Censure

Un ancien collaborateur de Kobélé fait des révélations sur lui (opinion)

Sidiki Kobélé Keïta

J’ai lu la semaine dernière un article intitulé << Quand on aime la Guinée, on souffre trop ; on est tous les jours révolté >>. L’article est signé Sidiki Kobélé Keïta, il a paru sur le site  ‘’ Guinee7’’, partenaire du  Démocrate’’, qui l’a repris à son tour dans son  N° 742 du 16 décembre 2014 et dans celui du 743 du 23 décembre 2014. Monsieur Keïta y donne sa vision de l’évolution politique de la Guinée indépendante, vision qui me paraît totalement erronée, ce qui m’amène à réagir.

Monsieur Kobélé Keïta débute son long article par ce qu’on pourrait appeler les dérives du régime de la deuxième république, celui du feu général Lansana Conté, dérives constituées essentiellement par la liquidation physique du dernier gouvernement de la révolution et des acteurs du complot Diara Traoré, le bradage des acquis économiques (unités industrielles notamment) de la première république. Monsieur Keïta enchaine ensuite avec ses critiques contre l’opposition politique actuelle. Il lui en veut pour ce qu’il appelle les dénigrements systématiques à l’endroit du pouvoir en place, les manifestations destructrices et le manque de propositions constructives.

Au regard de ce constat apparemment  désobligeant, Monsieur Keïta se plaît à rappeler et vanter ce qu’il prend pour les grands acquis de la révolution : la pratique d’une démocratie populaire, l’effectivité de l’unité nationale et l’existence d’un large tissu industriel. Il termine son article par des propositions d’assainissement de la scène politique guinéenne, propositions parmi lesquelles il parle de déclaration des biens des candidats à la prochaine élection présidentielle et des mesures à prendre pour réduire de manière drastique le nombre pléthorique de partis.

Avant d’apporter une quelconque contradiction aux arguments développés par l’auteur de l’article ci-dessus cité, voyons qui est  Sidiki Kobelé Keïta ? Pour ceux qui ne le connaissent pas, c’est un vieux cadre de l’administration publique à la retraite. Sous la première république il a eu à dispenser des cours d’histoire  à l’université Gamal, cours fort décriés par ses étudiants qui n’y trouvaient pas grand-chose ; il faut dire que ce fameux historien a pour mémoire de fin d’études supérieures une simple bibliographie des ouvrages historiques publiés sur la Guinée du temps colonial à l’indépendance. Pendant qu’il professait à l’université, il occupait le poste de directeur de la division documentation de l’Institut national de recherche et de documentation de Guinée (INRDG), ladite division comprenait alors la bibliothèque nationale, les archives nationales et le musée national. C’est à ce moment là que j’arrive à la bibliothèque nationale en provenance de mon exil de Bamako où j’avais été initié au métier de bibliothécaire.

A la bibliothèque nationale de Conakry, en plus des tâches ordinaires de gestion de la bibliothèque, Monsieur Kobélé occupait le personnel à repérer et recopier dans la presse de combat d’avant l’indépendance tous articles qui portaient sur Sékou Touré et le PDG RDA. Il agençait alors ces textes et les publiait sous différents titres comme par exemple ‘’ Ahmed Sékou Touré, l’homme du 28 septembre’’ et les mettait en vente sur le marché. Cela n’étant pas suffisant pour décrocher un meilleur poste dans l’administration, Monsieur Kobélé s’était mis activement à écrire ce qu’il appelait une thèse de doctorat sur l’histoire du PDG, le manuscrit comportait plus de 400 pages quand le régime s’est effiloché à la mort du dictateur. Mais avant cela il avait pu occuper le poste de directeur de l’Institut central de coordination de la recherche et de la documentation de Guinée (ex-INRDG), puis sous la deuxième république le poste de directeur du Service national des bourses  extérieures et celui de directeur de cabinet civil à la présidence de la république. On peut parier qu’il a pu se remplir les poches avant la retraite.

Maintenant que Monsieur Sidiki Kobélé Keita est campé en ce qu’il est, nostalgique de la révolution et démagogue dans l’âme , il n’ y a pas lieu de s’étonner de ses diatribes vis-à-vis de l’opposition politique ou des clins d’œil qu’il fait au pouvoir dans le secret espoir de dénicher un éventuel poste, il lui est en tout cas loisible de rêver. Quant aux arguments qu’il avance dans son article, passons-les en revue.

  • Le Comité militaire de redressement national (CMRN) n’a certainement pas tué autant que le PDG qui s’est illustré par ses pogroms d’adversaires politiques dans les camps de la mort dont le camp Boiro.
  • Les fameux acquis économiques de la révolution, notamment les unités industrielles, n’étaient que des éléphants blancs qui cachaient mal la misère économique du pays.
  • Les reproches faits à l’opposition politique dénotent de la cécité intellectuelle d’un cadre habitué depuis toujours à la flagornerie face au
  • La démocratie populaire tant vantée par les thuriféraires d’hier n’était en réalité qu’une chape de plomb sur les libertés individuelles ou collectives.
  • L’unité nationale certes, mais unité dans la douleur et l’oppression des populations qui aspiraient toutes à se débarrasser d’un joug dictatorial implacable.
  • Pour ce qui est d’exiger une déclaration des biens par les candidats à la prochaine présidentielle, il est clair que la première personne qui s’y opposera vigoureusement, c’est Alpha Condé qui est arrivé  pauvre au pouvoir et qui pour cela a refusé de déclarer ses biens après son investiture.

Pour finir, Monsieur Keïta et les gens qui lui ressemblent devraient comprendre que le temps est révolu où ils pouvaient s’agiter, parler ou écrire sans être contredits, on ne leur laissera plus le champ libre.

                                                                                                                               Walaoulou BILIVOGUI

 

 

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