Censure

Dalein à Sékhoutouréah : La rencontre de la dernière chance ? (Par Mamady Kéita)

La rencontre entre le président Alpha Condé et  son principal opposant Cellou Dalein Diallo le 20 mai prochain, dans le cadre d’un échange autour des préoccupations liées au processus électoral est considérée comme étant la rencontre  de la dernière chance pour une sortie de crise. Car l’issue de cette rencontre déterminera l’avenir du processus électoral, dans la perspective de la présidentielle, dont le chronogramme fixé au 11 octobre, divise déjà les acteurs politiques.

La rencontre entre le chef de l’Etat guinéen et le chef de file de l’opposition guinéenne Cellou Dalein Diallo, initialement prévue pour le 8 mai dernier avait été reportée à la demande de l’opposant. Report qu’il avait justifié par des motifs liés à la tension qui avait entouré le déroulement d’une manifestation de l’opposition qui s’était déroulée le 7 mai dernier dans la capitale. Une manifestation qui avait dégénéré en émeutes entre manifestants et forces de l’ordre. Cellou Dalein Diallo avait toutefois annoncé sa disposition de rencontrer le président à une date de sa convenance. Et pour donner une chance à une sortie de crise, à l’issue de cette rencontre en vue, l’opposition a décidé de  reporter   sa manifestation prévue le 11 mai.

Selon un communiqué officiel, cette entrevue a pour objectif de parvenir à « l’aboutissement d’un dialogue permanent en vue d’aller vers des élections libres, crédibles et transparentes dans notre pays.» Il s’agit en effet de donner « une chance » à la concertation qu’il aura avec le président Alpha Condé la semaine à venir. Initialement prévue pour le vendredi 8 mai, la rencontre avait été reportée à la demande de Cellou Dalein Diallo, qui s’était dit « choqué » par la tournure des événements lors de la marche de l’opposition qui s’est déroulée jeudi dernier. Et qui avait dégénéré en affrontements entre forces de sécurité et manifestants, dans certains quartiers de la banlieue de Conakry.

Bien qu’attendue par de nombreux observateurs, cette rencontre entre Alpha et son principal opposant ne semble cependant pas suscite un engouement quelconque chez certains acteurs politiques de premier plan. Comme Sydia Touré,  président  de l’Union des forces républicaines (UFR).  Un des leaders de l’opposition.  Pour lui, «cela relève de la volonté du pouvoir de repousser le plus tard possible l’instauration d’un dialogue national. Nous pensons que, malgré tout, la volonté de sortir de ce blocage, l’emportera sur les calculs politiciens dont Alpha Condé est coutumier », a-t-il réagi sur la toile. Bah Oury, vice-président de l’UFDG de Cellou Dalein Diallo, semble partager cet avis de Sydia Touré. Car, selon lui, il s’agirait juste « d’un coup médiatique » destiné à soigner l’image d’Alpha Condé à l’extérieur, en le faisant passer pour un homme ouvert au dialogue. Ce qui aux yeux de Bah Oury n’est qu’une vision étriquée des réalités.

A la veille de cette rencontre, les discours se font de plus en plus musclés. Dans le camp présidentiel, comme du côté de l’opposition. Alpha Condé multiplie en effet les attaques verbales contre les anciens Premiers ministres, au gré géré de ses discours. Accusant ceux-ci d’avoir agenouillé le pays. Le chef de l’Etat soupçonne d’ailleurs le principal parti d’opposition, l’UFDG, de bénéficier d’un financement de Benny Steinmetz, milliardaire israélien, patron de la société BSGR, à laquelle l’Etat guinéen a retiré deux blocs miniers sur le mont Simandou, acquis sous le règne de Lansana Conté 2006. Les nouvelles autorités invoquent des pratiques de corruption qui ont entouré la cession de cette concession minière, pour justifier leur démarche, qui s’inscrit dans le cadre de la réforme du Code minier guinéen.

Cellou Dalein Diallo, pour sa part, accuse le chef de l’Etat  de « propager la haine politique et ethnique dans notre pays ». Profitant de l’enterrement de deux victimes tuées lors de la dernière manifestation qui s’est déroulée le 7 mai dernier, le chef de l’opposition, dénonce le manque de volonté de la part du président de situer les responsabilités dans la répression policière qui entoure les manifestations politiques en Guinée.

« Tout le monde en a marre de ce régime. Tout le monde n’est pas sorti, mais tout le monde est fier de vous », a déclaré en substance Dalein, visiblement très amer.

C’est dans ce climat de tension, qu’interviendra cette rencontre, dont le but est de parvenir à aplanir les divergences autour du chronogramme électoral.

Mamady Kéita

In Le Démocrate

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