Face à la situation de crise sociopolitique qui sévit actuellement en République de Guinée, notre reporter a recueilli les impressions du porte-parole de la mouvance, Dr Saliou Bella Diallo, qui a profité de cet entretien, pour faire un état des lieux de façon générale et révéler ses rapports particuliers avec le RPG d’Alpha Condé.
Dr Saliou Bella, la Guinée traverse une crise politique aigüe, conséquence d’un blocage lié au manque d’un cadre de concertation. Quelles solutions préconisez-vous pour sortir de cette impasse politique en tant que leader et aussi porte-parole de la mouvance présidentielle?
Dr Saliou Bella: Je vous remercie et je vous souhaite la bienvenue. Ici c’est chez vous. Selon l’éducation peulh, même africaine et guinéenne qui est particulière, nous sommes chez nous. Vous venez de chez nous et vous arrivez chez nous, bienvenus et je vous remercie d’avoir pensé à recueillir les avis du porte-parole de la mouvance présidentielle et en même temps leader du parti AFIA. Actuellement nous traversons une période de crise qui en réalité on aurait pu éviter. Parce qu’en réalité nous étions à la fin du troisième dialogue avec toutes les conclusions bien confinées et finalisées. Nous étions prêts à le signer puisque après quatre jours de dialogue au cinquième jour, nous avions épuisé les points à l’ordre du jour, c’était au mois de juin de 2014. L’objectif était de passer en revue l’état d’exécution des conclusions issues des deux premiers dialogues passés. Et donc nous avons passé en revue tout, et nous avons finalisé tout. Et nous étions prêts à le signer lorsque l’opposition a demandé une consultation à la base. Depuis on ne s’est plus retrouvés étant donné que tout était au jour le jour adopté par consensus. Aujourd’hui si encore nous retombons dans des discussions qu’on aurait pu éviter, c’est vraiment l’opposition qui n’a pas voulu qu’on revienne et qu’on puisse signer les conclusions du troisième dialogue. Pour un peu parler du cadre politique actuellement, nous sommes tous frappés par une épidémie d’Ebola et, où les deux groupes de sensibilités politiques sont en train de se préparer réellement pour l’élection présidentielle qui est prévue par la constitution. Le professeur Alpha Condé est élu et il est investi au mois de décembre 2010, et son mandat fini au 31 décembre 2015 selon la constitution, selon l’article 28 de la Loi. Donc chaque parti créé qui fonctionne et désireux de présenter un candidat, n’a pas besoin de demander à quiconque pour se préparer à se présenter. C’est un impératif. Les délégations communales et communautaires ont vu leur mandat épuisé, c’est-à-dire totalement fini, depuis 2005, et donc il y’a un dépassement de cent pour cent du mandat. C’est un programme qui était souhaité partout mais malheureusement qui n’en faisait pas partie des conclusions en fait de tous les ordres du jour qu’on avait fait au cours du deuxième dialogue consacré à l’organisation des élections législatives qu’on a effleuré au cours du troisième dialogue du mois de juin 2014. Cette effervescence actuelle, on aurait pu l’éviter en signant les conclusions du troisième dialogue et ça aurait éclairé tout le monde politique étant donné que nous étions en épidémie Ebola, nous aurions dit qu’à la fin d’Ebola nous allions procéder à l’organisation des élections communales et communautaires. On n’a pas signé. Et aujourd’hui la CENI ayant le devoir constitutionnel d’organiser les élections en république de Guinée, quel que soit le type d’élection, s’est donc occupée de son travail. Elle a présenté un chronogramme qui, en fait a provoqué des remous. Il y’a eu contestation de l’opposition, mais il y’a eu réaction de la mouvance et de l’exécutif. L’opposition a voulu qu’on organise immédiatement après avoir crié à cors et à cris, qu’il faut totalement dissoudre la CENI. Elle s’est vue bloquer parce qu’on a attiré son attention pour dire que la CENI est une institution républicaine et donc sa dissolution doit passer par l’Assemblée Nationale. Elle (l’opposition, Ndlr) a rebroussé chemin. Elle a fait volteface, à travers un virage de cent quatre-vingts degrés pour dire qu’il faut qu’elle (la CENI, Ndlr) organiser