S’il est un parti qui souffre le plus de la réussite du barrage hydroélectrique de Kaléta, c’est bien l’UFR de l’ancien Premier ministre Sidya Touré. En témoignent les prises de positions bancales de ses dirigeants. La jalousie et les contrevérités sur le barrage qui a lancé sa première turbine ce dimanche commencent par Ibrahima Bangoura, un des vice-présidents du parti : « c’est un barrage qui produit le courant seulement quand il pleut. S’il ne pleut, il n’y aura pas de courant ! C’est un barrage qui a une capacité de 200 mégawatts (en réalité c’est 240 MW, NDLR), c’est très peu de chose par rapport au besoin énergétique de la Guinée. Le courant électrique n’est pas seulement le courant d’éclairage. Ce dont le pays a besoin, c’est le courant pour le développement. Mais, on nous rabat les oreilles tous les jours Kaléta ! Kaléta ! Ça ne pourrait produire que d’éclairage, mais ça aussi à des périodes bien déterminées pendant la saison des pluies. Donc, le problème de courant n’est toujours pas réglé.»
Contrairement à M. Bangoura, Baidy Aribot, secrétaire exécutif de l’UFR, no2 de fait du parti, reconnait tacitement, chez nos confrères d’Africaguinee, la pertinence du barrage mais attribue sa paternité à son mentor Sidya Touré : « Kaléta est construit sur le lit de Garafiri au même titre que Foumi qui doit arriver. C’était un programme qui a été décidé au temps du président Lansana Conté et qui était contenu dans la vision Guinée 2010 du Gouvernement Sidya. Donc, c’est un programme que le Président Conté a laissé qu’on est en train de réaliser. Aujourd’hui on fait comme si, c’était une première fois qu’il y a un barrage hydro-électrique dans notre pays. On fait comme si c’était la première fois que la desserte s’est améliorée. Au temps de Sidya Touré, la desserte était plus qu’améliorée, elle était constante.» Pince sans rire.
Et Sidya Touré, leader du parti, ancien Premier ministre qui, pendant qu’il était aux affaires a fait acheter des groupes électrogènes en rade en haute mer, qui depuis ont foutu le camp, se mêle du débat kaléta. Sur Guineenews, il «salue l’arrivée du courant. S’il y a une fourniture du courant, j’en suis bien heureux, mais pour le moment, je n’ai pas de courant 24 heures sur 24, ça c’est clair ! Le fait d’avoir attendu cinq ans pour cela, nous a fait perdre par année au moins deux points de croissance. Donc, c’est pratiquement six milliards de dollars que la Guinée a perdus pendant cinq années parce qu’on attendait un barrage qui, de toutes les façons, ne nous fournira pas l’électricité pendant douze mois. Certes, ce barrage est bienvenu, mais ce qui était primordial en 2011, c’était d’avoir du thermique pour que les guinéens aient de l’électricité tant au niveau des ménages qu’au niveau des PME et des industries. C’est ça qui nous aurait permis de créer de la richesse. J’espère que ce qu’il nous ont proposé là n’est pas seulement pour la période des élections». La critique est telle qu’on est tenté de croire que Sidya est en train de démentir son numéro 2 de fait, Baidy Aribot qui a révélé plus haut que Kaléta était contenu dans le programme de développement de Sidya Touré : Guinée vision 2010. Le moins qu’on puisse dire est que face à Kaléta, les barons de l’UFR s’emmêlent les pinceaux. Comme s’ils souffraient de remords: celui de n’avoir pas réussi ce grand coup qu’est Kaléta.
Ibrahima S. Traoré