Vraisemblablement, l’opposition guinéenne ne sait pas ce qu’elle veut. Elle se ment à elle et c’est pourquoi qu’elle pose la menace de la désintégration de notre nation. Elle est l’usine à recyclage des individus en quête d’immunité, des déçus de la République et encore pis des opportunistes sans nom. C’est sans nul doute avec la mouvance présidentielle des univers qui offrent le plus les possibilités de capture de la rente financière et de relance des carrières en panne. Elle attire tous opportunistes et arrivistes. En son sein se noue et se renoue des compromis les plus abscons, souvent velléitaires et mous. On y parle peu d’idées et jamais on y fait l’autocritique , ses acteurs se croient être des anges, pourtant assez portent la responsabilité, fût-elle, morale de la faillite de notre Etat et de notre mal-développement. Nombre de ces anciennes pontes converties en politiciens sans projets de société et conviction morale, avaient été des satrapes électoraux du P.U.P et puis avaient cautionné la corruption décentralisée de son système. C’est seulement, c’est cinq dernières années qu’ils ont réalisé notre retard, les années avant, ils étaient aveugles.
Dans notre opposition, incapable de se mettre d’accord sur l’essentiel et où chacun cherche à réaliser son dessein personnel, on y rêve d’alternance sans s’en donner les moyens. L’opposition guinéenne, ayant raté un pari, celui de l’appel à la ville morte, appelle à manifester contre l’insécurité. L’insécurité bat le plein en Guinée, le nier c’est être un mentir. J’avais, moi-même écrit, il y a quelques temps à ce sujet et esquissé quelques idées pour la solutionner. Manifester contre l’insécurité, n’est pas une mauvaise idée en soi, mais je me méfie de la déclaration de l’opposition, celle-là appelant à manifester contre l’insécurité, je doute de sa bonne foi.
Les personnes obscures et certaines connues ont été les victimes de cette insécurité. L’opposition avait toujours regretté et condamné les pertes en vie humaine. Elle avait même donné une connotation politique à celle – là en parlant d’assassinat politique. Pourtant des civiles et mêmes les pontes du gouvernement avaient péri de cette insécurité. Elle attendait l’occasion de réussir son plan, connu d’elle seule et de ses acteurs. Quand la société civile guinéenne appelait à manifester contre l’insécurité, l’opposition guinéenne ne dit mot. Maintenant quand l’un de ses membres déclare avoir échappé à la tentative d’assassinat, elle appelle les Guinéens à manifester. Ce membre de l’opposition a-t-il été victime d’une tentative d’assassinat ? Je ne veux pas remettre en cause ses déclarations, mais je sais que les politiciens sont des agents économiques soucieux de leurs intérêts et capables de profiter des incitations. A défaut d’avoir des incitations, il faut créer les opportunités, c’est aussi valable en politique, surtout quand on est mal en manque d’idées et en conflit avec soi. Dans un pays où tout est politisé, on porte le crédit à toute déclaration surtout lorsqu’elle vient des politiciens, fût-elle victimaire et infondée. L’opposition guinéenne appelle donc à des manifestations discontinues à partir du 13 Avril. Derrière cette déclaration se cachent : l’opportunisme et puis le cynisme. Des citoyens guinéens par milliers sont morts de la fièvre hémorragique due au virus Ebola, tous avions accusé le gouvernement guinéen de mener une politique inefficace, mais là encore elle n’a pas fait un grand bruit. Mais si, l’un de leur avait perdu son proche parent du fait de la mauvaise gestion de l’épidémie, elle aurait appelé au grand déballage.
Les membres de l’opposition guinéenne sont des égotistes, ils aiment bien qu’on parle d’eux. Ils récupèrent un problème sociétal et veulent donner à la population le sentiment de s’intéresser à elle, pourtant ils s’en moquent des Guinéens. Ici, c’est connu de tous, les politiciens défendent leurs intérêts. Ils n’auraient jamais appelé à manifester si un citoyen de plus se faisait assassiner. Les Guinéens doivent bien comprendre qu’ils se font tuer pour des individus n’ayant pour soucis que leur carrière et puis la maximisation de leurs intérêts personnels. En 2009, quand les citoyens furent massacrés en stade du 28 Septembre, certains membres de l’opposition, acceptèrent des réparations et décidèrent de passer sous silence les cauchemars des vraies victimes de cette tragédie. Des citoyens guinéens continuent encore à se faire tuer au nom de la lutte pour la démocratie. Celle –là prononcée par les politiciens guinéens, d’où qu’ils soient, de la mouvance ou de l’opposition, est une diversion.
