Censure

Jusqu’à preuve du contraire : Malices au pays des merveilles (Par Top Sylla)

Au cours d’une promenade, deux opposants guinéens croisent le chemin d’un génie. Animé de bonnes intentions, ce dernier dit à l’un :  » formule un vœu que je vais réaliser sur le champ, et quel qu’il soit
j’accorde le double à ton compagnon ».

– « crève-moi un oeil’ ! répondit, non sans malice, celui-ci. Il aura fallu que le Professeur, en vieux briscard, leur fasse le coup de l’adversaire repenti qui veut jouer à l’apaisement, pour que nos opposants-opposés exhument en leur sein les vieilles rancœurs et exhibent leurs égos boursouflés. En attendant l’inévitable clash autour de l’idée d’une candidature unique de l’opposition à la prochaine présidentielle, on est à l’heure de la cacophonie et des piques assassines. Avant la franche zizanie.

A l’UFR, sur l’invitation avortée de Cellou Dalein à Sékoutouréya, c’est d’abord Baïdy Aribot qui donne le ton en estimant qu’en tant que chef de file de l’opposition celui-ci aurait dû aller rencontrer le Professeur, au nom des autres leaders opposants. Avant qu’un autre responsable du même parti, Mohamed Tall, dise tout autre chose : le patron de l’UFDG ne saurait parler qu’au nom de sa propre formation politique. De son côté, l’ancien Premier ministre Kouyaté dira qu’il n’a pas été consulté sur le sujet, avant d’ajouter, après la publication de la lettre du Professeur à Mohamed Saïd Fofana lui enjoignant de rouvrir le dialogue politique, que c’est simplement une farce.

Comme prévenu, le chef de file de l’opposition (à ne pas confondre avec « chef de l’opposition »), s’est bien gardé de jouer au porte-voix de tous les opposants à ladite rencontre. Ses récriminations, même si elles sont partagées par l’ensemble de l’opposition dite républicaine, il les fera en tant que leader de l’UFDG, et le communiqué qui suivra sera également signé de ce parti.

Résultat des courses ? Si l’intention de l’hôte de Sékoutouréya avait été, en tendant la main à son principal opposant (en fait il ne lui a pas serré les pinces), de casser la dynamique des marches, ou plutôt des troubles orchestrés par des leaders dans leur douillet « confinement », on peut dire qu’il est sur le point de réussir. Cellou et Cie pourraient éprouver de la peine à faire redémarrer la machine après cette « accalmie » marquée par des hésitations, des volte-face, voire des fissures qui menacent leur union de façade.

Déjà, lors d’une assemblée générale de son parti, le vice-président et fondateur de l’UFR a été catégorique. Pour Goyo Zoumanigui, la stratégie des marches a montré ses limites et il faudrait songer à trouver autre chose. Pendant ce temps, le Professeur se tape des bains de foule (pan, pan et pan !) dans l’arrière-pays, par le biais d’une campagne qui ne dit pas son nom.

Loin des humeurs et rumeurs de Conakry qui, ces derniers temps, indexent le député de Kaloum, Baïdy Aribot, comme le nouveau Judas Iscariote de l’opposition. Vrai ou faux, un enregistrement téléphonique que certains voudraient compromettant fait le buzz sur les réseaux sociaux. Quant aux trente deniers, ils auraient la forme d’un juteux ministère.

Après tout, ne dit-on pas qu’en politique un reniement n’est que de la tactique, et une trahison de la simple habileté ? Et ce n’est pas Jean Marie, le staphylocoque Doré de la classe politique guinéenne, qui lui jettera la première pierre. Jusqu’à preuve du contraire …

Top Sylla

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