Censure

Présidentielle 2015 : Les mêmes causes pourraient produire les mêmes effets (Tribune)

Le Président de la Céni

Pendant que la Commission électorale nationale indépendante (CENI) prépare activement les prochaines joutes électorales, ce de façon unilatérale,  l’opposition est appelée autour de la table de dialogue, une façon de distraire sans doute celle-ci. Et au finish, Cellou Dalein Diallo et ses pairs  ne pourront qu’être mis devant le fait accompli, dans un jeu électoral qui risque d’être tout sauf ‘’transparent’’, comme le craignent certains observateurs.

Cellou Dalein Diallo n’a pas fini de ruminer sa colère, d’avoir accepté  les résultats du second tour de la présidentielle de  2010.  Au cours d’un séjour en Italie, la semaine dernière, le président  de l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG),  a reconnu avoir commis  une erreur de jugement. ‘’Nous avions, en acceptant la décision de la Cour suprême, pensé que nous n’avions perdu que le pouvoir et que la démocratie, la protection des droits humains, l’amélioration des conditions de vies des guinéens, allaient être la préoccupation majeure des dirigeants comme ils le disaient lors de la campagne. Malheureusement, nous nous sommes trompés. Nous nous sommes rendus compte  que le combat doit continuer parce qu’Alpha Condé n’a pas à cœur d’instaurer la démocratie et l’Etat de droit dans notre pays. C’est plutôt d’exercer le pouvoir au profit d’un groupe particulier, les militants de son parti, le RPG. Les autres citoyens de la République n’ont plus de droit. Il faut être du RPG pour jouir de ses droits de citoyens. Il y a une discrimination…’’, a-t-il lancé d’un meeting qu’il a animé à cet effet. Dans ce discours décrypté par le site africaguinee,  le chef de l’opposition accuse : ‘’nous avons des institutions qui sont au service d’un groupe particulier au lieu de servir les citoyens de la  République. Il n’y a pas de démocratie’’.

Puis d’enfoncer le clou en affirmant ‘’les élections législatives ont été émaillées de fraudes reconnues par la communauté internationale.’’

Mais Dalein rappelle pourtant que ‘’lors du dialogue du 03 juillet, le gouvernement s’était engagé à garantir la transparence des élections. Et la communauté internationale s’était engagée à veiller sur la transparence des élections. Malgré  les efforts de la communauté internationale, ça n’a pas empêché le pouvoir de voler les suffrages des citoyens guinéens, avant pendant et après le scrutin’’, regrette-t-il.

Dans ses révélations, le président de l’UFDG explique que ‘’c’est lors de la révision de la liste électorale, que des enfants de 14 à 16 ans ont été enrôlés dans leur fief en haute Guinée. Alors que dans les fiefs de l’opposition, même les gens qui avaient le droit de se faire enrôler n’ont pas pu le faire, parce qu’il y avait une volonté d’exclusion.  Et même ceux qui ont pu se faire enrôler n’ont pas jamais pu retrouver leurs noms sur les listes électorales’’, rouspète Cellou Dalein Diallo. Ce retour en arrière avec ces propos du challenger du président Condé au second tour de la présidentielle valait la peine, vu que le même scénario risque de se reproduire à l’allure où vont les choses. Le gouvernement ayant exprimé sa volonté de financer entièrement le scrutin présidentiel de 2015. Une démarche qui obéit sans doute à un agenda caché du pouvoir, qui s’est montré allergique à toute injonction de l’étranger dans les affaires internes du pays, pour ce qui est de l’organisation du scrutin présidentiel à venir. C’est comme si le fait que la CENI constitue la pomme de discorde entre le pouvoir et l’opposition ne préoccupait nullement le président de cette institution Bakary Fofana, soupçonné de recevoir des ordres du palais présidentiel.

Et c’est le lieu de dire que sans une CENI consensuelle, aucun vote ne pourra obtenir une adhésion de l’ensemble des citoyens. Des observateurs s’accordent pour dire que si l’opposition se laisse berner de nouveau autour d’un pseudo dialogue sous l’initiative du gouvernement, pendant que la CENI poursuit sa ‘’fuite en avant’’, elle n’aura que ses yeux pour pleurer à l’issue du scrutin présidentiel de 2015. Car les conclusions de ces dialogues finissent dans des fonds de tiroir. Et ne retiennent aucune attention de la part du pouvoir, qui ne cache pas son mépris pour l’opposition.

In Le Démocrate, partenaire de guinee7.com

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