Le ministère de la Sécurité et de la protection s’est empressé lundi dernier de répliquer à des informations diffusées par l’Agence France presse, reprises par la chaîne câblée France 24, selon lesquelles la police aurait fait usage d’armes à feu contre les manifestants de l’opposition, dans sa mission de maintien d’ordre. Dr Mahmoud Cissé, le chef de ce département est ensuite sorti sur le petit écran de télévision, lors du Journal télévisé de 20heures, pour lire le démenti concocté par ses services. Une démarche que des observateurs ont trouvé « maladroite » pour un haut commis de l’Etat, en pareilles circonstances.
Dans son communiqué, où on relevait quelques coquilles, le ministère de la Sécurité et de la protection civile dit avoir pris « connaissance d’un communiqué de l’AFP, relayé par certains médias et notamment la chaîne télévisé France 24, faisant état de tirs de la Police. Le communiqué cite des sources médicales non identifiées. »
Le ministère de la Sécurité et de la Protection civile « dément formellement cette information et rappelle que les différents foyers de violence ont été gérés sans utiliser d’armes à feu conformément aux règles admises en la matière. Et comme à l’accoutumée, le Chef d’Etat-major de l’armée a publié une consigne ferme aux militaires pour qu’ils restent dans leurs casernes respectives», soutient le ministère.
Qui poursuit en ces termes que « dans l’attente de preuves ou d’éléments tangibles et vérifiables, le ministère en charge de la Sécurité demande aux médias de vérifier avec précision les informations entourant les événements se déroulant sur le terrain. »
Le ministère de la Sécurité et de la Protection civile a tenu à rappeler par la suite que « malgré les dispositions légales en vigueur, les manifestations de ce jour n’ont fait l’objet d’aucune déclaration qui aurait permis aux services de sécurité de prendre des dispositions de préservation de l’ordre public. »
Et que « dès lors, les individus se livrant actuellement à des actes de vandalisme ne peuvent en aucun cas être assimilés à des militants pacifiques exerçant une liberté consacrée par la Loi. »
Le chef du département de la Sécurité cherche à nier l’évidence. Quand on sait que nos forces de l’ordre ont la gâchette facile. Il suffit de jeter un regard sur le tableau où est gravé le nombre de manifestants tués sous la troisième république, pour s’en convaincre. Car ce nombre a surpassé les 50 victimes. Zakaria fut le premier manifestant qui a succombé à des blessures par balles, dont les auteurs n’ont jamais été confondus.
Le gouvernement se contente toujours d’annoncer l’ouverture d’enquêtes qui n’aboutissent jamais. Ce sont plutôt les forces de sécurité qui obtiennent le satisfécit du gouvernement, à chaque fois que la cité enregistre des scènes de violences, dont la plupart se soldent par des morts et des blessés.
Il faut toutefois préciser que certains agents se comportent lors des opérations de maintien d’ordre en véritables républicains. Sans excès. Une image que les brebis galeuses viennent à chaque fois ternir malheureusement.
Pour ce qui est de cette sortie ratée du ministre Cissé, il aurait pu simplement laisser un de ses cadres se charger de la lecture de ce communiqué, qui n’a produit aucun effet sur l’effet. C’est du moins ce que pensent certains observateurs.
Cet excès de zèle, a plutôt contribué à écorner son image, qui n’est déjà pas reluisante. Vu le manque de résultats auquel il est confronté depuis sa nomination, il y a près d’une année à la tête de ce ministère. Et dire que le ministre confond une dépêche à un communiqué, c’est le comble. Voilà ce qui arrive quand, dans un Etat comme le nôtre, on promeut « le militantisme ».
C’est du moins ce qu’affirment à tort et à raison des observateurs qui trouvent que ce sont des gens issus de la mouvance présidentielle qui font la pluie et le beau temps.
Aliou Sow (L’Indépendant)