Censure

Quand les guinéens taclent le bouffon ivoirien (par Yamoussa Sidibé)

Il a fallu qu’un bouffon ivoirien traite les guinéens de villageois au lendemain de la rencontre de la CAN Guinée-Cote d’Ivoire, pour que nous assistions à une extraordinaire levée de boucliers de la communauté guinéenne. La pichenette ivoirienne a eu le mérite de révéler que la nation guinéenne existe et que ses fils et filles en sont fiers. Et cela est rassurant. Depuis le temps que l’on « trouve de la joie dans le massacre » de l’autre, depuis le temps qu’on se remplit la bouche de gros mots et qu’à chaque matin, on se bande les biceps pour jauger la vigilance de l’autre frère.

Le bouffon ivoirien ne comprend certainement rien à l’Afrique et aux africains, cependant il aura suscité un sourire en coin pour le sage guinéen qui chaque jour mourait un peu en sentant ses empreintes disparaître progressivement. Car les fils de Guinée semblaient avoir brulé l’arbre à palabres. Ils semblaient avoir oublié que le plus important dans un dialogue consiste à savoir écouter, à prendre la patience de bien entendre ce que dit le porteur d’une réclamation ou d’une décision. Bien au contraire, tous parlent pour convaincre sans avoir compris de quoi il s’agit. Le dialogue devient sourd.

La nation existe bel et bien car apparemment, chaque fois qu’elle est écorchée par l’étranger, dès que l’outrage franchit la frontière, on assiste à l’exhumation des sagaies ancestrales. Et tous ensemble, comme depuis que le bouffon ivoirien a embouché sa trompette. Cela rassure que nous n’avons pas encore disparus de notre existence en dépit de ne plus lire un article avant de jeter un coup d’œil sur le patronyme de son auteur. Et les critiques et les apologies prennent dès lors la teinte de ce patronyme.

Le bouffon ivoirien semble sorti de la pire des écoles africaines, car ignorant que son ascendance peut être guinéenne. Mais il nous rassure nous autres, que nous sommes guinéens et fiers de l’être. Il faut dès lors que nous réussissions à vivre ensemble dans la bonne humeur.

Une organisation sociale moderne doit reposer sur la primauté de la vie et de la dignité de la personne humaine. Le compatriote est sacré car il est le voisin, l’être humain le plus proche. Dans le Coran Dieu dit : ‘’Je respecte dans le fils d’Adam, l’être que j’ai créé.’’ La Bible affirme que l’Homme est fait à l’image de Dieu. Respecter la vie et la dignité de l’être humain est un ordre de Dieu que les lois humaines ont consacré. La vie et la dignité de l’Homme sont un ensemble indissociable de libertés et de droits qui fondent toute société humaine. Les atteintes portées contre elles engendrent inéluctablement des rancœurs, des ressentiments et des fureurs. Leur respect par contre, conduit les belligérants, ou des frères en colère, autour d’une table de négociation.

Le bouffon ivoirien est comme ce moustique qui avant de s’envoler d’une feuille de baobab demande à l’arbre de bien se tenir. Ne faisons donc pas trop attention au clown ivoirien qui est absent de son existence parce que ignorant sa source. Mais quant à nous, ne laissons pas nos frères emportés par le vent, en laissant trop venter à nos portes.

Yamoussa Sidibé/Galanyi

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