L’histoire ressemble à s’y méprendre à celle du cordonnier mal chaussé. Au Ministère des Droits de l’Homme et des Libertés publiques, des agents se plaignent du manque de droit et de…liberté ! Et accusent le ministre Khalifa Gassama Diaby, d’être le bourreau dans son propre département de ce qu’il prétend défendre pour tous les Guinéens : Le Droit et la Liberté.
Le ministre qui ne supporterait pas la contradiction, a fait renvoyer, pendant ce week-end, les cadres qu’il a lui-même recrutés pour meubler son ministère. Mais comment en est-on arrivé là ?
En octobre 2012. Le ministre Gassama exprime le besoin de recruter des cadres parmi les 64 certifiés du programme ‘‘rajeunir et féminiser la fonction publique’’ de Sciences Po Bordeaux. ‘‘Après qu’il a lui-même procédé aux interviews avec ces fonctionnaires venus d’autres départements, le ministre a retenu 13 personnes et a recruté aussi à travers un appel d’offres des jeunes des ONG. Après tout, nous étions 34 personnes retenues’’, témoigne un cadre du ministère aujourd’hui renvoyé.
‘‘Le renforcement des capacités des cadres du ministère’’ a été fait en aout 2013 à Kindia. Suite à cette formation, par note de services, le ministre Gassama ventile dans ses différents services les cadres. Depuis, plus rien. Les cadres se retrouvent sous les arbres du ministère à se tourner les pouces. ‘‘La situation pour nous était insupportable. Nous n’étions plus considérés dans nos départements d’origine et ici aussi on nous ignore. Nous sommes abandonnés à nous-mêmes. Les jeunes issus des ONG ont tout abandonné pour s’assoir ici, sans aucune prise en charge. C’est cette situation que nous avons voulu dénoncer devant l’Assemblée au passage du ministre devant les députés, en début décembre. Mais il nous a envoyé un émissaire qui nous a promis de régler notre situation. A notre grand étonnement, après son passage à l’Assemblée, le ministre appelle un de nous pour nous menacer. Et ce week-end, il a mis sa menace à exécution en nous renvoyant du ministère’’, a expliqué un cadre en furie qui s’étonne par ailleurs de ne pas voir le nom de l’attachée du ministre parmi ceux qui sont renvoyés. ‘‘Et pourtant nous tous venus dans le même mouvement’’, précise-t-il.
Un cadre proche du ministre Gassama évoque les ‘‘contraintes budgétaires’’ qui ont prévalu au renvoi des fonctionnaires dans leurs départements d’origine et les contractuels parce qu’ils ne peuvent être payés. Pire, les ministères d’origine n’auraient jamais répondu favorablement aux demandes de mutation qu’aurait formulées le ministre Gassama en faveur de son ministère. ‘‘Le département d’un seul sur huit a répondu favorablement à la demande du ministre’’, nous précise notre source.
Aziz Sylla