Tous ces opposants qui disent se battre pour l’alternance politique n’ont pas de projet d’interventions publiques et n’aspirent qu’à une chose : relancer leur carrière en panne. Ils attendent la veille des présidentielles pour griffonner quelques idées et présenter à leurs membres, d’ailleurs à ceux de leur ethnie, leurs brides d’idées. La démocratie c’est le débat d’idées, a-t-on dit. L’alternance sans idées ne changera rien aux conditions des Guinéens. L’aspiration des Guinéens n’est pas changer à chaque fois de classe dirigeante, mais de conditions de vie. Seul le débat d’idées, la confrontation des projets d’interventions publiques peuvent conduire à cela.
Certains partis politiques se disant aujourd’hui de l’opposition n’ont pas de militants, mais reçoivent des subventions de l’Etat. Que l’on arrête cette escroquerie ! D’autres dits grands n’ont de militants que les membres de leurs ethnies et quelques individus à la quête de la relance de leur carrière et d’opportunité de capture des ressources de l’Etat. Leur grandeur ne se mesure pas à l’aune de leurs idées, de leur sens de l’Etat, mais à l’aune de la taille de leur ethnie. Quelle est bien fausse et dangereuse, une telle grandeur. Voulons-nous de la démocratie ou de l’ethnocratie ? D’aucuns partis aujourd’hui dans la mouvance et ayant appartenu hier de l’opposition, effectuent leur transhumance à la quête d’opportunité de rente. C’est bien cela néo-politique du ventre. Dans les partis politiques guinéens, tout est faux. Chacun y évoque la démocratie et nulle ne la vit. Les cultes de la personne et l’anarchie y règnent. Voilà pourquoi je les qualifie d’anarchies organisées.
Voulons-nous d’une alternance politique à l’aune des idées ou par le biais de l’anarchie ? Des partis sectaires, dirigés par des personnes illégitimes , des candidats à vie et investis par des groupies, ne peuvent pas nous sortir de là. Ne nous trompons pas. L’anarchie n’a jamais sauvé un peuple . Mais les idées, oui.
Que les Guinéens ne se trompent, aussi longtemps que l’opposition guinéenne serait incapable avec désintéressement de faire le bilan du Président Alpha Condé, elle ne serait pas digne d’appeler à l’alternance. En faussant le bilan d’Alpha Condé, elle montre qu’elle est incapable d’évaluer la situation devant la servir d’antériorité au cas où elle réussissait son défi, celui de gagner aux prochaines présidentielles. Je ne défends personne, car je ne participe d’aucune formation politique. Je ne défends aucun bilan, j’appelle juste à faire la part de l’orge et de l’ivraie. J’appelle à l’objectivité, j’ai moi- même critiqué certaines actions du gouvernement guinéen. Ne pas être d’accord avec certaines idées ne doit pas justifier le recours à la mauvaise foi. Que la diversion et le populisme prennent fin ! Que ceux qui n’ont de pas projets pour la Guinée, cherchent à en concevoir de vrais et puis parlent d’idées. Il n’y a de force plus grande que la force des idées. La violence ne changera pas grand-chose, mais nous fera reculer. Le changement n’est pas toujours progressiste, il peut être rétrograde. Sans projets d’interventions publiques, sans idées puissantes et cohérentes, l’opposition guinéenne appelle à ce changement rétrograde et funeste.
Que la société civile guinéenne refuse l’appel des individus égoïstes et sans compassions aux maux des Guinéens. Qu’ils manifestent seuls, ces égotistes ! Car ils appellent à manifester non pas parce que les Guinéens se font assassiner et vivent dans l’insécurité, mais parce que l’un des leur a failli se faire assassiner. Nous ne disons pas que la marche contre l’insécurité serait une bêtise, mais que la société civile guinéenne devrait refuser la cooptation. Que chacun défende et poursuive ses intérêts.
Ibrahima SANOH
Citoyen guinéen