immédiatement les élections communales et communautaires. On est au mois de mars de 2015, dans ce cas, la CENI qui a programmé en une année d’organiser deux types d’élection en montrant qu’il lui faut un délai de six mois pour être prête à organiser n’importe quel type d’élection, donc elle a présenté un chronogramme en respectant, vraiment, l’impératif constitutionnel en mettant en premier lieu l’élection présidentielle et en deuxième lieu les élections communales et communautaires. Nous pensons que, nous mouvance, c’est quelque chose de réfléchi étant donné que nous Guinéens, il faut qu’on pense à la réalité, à l’objectivité, c’est-à-dire au réalisme en général. Nous avons souhaité que l’opposition puisse totalement abandonner la rue, puisque finalement c’est ce qu’elle a choisi librement. C’est ça la caractéristique actuelle de la physionomie de l’environnement politique en république de Guinée. C’est-à-dire que d’un côté il y’a l’opposition qui est à la rue et de l’autre côté la mouvance qui depuis trois mois, et même plus, tend la main amicalement à l’opposition pour qu’elle vienne et que nous puissions à travers un quatrième dialogue pouvoir examiner tous les problèmes qui nous assaillent pour trouver les solutions par consensus. L’exécutif a fait autant; elle a adressé des correspondances, elle a demandé à la mouvance et à l’opposition de se préparer pour venir dialoguer. Et donc actuellement ce qui caractérise le monde politique d’un côté pour l’opposition c’est la violence, alors que la violence, la marche en république de Guinée constituent la forme extrême de la revendication. Si c’est uniquement la marche c’est vraiment reconnu par la constitution, mais la marche en république de Guinée est toujours accompagnée de l’introduction de loubards, de citoyens violents et véreux qui en profitent pour créer des dégâts. Et donc on a attiré en vain l’attention de l’opposition et voilà que le 13 avril-là sa marche a été caractérisée par des violences; des personnes blessées et une perte en vie humaine. C’est ce que nous regrettons et c’est ce qui vient encore entacher l’actualité politique. C’est-à-dire des personnes blessées, des dizaines ensuite une personne morte. Ça, ça nous complique l’affaire, ce que la mouvance vraiment regrette ces actes et souhaite que l’opposition revienne à la raison afin que nous pussions nous retrouver et dialoguer. Puisque, à chaque fois que nous nous sommes retrouvés, nous avons trouvé des solutions. L’opposition présente des préalables, c’est ce qui vient en troisième position entacher cette actualité. Des préalables qui constituent les solutions de leurs revendications. Et, est-ce que vous voulez que, nous puissions, nous, de notre côté, de façon unilatérale, dire que nous acceptons ou bien que nous sommes d’accord pour ces solutions alors que nous ne nous sommes même pas retrouvés d’abord. Alors qu’antérieurement, en demandant que la CENI suspende ses activités en plein dialogue au cours du deuxième dialogue en juin 2013, alors, nous nous sommes joints à l’opposition pour demander à l’exécutif de suspendre les activités de la CENI et cela avait marché. Je pense que cette fois-ci encore l’opposition doit abandonner les préalables et répondre au dialogue pour que nous puissions vraiment désamorcer la crise et trouver des solutions à nos problèmes ! Voilà l’environnement que nous vivons actuellement et voilà la position de la mouvance présidentielle. Nous regrettons les cas de dégâts enregistrés, puisqu’aussi il y’a des dégâts matériels, les blessés mais aussi le cas de mort que nous avons enregistré. Nous regrettons cela et nous adressons nos condoléances à la famille du défunt. Nous demandons à l’exécutif de prendre en charge immédiatement tous les blessés afin qu’il n’y ait pas de complication et qu’ils puissent guérir sans devenir des personnes handicapées qui vont encore grossir le rang des personnes qui doivent être à vie prises en charge, c’est ce que nous ne voulons pas. Nous attirons l’attention de l’opposition que nous avons déjà des infirmes, des blessés partout et nous ne voulons pas grossir ceci, puisque cela coûte énormément cher à l’exécutif et à la population en général.
