Je parle ici des ainés. Ceux qui sont comme des repères pour la nouvelle génération africaine. N’oubliez pas que vos enseignements sont à nos yeux des ponces, c’est-à-dire la poudre colorante abrasive qui, sur un tampon, permet, par frottement, de reproduire un motif sur un support. Alors voyez-vous ? Lorsque vous nous recommandez une ligne de conduite, la tradition qui repose sur le respect des principes de Droits d’ainesse nous dicte l’entière obéissance sans retenue.
Nous avions appris depuis le berceau que, pour bénéficier de la bénédiction de ses ainés, il faut les écouter. Ils sont les détenteurs de la vérité, et forts d’une foule d’expériences dans le temps, les ainés sont toujours pétris de cette volonté de transmettre la sagesse aux maillons de la chaine sociale, pour la survie continue.
Mais, au regard des données sur le tas, par rapport à vos soucis de se hisser au faîte de la commande ou de s’y maintenir, nous commençons à être confus face à cette logique de transmission des enseignements de sagesse en tout temps et en tout lieu.
Vos affronts verbaux nous rendent perplexes et, mais surtout incrédules face à la morale. Pour preuve, nous les plus jeunes sommes enclins aujourd’hui à l’imitation des attitudes de contestations que de raisons. Du jour au lendemain, le nombre de ceux qui violent les normes d’éthique, devient plus considérable que ceux qui hésitent à se comporter avec moins d’humilité. La modestie disparait progressivement de nos pratiques. Le manque de civisme va crescendo au point que le jeune africain n’a plus peur de vandaliser à tout bout de champs les acquis pourtant obtenus au prix de multiples sacrifices.
L’Afrique aujourd’hui, c’est l’image des hommes en uniforme, souvent armés jusqu’aux dents, et des civils, usant d’armes de fortune, les deux camps lancés dans une épreuve de force, au nom de je ne sais quoi.
Après la conquête du soi disant victoire de la journée, les comptables des tendances qui se livrent à un derby politique, crient au triomphe de leurs camps respectifs par rapport à l’adversaire. L’on se réjoui tellement du résultat que l’adversaire est parfois vu comme une cible à abattre, ou le pire ennemi. Alors que le différend géré la journée, ne se traduit que par un simple désaccord sur le OUI ou sur le NON dans le jeu démocratique.
2015, est on ne plus une année électorale en Afrique. La coïncidence de calendriers pour la joute électorale, rend cependant le continent fragile au prorata des convulsions que les uns et les autres entretiennent dans divers pays de cet ensemble géopolitique dont les préoccupations majeures devraient, en ce 21ème siècle, dominées par les possibilités de développement et de formation, profitables à nous jeunes africains.
Le cas échéant, nous serions très fiers des ainés, pour nous avoir assuré un avenir radieux, loin de tous les mystères de réussite et de triomphe sur l’afro pessimisme. Rien que pour ce souci, nous voulons enfin que vous ayez pitié de nous. Sinon, la jeunesse africaine serait dans la gueule du loup.
Alpha Kabinet Doumbouyah