L’équipe nationale de Guinée a été éliminée en quart de finale de la 30è édition de la Coupe d’Afrique des nations par une belle formation des Black Stars, sûre de son fait. Au-delà du résultat technique, il y a des choses simples qui peuvent expliquer cette défaite cuisante.
Une talonnade qui laisse dans le vent toute la défense guinéenne, occasionnant un premier but matinal, une relance ratée d’un défenseur central transformée en passe décisive à l’adversaire et une frappe enroulée venue d’ailleurs de l’intenable Christian Atsu (auteur d’un doublé), lobant Naby Yattara trop avancé, trois erreurs individuelles inadmissibles à ce niveau de la compétition, les joueurs guinéens sont passés à côté de leur sujet.
Mais en dépit de ces fautes évitables, il y a surtout eu ce sentiment d’impuissance durant toute une partie où le Syli n’a quasiment pas eu d’occasion de but – la seule demi-occasion sur une frappe d’Ibrahima Sory Conté, suite à un cafouillage est passée largement à côté des buts ghanéens.
Sur le plan tactique, la Guinée a raté son match, avec un dispositif de départ en 4-3-3, laissant le milieu de terrain aux Ghanéens beaucoup plus impliqués dans la récupération du ballon.
Pourtant, les techniciens guinéens étaient prévenus : l’équipe du Ghana joue collectif dans la récupération du ballon après chaque offensive manquée, ce qui étouffe le milieu de terrain adverse. Cette solidarité des Black Stars a beaucoup gêné l’élaboration du jeu guinéen. Il est vrai que dès l’instant où l’entraîneur Michel Dussuyer n’est pas parvenu à résoudre son problème d’arrière latéral gauche, cette situation provoquait un déséquilibre dans les efforts collectifs du groupe pour ne pas encaisser de but. En fait, Michel Dussuyer n’aurait jamais dû dégarnir son milieu du terrain, dans un match qu’il fallait gérer avec patience.
Décider de jouer l’attaque à tout va, avec Idrissa Sylla, Aboul Razzagui Camara, Ibrahima Traoré et même Ibrahima Sory Conté (qui est surtout une joueur à vocation offensive) était une option extrêmement risquée face à l’expérimentée équipe ghanéenne, se contentant de procéder par contres dans les premières minutes.
Il aurait été beaucoup mieux pour Dussuyer et ses joueurs d’aborder le match avec un 4-4-2 où on pouvait miser sur la vitesse de joueurs François Kamano (ou Seydouba Soumah) associé à Ibrahima Traoré pour contenir le Ghana, avant de lancer un autre attaquant rapide dans la dernière demi-heure. Cette disposition aurait donc misé sur la récupération du ballon avant de penser à placer les bonnes contre-attaques. A notre avis, Naby Keïta aurait dû débuter ce match pour renforcer un milieu de terrain où Kevin Constant, esseulé dans les duels avec son compère Boubacar Fofana, a été très éprouvé.
La défense guinéenne a été à peine sur les actions décisives durant la partie, avec des arrières latéraux étrangement statiques qui n’ont pratiquement rien apporté aux hommes de couloir, accentuant la pression de l’équipe ghanéenne sur son adversaire. Malgré le courage de joueurs très combattifs (Fodé Camara, Baïssama Sankoh malgré son erreur et Abdoulaye Cissé), elle a surtout été handicapée par Djibril Tamsir Paye – qui a répété les mêmes erreurs qu’Issiaga Sylla – mais aussi Naby Yattara qui se paie même le luxe de se faire exclure à la fin de la partie sur une action où, sur coup de sang, il a voulu délibérément blesser l’attaquant ghanéen Gyan Asamoah.
Ce qui est dommage dans le dénouement de la rencontre Ghana-Guinée, c’est qu’on n’a jamais eu l’impression que le Syli a joué le match qu’il avait les moyens de faire. Le score lourd de 3 buts à 0 ne plaide pas en faveur de ceux qui voudraient bien discuter de la valeur des deux équipes. Bref, le Syli a perdu devant plus solide tactiquement que lui, et on espère qu’il apprendra de toutes ses nombreuses erreurs qui l’ont éjecté d’une compétition qui, depuis plusieurs années n’admet plus l’improvisation.
LES NOTES DES JOUEURS
Naby Yattara (3/10) : Le match de quart de finale a été un véritable calvaire pour le gardien de but guinéen. Un troisième but où sa responsabilité directe est engagée, un carton rouge amplement mérité sur une faute de gamin frustré, ce n’était pas la joie. Un match à vite oublier.
Abdoulaye Cissé (5,5/10) : Match défensif correct mais apport offensif nul. Le latéral droit guinéen a livré un combat d’homme en maintenant le frein à main, échaudé par le premier but ghanéen. Match très moyen.
Baïssama Sankoh (5/10) : Malgré sa faute de relance sur le second but, l’homme s’est défendu. Vu les circonstances, on peut estimer que c’est sa faute qui coupe les jambes à l’équipe guinéenne. Match difficile.
Fodé Camara (6,5/10) : Il a été le meilleur défenseur guinéen durant cette partie. Toujours au charbon, il a déployé un niveau de courage qui force l’admiration. Il a réussi sa mission : museler Gyan Asomah. Bon match
Djibril Tamsir Paye (3/10) : Le remplaçant d’Issiaga Sylla n’est jamais parvenu à entrer dans son match. Non seulement il a montré les mêmes insuffisances offensives que son alter ego de la droite (avec aucune montée offensive en 90mn), mais sur le plan défensif il a beaucoup peiné. On pourra dire qu’il manque d’expérience et que les matches de haut niveau exigent une toute autre mentalité. Match médiocre.
Kevin Constant (5,5/10) : Le plus expérimenté des milieux de terrain guinéens est passé à côté de son match, avec des relances approximatives et un jeu (trop) limite. A sa décharge, le surnombre des Ghanéens dans cette zone du terrain ne lui a pas facilité les choses. Son remplacement par Naby Keïta – qui est parvenu à relever le niveau de jeu guinéen – n’a fait que confirmer nos appréhensions. Match très difficile.
Ibrahima Sory Conté (5,5/10) : En difficulté comme Kevin Constant et peut-être pour les mêmes raisons : le surnombre, le pressing efficace et le replacement rapide de l’équipe adverse. On l’a vu rater des relances ou des ouvertures relativement faciles, erreurs auxquelles il ne nous avait pas habitués. Match très moyen
Boubacar Fofana (7,5/10) : Il a été sans aucun doute le meilleur guinéen de la partie. Très combattif au milieu de terrain, il a beaucoup participé à la récupération du ballon. Très bon match.
Abdoul Razzagui Camara (5,5/10) : Ses choix ont été très discutables durant la partie malgré une volonté certaine. Il n’a pas réellement pesé sur la défense ghanéenne. On l’a connu sous de meilleurs jours. Son remplacement par François Kamano – qui a tout de suite apporté sa percussion – était nécessaire. Match très moyen.
Ibrahima Traoré (6/10) : Le capitaine du Syli national s’est battu comme à son habitude, malheureusement son équipe était dans un jour sans. Malgré les multiples agressions, il est resté dans son match même s’il n’a pas eu la même réussite que d’habitude. Ce joueur est à suivre. Bon match.
Idrissa Sylla (7/10) : Avant de sortir sur blessure, l’homme a remporté la quasi-totalité de ses duels dans l’axe central de la défense ghanéenne. Dommage que le soutien proposé était très limité, ce qui aurait pu changer le cours du match. Très bon match.
Mohamed Yattara, Naby Keïta, François Kamano (non notés).
Saliou Samb