Le 15 Février passé, j’écrivis un article, très long, intitulé : « La réponse pérenne au problème d’insécurité en Guinée[1] ». Dans cet article, j’expliquai les raisons qui expliquaient la recrudescence de l’insécurité en Guinée et puis je donnai quelques éléments de solutions. La Guinée est un pays où il n’existe pas de dialogue entre les élus, la classe dirigeante et le peuple, sinon mon article mettait au point des choses qui devaient susciter un débat public national. Dans l’article je mis l’accent sur quatre raisons expliquant notre incapacité à protéger nos citoyens contre l’insécurité.
Dans l’une de ces causes, je mis l’accent sur l’échec du contrôle des flux migratoires. Je déclarai ce qui suit : « N’importe qui peut rentrer en Guinée par l’une de ses frontières, sans avoir les papiers requis, il suffit qu’il emprunte le trafic routier. La Guinée-Bissau nommée « Highway 10 » avait servi de relais à la Capitale guinéenne, comme plaque tournante dans le narcotrafic. Et depuis 2010, « les saisies effectuées en Guinée et les affaires survenues à l’étranger en lien avec le narcotrafic ont augmenté depuis l’avènement au pouvoir d’Alpha Condé », voilà ce qu’écrivit un rapport du département d’Etat américain publié en 2013. Le narcotrafic et le trafic d’armes sont des activités complémentaires. La lutte contre les cartels ne fut pas l’une des priorités du gouvernement d’Alpha Condé, qui délaissa, sans rien faire, la lutte contre le narcotrafic et les activités qui servent à leurs agents de compléments.
En plus, en Guinée, on ne peut faire la part des Guinéens des étrangers, et cette confusion est un terreau pour la délinquance et même la criminalité. Les étrangers vivant en Guinée pour la plupart n’ont pas de titre de séjour, ils vivent dans la plus grande informalité. Les titres de séjour sont chers, on ne sait même pas comment s’en procurer. La sous-région ouest africaine est en proie au terrorisme, il n’est pas normal que les étrangers qui vivent, rentrent dans notre territoire soient inconnus de nos autorités. Notre politique de veille territoriale souffre de ce manque de contrôle des flux migratoires, il faut repenser nos pratiques, lesquelles visent à pousser les étrangers vivant en Guinée à se confiner dans l’informalité, du fait du prix très élevé des titres de séjour, de la rigidité des textes de loi et des mauvaises pratiques managériales. »
Quelques mois après, le temps me donne raison. A ce qui parait, l’ancien Ministre guinéen et haut cadre onusien M. Thierno Alioune Diaouné, aurait été assassiné par un réseau de bandits de différentes nationalités. Si les faits sont avérés, cela dénoterait de la faillite du notre contrôle des flux migratoires.
Les solutions sont dans le même article. En vue du contrôle des flux migratoires, je dis : « L’Agence nationale chargée de la lutte contre le trafic de drogue, la criminalité organisée et le terrorisme en Guinée », mérite de nos jours une restructuration, ses pouvoirs sont trop discrétionnaires et cela ne permet de lutter contre la criminalité, le terrorisme et le narcotrafic. Elle jouit d’un monopole purement discrétionnaire, qui s’oppose à la transparence et facilite donc les collusions.
Une telle agence ne peut disposer de l’information utile au bon moment. Il nous faut une agence bien plus qualifiée et ne disposant pas de pouvoirs discrétionnaires. Il peut exister des mutualismes de la corruption et il peut arriver que les intérêts de l’agence en place et ceux de narcotrafiquants coïncident, dans une telle éventualité il n’y aurait jamais d’arrêt de criminels ou d’auteurs. Le Directeur actuel de cette agence est objet d’enquête judiciaire dans le cadre des évènements du 28 Septembre 2009, et voilà pourquoi les agences internationales de lutte contre le narcotrafic et le terrorisme ne veulent coopérer avec lui. Pourtant, il faut des coopérations en matière de lutte contre le narcotrafic et le terrorisme, aucun pays ne dispose suffisamment d’un système de veille territoriale pour recueillir les informations d’alerte ou même grises au bon moment. Il faut de la coopération avec les services de renseignement d’ailleurs, ce qui n’empêche pas de mettre en place une structure hautement qualifiée, pérenne, pourvue de ressources utiles à la prévention du terrorisme et à la lutte contre le narcotrafic. On ne peut lutter contre les cartels avec une agence esseulée, vivant en autarcie et disposant des pouvoirs et monopoles discrétionnaires. Les enjeux du terrorisme sont très grands pour avoir un système d’alarme aussi faible. »
L’article était passé inaperçu , je profite de l’arrestation de ces criminels, pour appeler les autorités guinéennes à continuer les réformes et à examiner les idées de l’article. On ne peut pas accepter que nos hauts cadres se fassent tuer telles des bêtes, il faut continuer à agir !
Ibrahima SANOH
Citoyen guinéen