Sidya Touré, leader de l’UFR ; Bah Oury, no2 de l’UFDG ont tous « pris acte » –de manière officielle-, de la candidature du capitaine Moussa Dadis Camara à la prochaine présidentielle.
Pour Sidya Touré : « Dadis est un fils du pays. Il peut être candidat et je pense qu’il est libre de le faire. Maintenant quelles sont les conditions et la manière, c’est la question. Mais moi je ne vois pas d’inconvénients à ce que quelqu’un qui représente quelque chose dans notre pays ne puisse prétendre à assurer des responsabilités. Dans la mesure où nous pensons qu’un consensus national doit être trouvé pour faire partir ce régime qui, depuis cinq ans, a créé les conditions absolues d’une misère dans notre pays, si de nouveaux acteurs, de la trempe de Dadis pouvaient s’ajouter à ce combat et à la recherche de ce consensus national, je pense que ça ne peut être qu’un bien pour la Guinée.»
Bah Oury enfonce le clou : « Alpha Condé avait promis aux proches et sympathisants du capitaine Dadis de le faire revenir en Guinée dès son élection à la présidentielle de 2010 et de le traiter comme un ancien chef de l’Etat. Cinq années plus tard, la promesse n’a pas été tenue. Un groupe de femmes de N’zérékoré a manifesté pour exiger le retour de leur fils, sinon les élections présidentielles n’auront pas lieu dans leur région. C’est un boulet attaché aux pieds d’Alpha Condé qui vient d’être rattrapé par ses multiples promesses fallacieuses qu’il n’a jamais eues l’intention d’honorer. »
Autant dire que des leaders trouvent tout à fait normal que Dadis se présente, puisqu’il est un citoyen guinéen libre. Cela est assez paradoxal, dans la mesure où c’est, l’UFDG par exemple, qui a le plus désigné Dadis comme étant le principal responsable des événements du 28 Septembre 2009, qui ont fait plus de 150 morts et des dizaines de femmes violées. L’UFDG, on se le rappelle, a revendiqué le plus grand nombre de victimes et a toujours voulu que lumière soit faite sur cette tragédie qui aujourd’hui encore traumatise le peuple de Guinée.
L’on s’attendait à ce que le parti de Cellou Dalein et donc ses principaux dirigeants crient au scandale face à l’annonce de la candidature de Dadis, pour avoir payé, selon eux, le plus lourd tribut lors de ce massacre. Il aurait été tout à fait compréhensible que l’UFDG monte au créneau pour dénoncer cette annonce et en appelle à l’invalidation de cette candidature. Au moins pour des raisons de morale et de décence -même si juridiquement le capitaine Dadis n’est ni inculpé encore moins condamné, l’UFDG aurait été cohérente en dénonçant sa candidature.
Mais il faut croire que les calculs politiciens sont très vite entrés en jeu et que pour ces raisons, le parti ne voudrait pas s’aliéner l’électorat de la Guinée Forestière notamment qui demeure très favorable au capitaine Dadis. Les victimes du 28 Septembre passent au second plan…
Aziz Sylla