La sortie de l’opposition, précisément le trio Dalein – Sidya – Kouyaté, continue de susciter de nombreux commentaires et nourrit les pires appréhensions chez bon nombre de Guinéens. A commencer par ceux qui gouvernent, apparemment. Après avoir désapprouvé certains aspects de la déclaration que ces opposants ont concoctée dans un restaurant parisien, le porte-parole du gouvernement s’est fendu d’un communiqué pour exhorter les uns et les autres au dialogue. En mettant un accent sur la disponibilité de son équipe à oeuvrer dans ce sens.
En souscrivant à la volonté de la CENI d’organiser les présidentielles cette année, et de repousser les élections locales en 2016, le gouvernement a exprimé ses craintes de voir la chienlit s’installer dans le pays si le mandat du président Alpha Condé arrivait à échéance sans qu’un scrutin ne soit organisé pour le reconduire ou le renvoyer. A juste raison, pourrait-on dire.
La déclaration de l’opposition en dit long (sur ses intentions) sans vraiment le dire. Mais il suffit d’avoir la lecture tant soit peu lucide pour comprendre qu’elle appelle au départ d’un chef de l’Etat élu, à la suite d’une insurrection populaire dont elle serait l’instigatrice. Et ce à quelques mois de la prochaine élection présidentielle ! Un dessein que maints observateurs de la scène politique guinéenne avaient entrevu et qui pourrait expliquer cette obsession à organiser les municipales d’abord, tout en sachant que la CENI ne pourra pas ainsi tenir le scrutin présidentiel dans les délais constitutionnels. Conséquences d’un tel scénario ? Pas besoin d’un dessin pour imaginer ce que feraient alors ceux qui, déjà, contestent aujourd’hui sa légitimité pendant que son mandat court encore …
Cependant, les opposants ne disent pas comment vont-ils réussir la prouesse de chasser par la rue un président démocratiquement élu. Certainement, parce qu’ils n’en savent eux-mêmes rien. Certains évoquent vaguement des situations qui n’ont rien – ou peu – à voir avec le contexte guinéen (cas du président Compaoré au Burkina) ; quand d’autres rêvent d’un remake des révoltes populaires contre le général Lansana Conté en 2006 et 2007.
Dans ces exemples, il aura fallu une unanimisme contre l’ordre établi pour aboutir au départ de l’un et à l’affaiblissement momentané de l’autre. A cause de multiples raisons (politique, communautarisme, etc.), dont on ne devrait pas toujours être fier d’ailleurs, un tel unanimisme contre le pouvoir en place n’existe pas en Guinée. En tout cas pour le moment.
Le grand méchant loup que brandit les Fodé Oussou et autres têtes brûlés de l’opposition ne serait-il pas en définitive, un grand méchant … bluff ?
Top Sylla