Tout commence par Baïdy Aribot qui déclare qu’il y aura « un massacre » si les accords du 3 juillet 2013 ne sont pas respectés. Bah Oury enchaîne tout de suite après en réclamant une nouvelle transition en Guinée. Enfin le trio des anciens Premiers ministres conclut la symphonie lors de sa réunion du 23 mars à Paris en publiant un communiqué dont la phrase principale est la suivante : « …. M. Alpha CONDE perd toute légitimité pour présider encore aux destinées de la Guinée. Son maintien au pouvoir constituerait une grave menace pour la paix et l’unité de la Guinée et la stabilité de la sous-région. »
C’est vrai qu’en Guinée on aura tout vu et tout entendu, mais force est de reconnaître que cela est un peu fort de café, car, à tout le moins, on nous prend pour plus imbéciles que nous ne le sommes.
Et ainsi la boucle est bouclée, les intentions sont affichées et le masque est tombé. Toute cette agitation autour de l’annonce de la CENI, du prétendu engagement violé par le gouvernement et de l’implication imaginaire des maires dans le processus électoral n’avait qu’un seul but : justifier un coup d’Etat.
Cette fausse indignation sur une prétendue manipulation de la CENI, cet argumentaire malhonnête défiant les principes élémentaires du droit sur un accord additif qui n’a de valeur que son poids en papier, cette désinformation organisée autour des pouvoirs des maires et des délégations spéciales n’étaient donc que de vulgaires diversions.
Ces gens-là ne baisseront donc jamais les bras ? Qu’est-ce que le gouvernement ou le Président de la république a fait de si grave pour que la Guinée toute entière retourne cinq ans en arrière dans une nouvelle transition aux lendemains incertains ?
Incertains parce qu’à supposer qu’un coup de force réussisse à éliminer Alpha Condé, ses partisans ne laisseront aucun de ces trois premiers ministres arriver au pouvoir. Ni maintenant, ni demain. Transition militaire ou civile. Guerre civile ou pas. Des centaines de milliers de guinéens préfèreront mourir que laisser ceux qui auront chassé leur champion le remplacer. Si Dalein, Sydia et Lansana pensent que leur partisans les aiment plus que les partisans d’Alpha ne l’aiment, ils ne sont pas au bout de leur surprise.
Mais cela les trois fossoyeurs de la Guinée le savent très bien. Ils préfèrent le chaos et la guerre civile au maintien d’Alpha Condé au pouvoir parce que celui-ci les empêche de respecter les promesses tenues vis-à-vis de Benny Steinmetz. Pour ce faire, ils profitent de l’amnésie des Guinéens. N’oublions pas pourtant l’alerte donnée par le Canard Enchaîné le 25 septembre 2013 : « Des mercenaires français, Sud-africains et Israéliens disposeraient de relais à Paris et en Afrique et soutenus par un roi du diamant, préparent un coup d’Etat en Guinée, véritable eldorado minier. C’est la thèse retentissante défendue dans deux notes rédigées respectivement par les services de renseignement américain (CIA) et français, et que, « le canard » a pu consulter. Le document français évoque de sérieux risques d’opération en cours tendant à déstabiliser l’Etat guinéen. Et un mode opératoire consistant, lors de grandes manifestations, à inciter la police et les forces armées à recourir à la force et ainsi créer des martyrs.
Le texte américain intitulé «note sur les questions de sécurité en Guinée » et daté du 13 septembre, évoque le « financement de partis d’oppositions » et le recrutement de miliciens peules « ethnies supposées hostiles au président, Alpha condé. Le contexte des prochaines élections législatives (28 septembre), ajoute-il, sera propice à « de violentes manifestations de masse à Conakry et d’autres villes ». Ces mouvements pourraient « servir de couverture à des opérations ciblées menées par les mercenaires ».
Pour le moment, personne ne sait jusqu’où ces trois opposants sont prêts à aller dans leur comptabilité macabre et combien de Guinéens vont continuer à se laisser manipuler par ces marchands d’illusions et de mort.
Refusant implicitement tout dialogue, l’opposition préfère envoyer ses militants au massacre. Elle a dû prévoir de les massacrer elle-même pour ensuite rejeter la responsabilité au pouvoir en place. Ces rêveurs apocalyptiques apprendront à l’aune de la mobilisation squelettique constatée lors de leur dernier meeting – en janvier 2015 – que leurs desseins sont aux antipodes de ceux du peuple guinéen. Que tous ces partis et formations politiques n’aient guère réussi à mobiliser plus de 1.000 personnes lors d’un meeting chanté jusqu’à sur des ondes internationales, dénote du peu de consistance de cette opposition qui n’a aucune foi en la démocratie et dont les ténors sont adeptes du «négatisme» démocratique.
C’est dire que le peuple guinéen est loin d’être «mouton», comme ils le susurrent en aparté, pour justifier leur incapacité à le mobiliser autour de leur combat. Au contraire, c’est un peuple responsable et mature qui comprend toujours où sont ses intérêts et qui n’hésite pas à se mobiliser chaque fois que ceux-ci sont réellement en danger. C’est un peuple debout dans la tourmente qui refuse de céder aux sirènes déstabilisatrices, optant ainsi de canaliser son énergie vers les chantiers de développement.
En attendant, que les avocats de l’Etat n’oublient pas de compiler toutes les déclarations des leaders politiques depuis quatre ans, toutes les vidéos les montrant en train d’haranguer des jeunes sauvagement armés avant les marches. C’est maintenant qu’il faut préparer les prochaines sessions de la Cour Pénale Internationale.