La Guinée, notre pays, s’est remise de façon considérable depuis la crise postélectorale de 2010. Sa performance économique continue d’être unanimement appréciée, soutenue par une gestion financière saine et rigoureuse des deniers publics. Il reste malgré tout encore beaucoup à faire pour matérialiser la vision salutaire du Professeur Alpha Condé de faire notre pays, aux immenses potentialités agricoles et minières, une économie émergente. Et en vue de contribuer à la réconciliation nationale, les effets de la relance économique doivent atteindre tous les guinéens. Au fur et à mesure que les opportunités économiques s’accroîtront, elles donneront à un plus grand nombre de nos compatriotes l’opportunité de bâtir un futur plus prospère. De tels résultats économiques peuvent susciter l’envie.
Le progrès continu de notre pays dépend de l’ouverture de ses institutions démocratiques, et les prochains mois de l’année 2015 offrent à tous les guinéens une opportunité exceptionnelle de s’engager dans un débat ouvert et sincère sur le futur du pays. Une élection présidentielle paisible en fin de cette année sera un important baromètre pour la maturité de la démocratie guinéenne, et un test de stabilité pour les institutions qui fondent le pays. Cependant, les élections à elles-seules ne font pas progresser le dialogue national sur la nature et le futur de notre démocratie. Ce processus nécessite l’implication active de citoyens engagés, une société civile dynamique ainsi qu’un engagement de tous les partis politiques à travailler ensemble dans un esprit d’écoute dans l’intérêt supérieur de la nation.
C’est pour ces raisons-là et bien d’autres encore que j’ai applaudi, comme d’autres patriotes, la mise en place d’une nouvelle Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI) en novembre 2012. Sa recomposition paritaire avait été demandée par l’opposition guinéenne regroupée au sein de l’Alliance pour la démocratie et le progrès, démontrant son engagement à assurer une participation large à une institution chargée de veiller à des élections inclusives, transparentes et crédibles.
A la fin de la guerre civile américaine ou guerre de Sécession, Abraham Lincoln, figure emblématique de l’Histoire des Etats-Unis, dans son second discours à la nation le 4 mars 1865, a parlé des immenses défis à venir. A ceux, des deux camps, qui ont combattu, il a dit ceci : «Cherchons à achever le travail que nous avons commencé ; à panser les blessures de la nation ; à s’occuper de celui qui a participé à la bataille, de sa veuve et de son orphelin, pour faire tout notre possible pour réaliser et aimer une paix juste et durable…».
L’Amérique est sortie plus forte de ce long conflit. Notre pays a, dans les mois à venir, une opportunité similaire de tourner la page sur les conflits du passé. Nous devons travailler ensemble pour consolider les acquis des quatre dernières années, au cours d’un processus électoral dans lequel toute voix librement exprimée compte, sans violence ou intimidation.
La CENI, établie en novembre 2012 pour 7 ans est attaquée, sous prétexte qu’elle a favorisé le Professeur Alpha Condé. Pourquoi cette remise en cause vient-elle « justement » de ceux qui ont demandé la création de cette seconde CENI ?
Admettons que la première CENI dirigée par feu Ben Sékou Sylla, pourtant accueilli favorablement par tous en ses débuts, n’ait pas rempli sa mission. Supposons que la deuxième CENI dirigée par l’ancien ministre Bakary Fofana, soit frappée du même mal. Combien faudra-t-il de CENI pour que l’opposition guinéenne reconnaisse la validité des élections dans notre pays ?
En 2010, sous le régime de transition dirigée par le Général Sékouba Konaté, à la question du choix entre une CENI politique et une CENI administrative, le vote a penché pour la CENI politique.
On peut supposer que les personnes élues à la CENI, quel que soit leur bord, soient compétentes en la matière. Nous n’avons, guinéens, cure des querelles familiales.
Le Mandela guinéen a toujours prôné une CENI basée sur les compétences et la probité des commissaires issus de la société civile. Ce modèle utilisé dans la plupart des pays anglophones et au Sénégal est un franc succès. Qui l’a écouté ?
La CENI est une des instituions clés de notre démocratie. Elle est issue de la loi organique L/2012/016/CNT portant composition, organisation et fonctionnement de la commission électorale nationale indépendante.
Pour pouvoir la modifier, il nous faudra une autre loi. Qui la proposera ?
Je suis convaincu que nous voulons parfaire nos institutions démocratiques et promouvoir le développement durable et la croissance économique qui garantiront le futur de nos enfants et petits-enfants.
Ousmane Boh Kaba