de sérieux problèmes, ça nuit un peu à l’image de marque de la Fédération guinéenne de football. C’est quand même bizarre parce qu’avant le lancement de cette compétition le PDG de Guinée-Games avait montré dans un hôtel de la place, lors de la signature de la convention, le chèque pour la prise en charge de la Coupe nationale pour deux saisons. Alors le problème est de savoir du côté de la Fédération qu’est-ce qui se passe avec les finances pour cette Coupe nationale. C’est un problème qui est très grave. Il revient à la Fédération de donner la bonne information à la presse pour savoir ce qui se passe.
Entretien réalisé par Richard TAMONE (Le Démocrate, partenaire de guinee7.com)