La réaction de l’opposition ne sait pas fait attendre après le choix du nouvel opérateur technique devant remplacer le sud-africain Waymark dans la conception du nouveau fichier électoral en prélude de la présidentielle de 2015. Cellou Dalein Diallo et ses pairs rejettent d’emblée la démarche de la CENI qui a jeté son dévolu sur Gemalto France, tout en exigeant la réforme de l’institution chargée d’organiser les élections en Guinée.
Après avoir menacé de déclencher des journées de manifestation pour se faire entendre autour de sa plateforme revendicative dans laquelle elle exige la reforme de la CENI, qui selon elle a montré ‘’ses limites à l’occasion des dernières élections législatives et qui ne remplit plus, dans sa composition actuelle, le critère de parité prévu dans la loi 016 qui fixe son organisation et détermine son mode de fonctionnement’’, l’opposition dite républicaine veut dorénavant passer à l’action. C’est du moins ce qu’elle a laissé entrevoir mardi dernier, au sortir d’une réunion tenue chez le leader de l’Union des forces démocratiques de Guinée(UFDG).
Aboubacar Sylla, porte-parole de l’opposition a saisi l’occasion pour énumérer devant la presse les dispositions prises durant leur conclave en ces termes: «Nous sommes là pour faire le point sur l’évolution de la situation politique dans notre pays. Vous vous souviendrez qu’il y a deux semaines nous avons tenu une réunion au terme de laquelle nous avons publié une déclaration dans laquelle nous avons présenté une série de revendications. Nous avions également dit que si ces revendications ne sont pas satisfaites dans un délai raisonnable, nous engagerions des manifestations sur les voies et places publiques», a-t-il lancé.
Il a ensuite insisté sur: «la signature de relevés de conclusions issus du dialogue qui s’est tenu au mois de juillet dernier. Cette signature permettra la mise en place d’un comité de veille et de suivi de manière à ce que le processus électoral soit un peu plus transparent qu’il ne l’est aujourd’hui. Le pouvoir s’est opposé à la formalisation des accords intervenus au terme de ce dialogue », accuse Aboubacar Sylla. Puis de poursuivra en disant ‘’il se trouve aujourd’hui qu’on a un dialogue qui s’est achevé par un consensus total mais qui n’est pas appliqué parce que ce relevé de la conclusion a été bloqué au niveau de la présidence de la République’’.
L’opposition n’a pas occulté le point portant sur la réforme de la Commission électorale nationale indépendante, qui lui tiendrait à cœur. Et selon son porte-parole, ils ont dit ‘’qu’il faut que cette CENI soit réformée aussi pour qu’elle se conforme davantage à la loi. La loi qui la fonde en dehors de la constitution et du code électoral, c’est la loi 016 portant organisation et fonctionnement de la CENI. Cette loi dispose clairement que la composition de la CENI doit être paritaire. C’est cette composition qui garantit sa neutralité et son impartialité’’, a rappelé Sylla.
L’opposition tient à ce qu’un calendrier électoral soit défini pour la tenue des élections communales et communautaires. La démilitarisation du village de Womey afin de ‘’mettre un terme à la punition collective qui frappe indistinctement les habitants de cette localité tout en exigeant que la meilleure diligence soit accordée à la traduction, devant les tribunaux, des personnes soupçonnées de commission de meurtres et d’actes de violence, le 16 septembre 2014, à l’encontre des membres de la mission officielle de sensibilisation’’, point inscrit dans sa plateforme revendicative a été également soulevé lors de la réunion de l’opposition.
Comme conclusion, l’opposition envisage de dérouler son programme de manifestations pour le mardi à venir. Des manifestations qui ne devront pas s’arrêter tant que le pouvoir n’aura pas satisfait à ses revendications. Il conviendrait de noter que le recrutement d’un opérateur technique international par la CENI dans le cadre des préparatifs de la prochaine élection présidentielle de 2015 qui a précipité cette sortie de l’opposition, pour taper du poing sur la table. L’opposition déplore surtout le fait de n’avoir pas été associée dans la procédure de recrutement de l’opérateur technique, dont la Société adjudicatrice est GEMALTO France. Une société certes disposant de références en matière de logistique électorale, mais qui vient au mauvais moment, car faisant déjà l’objet de discorde entre pouvoir et opposition. Dans ce jeu de dupes, le gouvernement est sur la défensive et son porte-parole Damantang Camara juge aberrant qu’on veille dicter à la CENI, institution ‘’indépendante’’, la conduite à tenir dans son fonctionnement.
Aliou Sow