L’opposition guinéenne, à la veille de la visite du président français, François Hollande, a sorti sa grosse plume pour dire à celui-ci ce qu’elle dit depuis quatre ans maintenant. Donc ce que tout le monde sait. On imagine ce que François Hollande aussi sait.
Et vint ce 28 novembre. Plus qu’il ne s’y attendait, l’accueil réservé au président français, à Conakry dépasse ses espérances. Remerciant le président Alpha Condé, et les autorités guinéennes pour l’accueil, le président François Hollande reconnait aussi que ce geste ‘‘était dirigé vers le président français, puisque ça faisait 19 ans qu’il n’y avait pas eu un évènement comparable. Mais il était tourné aussi cet accueil vers l’ensemble des personnes qui sont venus ici pour apporter leur solidarité au peuple guinéen, les organisations humanitaires, les soignants, les militaires français, les médecins et autres personnalités scientifiques comme l’institut pasteur qui sont aux côtés de la Guinée dans l’épreuve qu’elle traverse. Et il y a eu aussi une volonté de la part du peuple guinéen de dire au peuple français sa reconnaissance et son amitié. Et donc je veux vous dire ici que j’ai été particulièrement sensible’’, précise-t-il lors de la conférence de presse, au Palais Mohammed V.
François Hollande a ainsi débuté ses propos par ces remerciements suite à la question sur ce que peut apporter Paris, comme durant le processus ayant abouti à l’Accord du 3 juillet 2013, pour ‘’décrisper’’ la crise politique en Guinée.
Sans s’attarder dessus, le chef de l’Etat français a rappelé les principes de démocratie défendus par Paris. ‘‘La France est engagée au moins depuis que je suis président de la République, à faire respecter les échéances, à faire respecter les ordres constitutionnels des pays qu’elle soutient. Et aussi à faire en sorte qu’il puisse à chaque fois y avoir des élections pluralistes et transparentes. Lorsque Jacques Chirac est venu ici en Guinée, il y a 19 ans, Alpha Condé était opposant, il était en prison. Aujourd’hui je suis près du président Alpha Condé. Mais je veux que l’ensemble des parties prenantes guinéennes puissent être associées aux élections qui vont se produire. Et je l’ai toujours dit à Alpha Condé. Je l’ai reçu très tôt lorsque j’ai été élu président de la République et nous avons mis à chaque fois la France en situation de soutenir le processus qui est ici engagé en Guinée. Je rappelle que le président Alpha Condé est le premier président élu au suffrage universel dans des conditions démocratiques, transparentes et pluralistes. Mais il faut aller jusqu’au bout de ce processus. Et ce qui vaut pour la Guinée, vaut pour l’ensemble des pays amis’’, souligne-t-il. Aucune allusion cependant n’a été faite à la lettre ouverte de l’Opposition dite républicaine. Et pourtant l’occasion était opportune.
En ne faisant pratiquement pas de reproche au pouvoir de Conakry, le président français ne montre-t-il pas qu’il soutient les actions politiques menées par celui-ci ? François Hollande comme la plupart des démocrates du monde, les vrais, savent qu’en Guinée il y a une opposition nombriliste qui ne défend ni les principes encore moins les institutions, mais ses intérêts privés. Elle demande sans cesse la recomposition de la Céni et le renvoi de l’opérateur technique. Elle dit défendre les institutions mais se plaint à tout de n’avoir pas été associé aux décisions prises par la Céni censée être indépendante.
Si à Kinshasa, il y a deux ans, à l’occasion de la Francophonie, le président français a snobé le président congolais, Joseph Kabila, au profit de son opposition qu’il avait d’ailleurs rencontré. En Guinée, l’opposition dite républicaine n’a pu s’aménager le moindre ‘’rancart’’ avec François Hollande. Pire, juste après la cérémonie au Palais Mohammed V, Hollande s’est dirigé vers la délégation et la presse françaises, et Alpha Condé lui est parti vers Cellou Dalein Diallo et Cie.
Cependant, le président guinéen avait publiquement présenté Cellou Dalein à François Hollande : ‘‘Cellou Dalein Diallo qui est assis là-bas, est le chef de l’opposition. Nous allons déposer la semaine prochaine au Parlement, le statut de chef de l’opposition.’’
- D.