Alors que la communauté internationale unit ses forces pour lutter contre le virus Ebola, les entreprises d’Afrique de l’Ouest commencent elles, à compter des pertes en raison de cette maladie.
Plus de 6.000 personnes jusqu’à présent sont décédées du virus Ebola dans les trois pays les plus touchés par l’épidémie en Afrique de l’Ouest, ainsi qu’ailleurs dans le monde.
Les capitaines d’entreprise réunis lundi à Accra à l’approche de la seconde visite du président de la Banque mondiale, Kim Yong Jim, pour discuter de l’impact de l’épidémie sur leur entreprise, ont expliqué dans leurs déclarations à Xinhua ce qu’ils attendaient des institutions financières internationales.
« Nous subissons des pertes économiques et des mauvaises performances dans le sens où les établissements que nous fournissons ne sont pas en mesure de payer ce que nous leur apportons », a déploré Kofi Nsiah Poku, directeur général de la compagnie pharmaceutique ghanéenne Kinapharma, qui exporte ses produits au Liberia et en Sierra Leone.
« La raison pour laquelle ils ne sont pas en mesure de payer est que les patients qui viennent à l’hôpital sont atteints d’Ebola ou d’autres maladies, et ne sont pas en mesure de payer car ils n’ont pas d’emploi ; et si ces établissements ne génèrent pas de recettes, il leur est très difficile de payer l’approvisionnement que nous leur fournissons », a-t-il déclaré.
Poku n’est pas d’accord pour dire que l’industrie pharmaceutique tire du gain de l’épidémie Ebola.
« Nous faisons les produits et nous les vendre. Il doit y avoir quelqu’un pour les acheter. Les gens là-bas n’ont pas d’emploi, et ils ne peuvent pas payer pour eux-même s’ils en ont besoin. Et donc nous ne sommes pas en mesure de les vendre. Et c’est pourquoi nous perdons le business », a-t-il affirmé.
Il a affirmé que sa société avait perdu plus de 60% de ses activités au Libéria et 50% en Sierra Leone, avec plus de 1,5 millions de dollars coincés dans ces deux pays frappés par Ebola.
Hadiatou Barry Dallo, directeur général du groupe NSIA, une institution bancaire et financière basée en Guinée, a déclaré que le pays avait commencé à ressentir la dépréciation de sa monnaie et que l’exportation d’or, principale source de devises, avait chuté.
Debar Allen, directeur général de Bea Mountain Mining Corporation, a cité l’insécurité alimentaire comme l’une des crises que l’épidémie Ebola peuvent provoquer.
« Même en tant que société minière, nous avons commencé un programme agricole (…) Nous voulons nous assurer que les gens là- bas aient une nouvelle source de revenus et que la sécurité alimentaire est assurée », a-t-il déclaré.
Allen a exhorté toutes les sociétés opérant dans les pays frappés par Ebola à sortir de leur zone de confort pour faire les choses nécessaires pour protéger les moyens de subsistance.
Ronke-Amoni Ogunssulire, représenant du Fonds monétaire international (FMI) au Ghana, a déclaré que le Fonds s’efforce d’aider le secteur privé à maintenir les emplois et les moyens de subsistance dans les trois pays les plus touchés par Ebola.
« Notre objectif (…) est de protéger les emplois et les moyens de subsistance. Donc tout ce que nous avons conçu dans notre programme de réponse est axé sur la protection des emplois », a-t- elle affirmé.
« Par exemple, lorsque nous avons mis 200 millions de dollars dans les banques locales pour consentir des prêts aux PME, c’est pour que les PME fonctionnent (…) qu’elles ne aient pas à licencier des travailleurs, » a-t-elle insisté.
Dans les trois pays les plus touchés par Ebola, à savoir la Guinée, le Liberia et la Sierra Leone, les pertes de moyens de subsistance sont estimées à 2 milliards de dollars en 2014 et 2015, indique la Banque mondiale.
Xinhua