Censure

Bouréma Condé : Un Général futé !

Le nouveau  ministre de l’Administration du territoire et de la décentralisation, le général de brigade Bouréma Condé n’a pas été choisi au hasard par le président Alpha Condé, en cette année électorale qui commence à déchaîner les passions. L’homme est en effet perçu comme étant très futé, avec des méthodes qui tranchent avec celles de son prédécesseur Dr Alhassane Condé. Ce dernier à travers  des sorties hasardeuses contre l’opposition avait fini par s’aliéner Cellou Dalein Diallo et ses pairs, compromettant ainsi toute possibilité de dialogue, allant dans le sens d’un compromis autour du processus électoral.

Le général Bouréma Condé a pris fonction  vendredi dernier lors d’une cérémonie officielle, que l’opposition avait purement et simplement boudée. Le ministre entrant de l’Administration du territoire et de la décentralisation avait en fait invité les opposants à cette cérémonie de prise de fonction, sans doute pour des raisons de préséance.  Cette cérémonie qui fut présidée par le Secrétaire général du gouvernement, Sékou Kissi Camara, a été mise à profit par Bouréma Condé pour remettre les pendules à l’heure à propos de sa nomination qui continue d’alimenter la chronique dans la cité. «Ceux qui pensent que je suis venu dans le cadre des élections se trompent de cible. Cherchez-moi sur le terrain de l’unité et du développement national», telle fut la réponse  que le général a balancée à la figure de ses détracteurs. Quand ceux-ci voient en lui un homme de main venu accomplir ‘’le sale boulot’’, dans la perspective des élections à venir, pour le compte du parti au pouvoir.

Animé certainement par le souci de rassurer l’opinion de sa ‘’bonne foi’’, Bouréma Condé  a dans son discours souligné qu’à la ‘’publication de ce décret, bon nombre de Guinéens n’ont vu en filigrane que des élections. Je me presse pour dire que les élections sont un petit paragraphe de la mission que nous avons ensemble à abattre à l’administration du territoire.’’ Et d’ajouter  ‘’je ferais de ma préoccupation essentielle et fondamentale, l’unité des guinéens. On ne peut parler de développement si on n’a pas la paix. Or, l’administration territoriale est le tronc commun de l’administration guinéenne. C’est le seul département dont les agents sont jusqu’à dans les hameaux les plus reculés… », a-t-il précisé.

Une fois n’est pas coutume, pourrait-on dire, car la polémique suscitée par la nomination d’un haut gradé de l’armée, très proche du président Condé au poste de chef de département de l’Administration du territoire et de la décentralisation a valu au gouvernement de se justifier. Ainsi dans un communiqué publié au lendemain de la prise de ce fameux décret  présidentiel, le porte-parole du gouvernement Albert Damantang Camara indique que la nomination de Bouréma Condé, ancien Préfet en région et ancien Gouverneur de Nzérékoré, au poste de Ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation (MATD), ‘’s’inscrit dans l’intensification de la lutte contre Ebola et la priorité donnée au renforcement accru des efforts décentralisés.’’

L’objectif est double, d’après lui, à savoir ‘’renforcer la mobilisation des autorités administratives décentralisées et intensifier la sensibilisation des communautés locales.’’

Vantant les mérites du nouveau promu, le porte-parole a tenu à souligner que ‘’la nomination du ministre Bouréma Condé repose sur son expérience avérée et admise par tous au poste de Préfet et de Gouverneur. Depuis longtemps en détachement de ses anciennes activités militaires, Bouréma Condé n’appartient à aucun état-major.’’

La venue de Bouréma Condé à la tête de l’Administration du territoire et de la décentralisation repose sans doute sur un changement de stratégie du pouvoir. Qui en lieu et place d’un ministre réputé pour son intransigeance, et de surcroît susceptible d’en rajouter au climat assez tendu sur l’échiquier politique, a préféré un homme rompu dans la ‘’diplomatie soft.’’ Même s’il ne faut pas oublier que  sous la deuxième république, Bouréma Condé était accusé d’être l’un des pires oppresseurs des militants du RPG d’Alpha Condé. A l’époque, l’officier occupait les fonctions de sous-préfet. Mais ceci n’est plus qu’un lointain souvenir, dans un pays où l’on est frappé d’amnésie…

In Le Démocrate, partenaire de guinee7.com

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