Dans un entretien accordé à notre reporter, Jean-Marc Telliano, président du Rassemblement pour le développement intégré de la Guinée(RDIG) affiche sa détermination à se battre aux côtés de l’opposition républicaine, jusqu’à ce que le pays parvienne à une alternance en 2015, à la faveur de l’élection présidentielle.
Est-ce que le RDIG est pour cette série de manifestations appelée par l’opposition ?
Jean Marc Telliano : Qui parle de l’opposition parle du RDIG. Donc l’opposition est en commun accord avec le RDIG de manifester, compte tenu du non respect des différents accords que nous avions eu à faire avec le gouvernement. Nous allons manifester jusqu’au moment où nos préoccupations seront prises en compte. Et cette manifestation va s’élargir sur toute l’étendue du territoire à partir du jeudi. Le RDIG est déterminé à accompagner cette opposition républicaine dans ses revendications nobles. Parce que vous n’êtes pas sans savoir que le
chronogramme des élections a été inversé. J’étais très surpris encore d’entendre un président qui n’a pas preuve de « responsabilité. » Parce que comme il est fort des annonces à l’extérieur de notre pays, moi je pense qu’il
était judicieux quand nous sommes dans une crise aussi aigüe, qu’on privilégie le peuple, le pays, l’Etat. Mais ça ne me surprend pas, c’est un président qui a l’air d’ignorer jusqu’où s’étend sa « responsabilité ». Parce qu’un père de famille qui ne veut pas que la paix règne au sein de sa famille, prendra toujours des décisions contraires aux décisions de sa famille. Mais comme c’est un affront qu’il veut, nous sommes prêts, il nous trouvera sur son chemin.
Il dit qu’il n’y a pas eu de tirs à balles réelles, et que le maintien d’ordre est un maintien d’ordre civilisé. Pourtant l’opposition parle de blessés et de morts….
Qui parle de civilisation ? S’il est civilisé vous le savez au même titre que moi. C’est des sources hospitalières, ce n’est même pas l’opposition qui affirme les informations dont vous faites allusion. Ce sont des sources hospitalières, c’est pour vous dire qu’il a du mépris pour ce peuple. Comment un président responsable peut nier la mort d’un des citoyens guinéens, allez-y à la morgue de Donka, vous allez trouver les corps. Je l’ai toujours dit, ce système est un
système d’irresponsables, nous avons besoin aujourd’hui d’un président bâtisseur, celui qui peut réunir tous les Guinéens. Mais je suis vraiment désolé, parce que l’arrivée au pouvoir de monsieur Alpha Condé a suscité beaucoup d’espoir. Tous les présidents qu’il a succédés, si je m’appesantis un peu sur le côté formation, en tant que professeur, il semble être le mieux côté. Mais ce n’est pas surprenant, mais comme je vous l’ai déjà dit, moi en ma qualité de leader du RDIG, j’irai jusqu’au bout.
Une mission des Nations Unies séjourne actuellement en Guinée dans le cadre des bons offices, et elle devrait rencontrer l’opposition. Qu’en est-il réellement ?
J’ai appris au même titre que vous qu’il y a une mission des Nations Unies en Guinée, mais pour le moment je n’ai pas eu l’information si nous sommes invités à rencontrer cette mission ou pas. Mais dès que j’aurais l’information je vous tiendrais au courant.
Lors des évènements du lundi 13 et du lendemain mardi, est-ce que les militants du RDIG ont été inquiétés, c’est-à-dire interpelés ou blessés ?
Non particulièrement. Nous, on n’a pas eu de blessés graves mais nous avons eu des interpellations, parce qu’à Matoto, mais ils sont restés là bas presque toute la journée et c’est la soirée qu’ils ont été libérés au même titre que quelques militants de l’UFR.
On sait que ces événements, le bras de fer repose sur la tenue des élections communales et présidentielle. Où en êtes-vous dans les préparatifs au niveau du RDIG?
J’ai même quelques ordres de mission que j’ai en ma possession et au moment où je vous parle même, j’ai trois missions qui sillonnent toutes les préfectures de la république de Guinée. Et moi même j’ai reporté ma tournée qui devait commencer le 15 avril, mais compte tenu de mon calendrier parce que je devais me rendre à l’extérieur, mais j’ai repoussé la mission à une date ultérieure. Et comme je dois me déplacer dans 72 heures, c’est à mon retour que je vais entamer la mission, d’abord la première étape c’est pour la Guinée forestière. La deuxième étape la haute Guinée, le Foutah et la basse côte. Mais quand même il y a une mission qui est déjà sur le terrain.
Récemment, il y a eu des évènements dans une localité de Guekédou où il y a eu des exactions sur des populations à cause de la mutation d’un proviseur. Où en est-on de cette situation à ce jour, quand on sait des enfants avaient été interpellés par des forces de l’ordre ?
Le code de travail dit que quand vous mutez un fonctionnaire, il faut lui donner le minimum de temps pour arranger au moins ses affaires. Mais ils ont muté madame Victorine KOUNDOUNO juste parce qu’elle est l’épouse de mon
candidat uninominal qui tient aujourd’hui Guékédou. C’est la raison, parce qu’il sont passés par tous les moyens pour qu’elle change de camp, mais elle a dit « non » qu’elle a une dignité, qu’elle ne peut pas quitter le RDIG pour aller dans le RPG parce que le RPG est au pouvoir. Mais qu’elle est au service de l’administration, partout où
on l’enverra qu’elle est prête à servir. Ils envoient la décision du ministre de l’Enseignement pré-universitaire et de l’alphabétisation, le lendemain on envoie des militaires pour faire la passation. Et les élèves, vu cette attitude irresponsable de l’autorité locale, se sont soulevés et parmi eux, il y avait des élèves du RPG, parce que leurs
parents appartiennent aux différentes obédiences politiques. Qui se sont soulevés contre le gré du proviseur du lycée, mais au finish le proviseur du lycée les a calmés, d’accepter qu’ils fassent la passation. Mais est-ce qu’une passation vaut la venue de plus de 500 militaires ? Ils ont envoyé une dizaine de camions, ils ont violé des femmes, cassé des maisons, la population était obligée de rentrer en brousse où ils ont passé quatre jours. Ils ont pillé tous leurs biens parce qu’ils ne sont pas du RPG. C’est à cause de cela que j’ai fait un point de presse et nous avons mis le gouvernement en garde, et nous avons exhorté nos forces de sécurité et de défense dites républicaines, qu’il ne faut pas qu’elles pensent qu’elles sont à la solde d’un régime mais plutôt pour la protection du peuple. Mais dommage vous avez vu aujourd’hui qu’Alpha Condé veut caporaliser tous les systèmes. C’est pour cela qu’en 2015 nous allons nous battre pour que nous ayons une alternative.
Disons que le capitaine Dadis que vous avez côtoyé à un moment donné, a démissionné de l’armée. Le retour de ce monsieur au pays et même son entrée probable en politique défraie la chronique. Comment entrevoyez-vous cela ?
Vous savez je ne peux pas décider à la place de Dadis. Dadis est un ami d’enfance, c’est un frère donc s’il a pris cette décision je ne pourrais que l’encourager et le féliciter .Parce que c’est lui qui a pris cette décision, C’est un homme mûr je ne peux pas juger en son lieu et place. Qu’il vienne dans la politique ou qu’il ait démissionné pour quelque raison que ce soit, très franchement je ne peux pas faire trop de commentaires autour de ça, mais s’il pense que la décision qu’il a prise c’est une bonne décision, je ne pourrais que l’encourager.
Entretien réalisé par Alsény Fadiga (L’Indépendant)