Censure

Dalein-Sidya : La guerre des egos…

Les deux principaux leaders de l’opposition Cellou Dalein Diallo et Sidya Touré ne filent plus le parfait amour. La rupture entre les deux hommes semble même consommée, quand on se fie aux propos du président de l’Union des forces républicaines (UFR), Sidya Touré qui lors d’un déjeuner de presse organisé récemment a tenu à prendre ses distances avec l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG), qu’il considère plutôt comme un ancien allié de circonstance. Les deux camps qui se regardent désormais en chiens de faïence, risquent de s’entredéchirer à cause de cette histoire de candidature unique soulevée par le camp de Sidya, qui y voit sans doute le seul moyen de voler la vedette à Dalein. Pourtant ce dernier demeure jusqu’à preuve du contraire le chef de file de l’opposition, ce malgré sa ‘’couardise.’’

Le président de l’Union des forces républicaines (UFR) a choisi un déjeuner de presse pour définir sa position dans la guerre larvée entre sa formation politique et celle de Cellou Dalein Diallo.  Lors des échanges avec ses invités, Sidya n’a pas fait dans la dentelle  et a déclaré tout de go : « je précise bien que l’UFDG n’est pas un parti allié à l’UFR. L’UFDG est un parti d’opposition et l’UFR est un parti d’opposition. L’alliance est électorale, les élections sont terminées. Les gens de l’UFDG sont venus me trouver pendant que j’étais dans l’opposition. Je ne suis pas devenu leur allié permanent. L’alliance peut changer. Nous pouvons être alliés à un autre parti, soit avec Jean-Marie Doré ou d’autres. Ce n’est pas une question qui se pose », a-t-il lancé. Faisant preuve d’assurance face à cette rupture avec l’UFDG, l’opposant ajoute «la seule chose que je dis, c’est qu’en 2010, nous avons fait ce schéma, nous l’avions fait alors que nous étions en position de force. Même si j’avais été triché quelque peu à ces élections, nous avons quand même une bonne base».

Bien des gens n’ont pas l’air d’être surpris par cette rupture entre les deux principales formations politiques qui font figurent de porte-voix de l’opposition. La pomme de discorde entre Dalein et Sidya n’est pas à chercher  ailleurs, que dans l’épineuse question de candidature unique. C’est une guerre des chefs, voire une d’égo à laquelle il fallait s’attendre, souffle un fin connaisseur du marigot politique guinéen. Ni Dalein, ni Sidya ne voudrait céder la place à l’autre, pour une éventuelle candidature unique de l’opposition lors de la présidentielle à venir. Chaque camp tire la couverture de son côté, et pense être le plus digne à affronter le président Alpha Condé lors de ce scrutin prévu en cette année 2015. Même s’il est vrai que c’est l’UFR qui tient mordicus à ce que Dalein se désiste au profit de son leader, que le parti considère comme le candidat idéal pour battre à plate couture le président sortant. Un argument qui fait sourire dans le camp de l’UFDG, d’autant que son leader fut celui qui, lors du premier tour de la présidentielle de 2010 avait pris une nette avance sur ces adversaires, en emportant la partie avec plus de 44 pour cent des voix. L’actuel chef d’état venu en seconde position ne totalisait que 18 pour cent des suffrages. Il lui avait fallu user d’un tour de force dont il est le seul à avoir le secret pour gagner le deuxième tour, comblant ce grand écart qui le séparait de son challenger.

Autre point à ne point passer sous silence, il s’agit des législatives de septembre 2013, qui ont permis à l’UFDG de conforter sa position de deuxième force politique, après le RPG-arc-en-ciel. Le parti ayant raflé près d’une quarantaine de députés, lors de ces joutes électorales.

Avec un tel parcours, on voit mal Cellou Dalein Diallo renoncer à sa candidature pour la présidentielle de 2015, qu’il voudrait bien emporter, en guise de revanche sur l’histoire, dit-on dans son entourage.

Notre but  n’est pas de ressasser ici l’expérience de chacun des deux leaders sur le plan professionnel et politique. Moins de porter un regard  sur les forces et faiblesses de chacun, dans le but de désigner le meilleur cheval pouvant  mieux représenter l’écurie de l’opposition dans la course en vue. Cela relève de leur ressort. Le débat n’est d’ailleurs plus à ce niveau, si l’on s’en tient aux déclarations de Sidya Touré, qui a tranché dans cette guerre des chapelles, en affirmant n’est plus être un allié de Dalein.

C’est donc désormais établi que  la guerre des egos fait rage entre Dalein et Sidya, à tel point que la rupture entre leurs  partis politiques respectifs est inéluctable.

Mamady Kéita in Le Democrate, partenaire de guinee7.com

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