Censure

Relance du dialogue : Le quitte ou double de l’opposition

L’opposition républicaine veut se donner un temps de réflexion,  avant d’apporter une réponse à la main tendue du gouvernement, en faveur de la reprise du dialogue. Lors d’une réunion qui a regroupé ses principaux leaders mardi dernier, l’opposition s’est dite favorable au dialogue, mais pas n’importe quel dialogue. Reste à savoir si Cellou Dalein Diallo et ses pairs vont bouder cette « opportunité » offerte par le président de la République, pour plancher sur le processus électoral, alors que le scrutin du 11 octobre approche à grands pas.

Les opposants avaient repoussé leur réunion prévue pour lundi dernier, au lendemain, pour cause de fête. Cette journée ayant coïncidé avec le 25 mai, marquant la commémoration de la naissance de  l’OUA, actuelle UA. Au sortir de ce conclave, qui s’est déroulé au bureau de Sydia Touré, président de l’Union des forces républicaines (UFR), son porte-parole Aboubacar Sylla en a fait un briefing à la presse.  «Nous venons de recevoir, à peine quelques minutes un courrier du ministre de la Justice. Nous sommes ouverts au dialogue mais pas pour n’importe quel dialogue. Nous ne voulons pas d’un dialogue faire-valoir, mais d’un dialogue sérieux, sincère et structuré pour permettre d’aboutir à la sortie de crise grâce à des solutions consensuelles», a souligné le président de l’Union des forces du changement (UFC), dans son compte-rendu de séance.

Et de poursuivre son propos en disant ceci  «nous avons examiné le courrier que le ministre nous a adressé. Nous y avons trouvé quelques sujets qui méritent des réflexions. Nous avons notamment constaté qu’aucun calendrier n’y est proposé pour la reprise du dialogue et qu’on nous suggère nous-mêmes des propositions concernant le calendrier de dialogue. Nous avons estimé que l’ordre du jour qui y figure est nettement insuffisant et ne prend pas en compte toutes les préoccupations de l’opposition. Nous avons vu que la question liée au cadre proprement du dialogue, notamment la présence du facilitateur ou du représentant de la communauté internationale n’est pas non plus incluse dans cette lettre», a fait remarquer Aboubacar Sylla.

Et pour clore, l’opposant a affirmé : «nous allons nous donner le temps de réfléchir, de consulter nos bases respectives avant de réagir probablement dans les 48h ». Il n’a pas manqué de rappeler « qu’en tout état de cause, l’opposition  a toujours affirmé sa volonté de dialogue. Nous sommes ouverts au dialogue, nous avons toujours été demandeurs de dialogue. Nous avons fait aussi des manifestations pour le dialogue, nous avons subi des violences pour le dialogue», selon Sylla.

Cette réunion a porté en effet sur la lettre adressée au premier ministre par le  président Alpha Condé qui  a instruit Mohamed Saïd Fofana  d’ouvrir le  dialogue avec les acteurs impliqués dans le processus électoral, pour  que « des solutions acceptables  et conformes à la loi soient trouvées dans le  souci de favoriser l’organisation des élections présidentielles et communales transparentes et équitables.» Dans sa missive, le chef de l’Etat souhaite «qu’un dialogue soit organisé dans les meilleurs délais,  cela après son entretien avec les deux parties, et  après consultation d’autres entités intéressées par l’organisation des élections », a-t-il précisé. Le président Alpha Condé recommande ainsi que ce dialogue soit  chapeauté par les ministres d’Etat, ministre de la Justice, Cheik Sako et le ministre Secrétaire d’Etat à la présidence Naby Youssouf Kiridi Bangoura qui, selon lui   pourront ‘’s’entourer d’autres membres du Gouvernement concernés par les dossiers en discussion.’’

La mouvance et l’opposition pourraiet ainsi durant ce dialogue, voir comment éviter que  ‘’les organes non-élus des collectivités locales ne constituent  ni un frein à la transparence ni un handicap à l’équité du processus électoral.’’

Il sera également question d’étudier  dans quelles mesures ‘’des échanges d’informations seront possibles entre les partis politiques, le Gouvernement et la Ceni sur le processus électoral, sans enfreindre à l’indépendance que la Loi confère à cette dernière, ainsi que  la mise en place d’un mécanisme permanent, instituant les échanges entre la Ceni  et les acteurs électoraux’’, instruit le président Alpha Condé.

L’opposition devra se réunir dans l’après-midi de ce mardi, afin de donner une réponse à cette main tendue du président de la République, pour une reprise du dialogue inter guinéen.  Le chef de l’Etat guinéen avait promis de réagir aux doléances portées à son niveau par le chef de file de l’opposition lors de la rencontre qui s’est déroulée le 20 mai dernier au palais Sékhoutouréah. Rencontre qui avait permis à Cellou Dalein Diallo de briefer le président  sur les  revendications de l’opposition.

Ces revendications portent essentiellement sur l’annulation du chronogramme électoral fixant la présidentielle au 11 octobre 2015. Avant les élections locales, qui sont prévues elles à la fin  du premier trimestre de 2016.

Il revient dorénavant aux opposants d’accepter ou de refuser la main tendue du gouvernement. Du côté de la société civile en tout cas, la démarche du chef de l’Etat a été saluée. Et Dansa Kourouma, président du Conseil national des organisations de la société civile de Guinée (CNOSCG),  a tenu tout de même a rappelé que  «le président de la République est le seul garant de la réussite de ce dialogue.»

L’opposition joue donc son destin, dans la perspective du scrutin à venir. Car, le temps des louvoiements est consommé dans cette  compétition, où le pouvoir semble disposer d’une longueur d’avance.

Aliou Sow (L’Indépendant)

 

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