L’opposition exige que ses préalables soient remplis sinon elle va prendre de nouveau la rue le lundi et le jeudi. Comment comptez-vous contrecarrer cela puisque vous n’êtes pas prêts comme vous le dites à remplir les préalables?
Les préalables qu’ils présentent c’est déjà annoncer une décision sur le chronogramme. Alors que le chronogramme c’est déjà un point qui figure au cours de tous les dialogues: au cours du premier dialogue, au cours du deuxième dialogue, au cours du troisième dialogue et au cours du quatrième dialogue, c’est un point très important. C’est le premier point puisque le problème de fichier n’est plus à l’ordre du jour. Ça serait par exemple le chronogramme des élections communales et communautaires, l’élection présidentielle, les garde-fous qui peuvent être ressuscités ou reconduits comme le comité de suivi, le comité de veille, la commission technique, etc. voilà en fait les éléments d’ordre du jour d’un quatrième dialogue. Si on nous dit déjà de trouver des solutions aux différents points du quatrième dialogue, pourquoi dans ce cas parler de dialogue? Ces préalables, c’est l’ordre du jour. En aucun cas, au cours des différents dialogues qui se sont écoulés, on n’a parlé de préalables. Pourquoi inventent-ils encore çà? Dans ce cas, pour eux, quel serait l’ordre du jour? L’opposition doit reconnaître qu’elle voudrait nous préoccuper en vain afin que nous puissions évoluer vers une vacance de pouvoir. Et ça, c’est anticonstitutionnel et c’est dangereux pour notre pays, puisque nous aurions perdu tout l’acquis démocratique que nous avons enregistré depuis 2010. Je pense que tous les citoyens guinéens, avant d’être militants, souhaitent que la république puisse rester, que la démocratie puisse se développer et qu’après qu’ils sont militants où qu’ils se trouvent, quel que soit la sensibilité, souhaitent que cette démocratie avec l’évolution actuelle qu’elle est en train de faire, tout le monde souhaite que cela continue ce pour le bien-être de toute la Guinée et de tous les Guinéens.
Le Premier ministre a convoqué une réunion de crise pour explorer les voies susceptibles de mener à une sortie de crise. La mouvance est-elle associée à cette démarche?
Nous saluons ça. C’est le rôle de l’exécutif. L’exécutif l’a toujours fait. Au cours du deuxième dialogue il y’a eu des écrits de l’opposition, le président a appelé le Premier ministre pour lui demander en présence des acteurs politiques à Sékoutouréyah le 4 mars 2013 de trouver un cadre de concertation. Et c’est ce qui a débouché à la tenue du deuxième dialogue. Le troisième dialogue c’était la même chose, c’est le Premier ministre qui a été directement saisi et le Premier ministre a demandé au ministre d’Etat chargé de la Justice et Garde des sceaux de trouver un cadre et de procéder à la tenue du troisième dialogue. C’est cette fois-ci encore sous l’instruction du chef de l’Etat le professeur Alpha Condé, président de la république, qui a été à la base de tous ces dialogues, qui a dit au Premier ministre de s’adresser au groupe politique, c’est-à-dire à la mouvance et à l’opposition pour que nous puissions, au cours d’un quatrième dialogue, nous entretenir sur les différents points qui nous opposent, je pense que c’est quelque chose de salutaire que la mouvance soutient et assure sa disponibilité pour que ce quatrième dialogue puisse se tenir convenablement.
Entretien réalisé par Oumar Daroune Bah (L’Indépendant)