Le président de l’Union démocratique de Guinée (UDG) Elhadj Mamadou Sylla se prononce sur les faits marquants de l’actualité nationale, à savoir le chronogramme électoral, la situation sociopolitique, la candidature de Dadis Camara entre autres, dans un entretien accordé à notre reporter.
Monsieur le président, quels regards faites-vous aujourd’hui sur la situation sociopolitique de la Guinée?
El Hadj Mamadou SYLLA : J’ai dit en septembre à Paris sur un site guinéen que j’ai peur que ça ne tremble en Guinée sur le plan politique. Je trouve qu’il y a beaucoup de problèmes, et exactement ce que je craignais est ce qui se dessine aujourd’hui. La situation est de nos jours bloquée. Ça doit donner à réfléchir à tout homme politique ou entrepreneur comme moi, je dois avoir peur. Si personne ne veut bouger sur sa décision là, il y a inquiétude.
Quelle est votre position par rapport au chronogramme électoral qui fixe la présidentielle avant les communales?
Tout cela est question de compréhension, de tolérance, le mieux serait de s’entendre, de se comprendre entre nous Guinéens. Le problème en Guinée aujourd’hui c’est nous les politiciens. C’est nous qui manipulons, c’est nous qui amenons les jeunes dans la rue. Nous devons cesser de manœuvrer la population. Ce n’est pas nous qui les faisons vivre. Si nous continuons la même chose, ce peuple continuera à souffrir. Le Guinéen vit du quotidien. Dans les manifestations de rue, personne ne gagne dedans. Nous devons avoir pitié des autres.
Qu’est-ce qu’il faut pour éviter qu’on ne continue à vivre la même chose, en termes d’instabilité ?
J’avais demandé expressément au plus âgé des 24 candidats en 2010 qui est Alpha Condé aujourd’hui au pouvoir de prendre les dispositions pour éviter qu’on ne tombe dans les troubles. Je parle souvent comme centriste, réconciliateur, je trouve qu’il y a des problèmes. Je suis très inquiet quand je sais que j’ai beaucoup investi dans ce pays et quand ça va dégénérer, personne ne pourra partir avec ses biens. Moi je ne peux même pas prendre une valise. Nous devons nous ressaisir et comprendre que le tour de chacun arrivera.
Votre parti est avec la mouvance aujourd’hui, maintiendrez-vous cette position pour la présidentielle prochaine ou votre parti se portera candidat?
Écoutez, c’est peut être très tôt de parler de cela. De ce mois jusqu’en octobre, il ne reste que 04 mois. Mais, je voudrais vous dire que rien n’est encore ficelé entre le Rpg-en-ciel et l’UDG. Rien n’est concret entre lui et moi. Nous nous rencontrons c’est vrai, dès fois au téléphone, mais, rien n’est encore signé entre nous. Je ne sais pour le moment si je peux l’accompagner ou pas. De nos jours, rien n’est formelle entre nos deux partis.
Qu’elle est votre réaction par rapport à l’annonce de la candidature de l’ex-chef de la junte militaire Moussa Dadis Camara pour 2015 ?
Je n’ai jamais entendu que Dadis est inculpé dans quelque chose. En France qu’est ce qui n’est pas monté contre Sarkozy. Tant que la justice ne l’inculpe pas, je ne peux rien lui reprocher. Dadis est victime de quelqu’un. Je trouve que Dadis est Guinéen comme tout le monde, il a droit et plein droit de se présenter comme candidat. Je dirai qu’il veut rester au Burkina. Ç’aurait été moi, je prendrai tranquillement mon avion ou par la route, pour rentrer en Guinée sans bruit rien.
Monsieur le président, vous venez d’être victime d’un incendie à Kindia, pouvez-vous estimer le niveau des dégâts causés par ce sinistre ?
Bon, ça fait très mal au cœur moi je ne sais pratiquement jusqu’ici combien j’ai perdu là-bas. Un site touristique panafricain comme cela ne doit pas partir comme ça en fumée. Les enquêtes sont en cours. Ce site a reçu plein de personnalités.
Tabo MBéki, Alpha Condé, sa femme, les sociétés minières passent leurs séminaires sur ce site, le PM guinéen, les membres du gouvernement. La photo d’hier et aujourd’hui ne sont pas les mêmes. Je trouve que c’est criminel. Le gardien que j’accuse a fait treize ans avec moi.
Il me disait que je suis son papa. Mais, comme il menaçait avant de quitter en disant qu’il ne déposera pas les clefs, c’est lui qui aurait pris mes objets là-bas donc je pourrais que l’accuser. Je compte reprendre le lieu parce que c’est des milliards que j’ai mis là-bas, cela ne doit pas rester comme ça.
Votre point de vue par rapport à la rencontre du chef de l’opposition à Sékhoutouréah, ce mercredi, 20 Mai 2015 avec le Président de la République?
Je dirai tout simplement que c’est bon, je ne peux que souhaiter cela. J’ai fais beaucoup de personnes, conseiller plein de gens mais, je trouve que le résultat sera très maigre. Parlant du chronogramme électoral, je dirai que ce n’est pas leur boulot, c’est le travail de la CENI. C’est à elle de discuter d’une date quelconque. Où vous laisser l’indépendance de la CENI. Ni Alpha, ni Dalein n’a le droit de parler de cela. Des rencontres comme ça, c’est toutes les couches qui devraient être impliquées.
Vous avez dit quelque part que ‘’si Dadis est candidat, Alpha Condé ne peut plus être réélu au premier tour’’. Qu’est-ce qui vous fait dire cela ?
Je l’ai dis parce que je ne vois pas qu’avec beaucoup de candidats qu’il puisse rafler dès le premier tour. Je ne suis au courant de rien à la mouvance et si on me tend le micro, je dirai la réalité. Je dirai ce que je pense. Sachons que les partis ont pris la coloration des régions et des ethnies aujourd’hui mais, pour que tu sois président en Guinée la vérité est qu’une seule région ne peut élire quelqu’un.
C’est le peuple qui est roi, c’est à lui de nous choisir, de nous porter confiance. Même si je suis de la mouvance aujourd’hui, leur façon de gérer en n’informant que ce de qu’elle veut m’informer, pour un acte que nous devons avoir en commun, alors là, je dirai ce que je peux dire comme point de vue.
Interview réalisée par Moussa Traoré (L’Indépendant)