Le gouvernement continue de tendre la main pour une reprise du dialogue (sans préalables bien sûr). L’opposition campe sur sa position en posant des conditions pour son retour autour de la table des discussions. Ainsi, elle continue d’appeler ses militants à occuper la rue pour une série de manifestations, jusqu’à ce que le pouvoir se plie à ses exigences. Ce dernier lui rétorque que c’est à la CENI, qui est une institution indépendante, de décider si elle doit arrêter ses activités sur le terrain et annuler le chronogramme qui prévoit la présidentielle en octobre prochain et les élections locales en 2016.
Il faut reconnaitre que par le passé l’on a eu à assister à des revirements du même genre de la CENI apparement dictés par Sékoutouréya. Cependant le rapport de forces est-il le même qu’à l’époque entre le pouvoir et l’opposition ? La situation imposée par la radicalisation de l’opposition pourrait à la longue, certes, causer de sérieux ennuis au pouvoir, et les désagréments sont déjà durement ressentis par les citoyens, notamment ceux de la capitale Conakry. Mais la guerre d’usure dans laquelle semblent s’engager Alpha Condé et ses opposants ne risque-t-elle pas d’aboutir à un résultat contraire à celui escompté par Cellou Dalein Diallo et ses pairs ?
En usant et abusant de son arme la plus redoutable, les marches ou plutôt les troubles et dérapages qui en résultent, l’opposition joue sa dernière cartouche et pourrait le payer cher si le combat perdurait. En dépit d’un engagement qui frise le fanatisme, ses troupes finiront bien par être gagnées par la lassitude, surtout que le manque de cohérence dans le discours et la stratégie (si l’on peut appeler ses tâtonnements et cafouillages comme ça) adoptée par ses leaders ont du mal à convaincre grand monde, y compris dans les médias et les milieux diplomatiques. D’où ce délire de persécution que charrient certains discours qui n’hésitent pas à s’attaquer aux ambassadeurs américain et français.
Même si ce serait peut-être aller vite en besogne que d’affirmer que « l’assaut final » rêvé par les figures de proue de l’opposition risque de se terminer par « un échec fatal » pour eux, l’on se demande bien comment Dalein et Cie pourront, en l’occurrence, rallier tout le monde à la thèse selon laquelle il est plus urgent et important d’organiser les élections locales avant la présidentielle.
Aujourd’hui la question est la suivante : s’il n’y a pas d’arrière-pensées, pourquoi l’opposition craint-elle tant d’aller à la présidentielle, alors qu’elle peut user de son pouvoir à créer le charivari pour imposer, non pas des communales, mais un scrutin présidentiel transparent et crédible ?
Top Sylla