Censure

Réouverture de la frontière sénégalaise : manque de passagers mais optimisme sur la ligne de départ à Labé

Après l’annonce officielle des autorités sénégalaises de la réouverture des frontières avec la Guinée, ce mardi matin, à la gare routière de Diawbhè à Labé- c’est d’ici que les véhicules partent pour le Sénégal-, l’ambiance était morose. Les chefs de ligne sont sur place mais la gare routière était déserte. Mamadou Saliou Barry, chef de ligne Labé-Diawbhè et Manda, témoigne : « nous avons appris tôt ce matin comme vous de la réouverture des frontières. Nos chefs nous ont dit que le Sénégal a ouvert la frontière en nous donnant le processus de travail nous avons déjà commencé à établir l’ordre pour le départ, les chauffeurs sont contents maintenant nous attendons que les passagers arrivent pour le départ. Mais comme vous voyez, les passagers ne se pointent pas, personne n’est là. Tout le monde ne s’attendait  pas à une telle décision maintenant. Vous savez le voyage est une chaine. Ceux qui voyagent envoient de la marchandise à partir de forêt et continuent sur le Sénégal. Mais personne n’avait  ce programme en tête vu que l’ouverture a échoué la semaine dernière. »

« Actuellement, ajoute M. Barry, on a un véhicule sur la ligne de Manda et un autre sur la ligne de Diawbhè mais depuis le matin, il n’y a qu’un seul passager. D’abord l’information manque, nos chefs nous ont signifié que des appareils de prévention contre Ebola ici à la gare routière doivent exister et il y aura d’autres appareils à la frontière où tout le monde doit être soumis au contrôle de température.»

Maitre Alpha Yaya Bah, chauffeur sur la ligne Labé Manda, se réjouit de l’ouverture des frontières «  elle nous va droit au cœur. On avait  beaucoup souffert, imaginez-vous depuis aout on est sur place. Et nous avons de la famille à nourrir. Moi je suis prêt à bouger maintenant s’il y a des passagers. Nous allons appliquer les règles d’hygiènes à la lettre, tout passager qui se présente va laver ses mains au savon et au chlore avant toute salutation à plus forte raison de s’installer dans un vehicule à destination du Sénégal. Les chauffeurs aussi le feront ».

D’autres habitués de l’axe doutent de l’effectivité de l’ouverture. Me Larewel est de ceux-là : « moi je parlerai de l’ouverture des frontières quand ceux qui chargent vont aller et revenir sans problème à la frontière. Sinon je reste sur ma position parce que une forte délégation guinéenne est allée à Linkerin, la semaine passée, mais ils sont revenus bredouilles, donc attendons de revoir, et vous devez comprendre aussi que le Sénégal n’est pas un paradis. Depuis que c’est fermer nous continuons à vivre en Guinée. Je ne souhaite pas mais peut être vous allez entendre en fin de compte que des Guinéens sont maltraités à la frontière à l’image d’autres Guinéens qui sont stigmatisés au Sénégal depuis l’apparition d’Ebola en Guinée. »

Chez les vendeurs de pièces détachées, par contre, la joie est de mise. Keita Madiou témoigne: « je suis heureux aujourd’hui, nos marchandises intéressent les chauffeurs mais s’ils ne travaillent pas rien ne va bouger chez nous. Depuis 5 mois, la frontière est fermée donc les véhicules garés ne tombent pas en panne, il faut que le trafic marche pour qu’on vienne nous demander des pièces de rechanges, nous espérons dans une semaine que le mouvement reprendra de plus belle. »

Chez les cambistes qui se plaignaient de la baisse de leurs chiffres d’affaires, c’est presque le même sentiment. Abdoul Malick Barry, cambiste : « je suis cambiste depuis 15 ans maintenant, mais la situation que nous avons vécue en cette période d’ébola est incroyable. Avec le pèlerinage à la Mècque annulé, on n’a pas travaillé. Ensuite la frontière sénégalaise fermée, on avait plus accès au CFA, mais avec cette bonne nouvelle  nous pensons avoir un peu à l’avenir.»

Maitre Paté, mécanicien, conclut: « La fermeture de la frontière n’a pas touché seulement une seule corporation. C’est toute une chaine qui a été touchée. Nous les mécaniciens  dépendons des voyages, comme le trafic reprend déjà. Dieu merci nous souhaitons avoir beaucoup de véhicules en panne (éclat de rire). »

                                                                                                             Alpha Ousmane Bah(AOB)

 

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