Pour succéder à Abdou Diouf, cinq candidats étaient dans la course. L’on peut noter qu’une seule femme était là : Michaël Jean, une canadienne d’origine haïtienne. C’est finalement elle qui a été désignée. Pourtant, il n’était pas aisé de pronostiquer en faveur de cette femme âgée de 57 ans lorsqu’on sait qu’il y a des candidats largement pressentis comme Henry Lopes ou Pierre Buyoya. Alors comment pouvons-nous comprendre et apprécier cette désignation ?
A priori, l’on ne peut que s’appuyer sur le profil de la personne ou plus précisément de la personnalité du secrétaire général de la francophonie. Ce profil est-il expressément décrit dans les textes qui organisent et font fonctionner la Francophonie ? Si c’est le cas cette disposition a – t-il été observée ? Si ce n’est pas le cas, c’est-à-dire que si ce profil n’est pas conçu et perçu dans les textes, alors, c’est la personnalité au double plan de postulants et des chefs d’Etat et de gouvernement.
De la personnalité des postulants : Le représentant de l’île Maurice, Jean Claude de l’Estrac, n’est pas aussi connu que ces concurrents. La canadienne, Michaël Jean, est moins médiatisée, donc aussi moins connue qu’elle ne devrait l’être ; mieux, quoi qu’on dise, elle est culturellement une canadienne, c’est-à-dire qu’elle est loin d’être perçue comme une africaine, alors que l’Afrique est majoritaire. Pierre Buyoya est mieux connu, aussi bien à travers la forme utilisée pour accéder au pouvoir, que par la façon de le gérer et la propension ou la prétention de l’homme à le rendre. Et, d’ailleurs, si l’on pense qu’Abdou Diouf a réussi parce qu’il a été d’abord chef d’un Etat, alors, il n’est pas absolument exclu que Pierre Buyoya aussi fasse comme Diouf, surtout que d’ailleurs Diouf a fait comme Senghor, quoique, sous une forme différente mais convergente. (Souffrez que cela puisse être une blague !) Henri Lopes, vivement soutenu par son Président Sassou Nguesso, est postulant qui a l’avantage d’occuper d’importants postes (Ministre, premier ministre). Cette tranche de sa carrière administrative lui vaut un stock d’expériences administratives. Mieux, des postes occupés et des activités menées au sein de la francophonie doivent prévaloir dans la désignation du successeur d’Abdou Diouf. Enfin et surtout, le fait de céder, en 2002, en faveur d’Abdou Diouf, Henri Lopes devrait bénéficier d’un retour de l’ascenseur pour être désigné comme successeur « logique » d’Abdou Diouf. Mais, hélas ! Peut être, y a – t-il d’autres critères plus objectifs, mais moins efficace ? Plus subjectifs mais aussi plus réalistes ?
De la personnalité des Etats ou des chefs d’Etat : A quoi ou à qui Michaël Jean doit-elle sa désignation ?
Se poser la question : A quoi Michaël Jean doit-elle sa désignation, c’est faire allusion au Canada et à ses pays amis qui pourraient accepter de soutenir sa candidature. Selon certaines presses, le Canada a mené une véritable offensive diplomatique et ce dans divers sens, c’est-à-dire aussi bien en Europe, en Afrique qu’en Asie.
L’autre question est ceci : A qui Michaël Jean doit-elle sa désignation ? Eh bien à François Hollande, et donc à la France. Comment ? Il suffit de scruter le discours du Président français à la suite de la désignation de Michaël Jean comme secrétaire générale de l’O I F.
La désignation du secrétaire général de la francophonie a mis aux prises deux types de personnalité : La personnalité des postulants contre la personnalité des Etats ou des chefs d’Etat.
Younoussa Camara, Sociologue politique
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