Censure

La mouvance en campagne électorale, l’opposition dans les querelles d’égo

Dalein-Sidya : L’Unité de façade se fissure

Le passage du président de l’Union des forces républicaines (UFR) sur les antennes de nos confrères d’Espace FM, dans l’émission de grande écoute les « Grandes Gueules », le 1er juin dernier, lors de laquelle, il a répondu par «Non » à la  question   de savoir s’il  était  ‘’prêt à reprendre le scenario de 2010, en soutenant au  deuxième tour El hadj Cellou Dalein Diallo face au Professeur  Alpha Condé ?’’, continue de faire des vagues dans la cité. Ce n’est en fait là que la preuve palpable de la fissure de l’unité de façade que l’UFDG et l’UFR, les deux principaux partis de l’opposition continuaient d’afficher aux yeux du monde, depuis l’échec de 2010.

Le passage du président de l’UFR dans les « Grandes Gueules » a édifié ceux qui doutaient encore du refroidissement des rapports entre les anciens alliés que sont Cellou Dalein Diallo et Sidya Touré. Eux, qui avaient échoué à maintenir le cap au second tour face à l’alliance arc-en-ciel, dont le candidat avait réussi un tour de force, en emportant cette manche par plus de 51 pour cent des voix, alors que lors du premier tour, il n’en avait récolté que 18 pour cent. Des rapports de son parti avec l’UFDG Sidya Touré, a été clair dès le début de son intervention sur Espace FM. Et répondant à la question sur ce qui ne va pas entre les deux formations politiques, il répond : « je ne sais vraiment pas de quoi vous voulez parler.  Nous  allons être très clair,  l’UFDG est un parti politique qui se bat pour conquérir le pouvoir, pensez bien l’UFR aussi.  Nous  allons à l’élection présidentielle,  je pense que si tout le monde est candidat je ne vois pas où est le problème de l’alliance.  Est-ce-que si  le Président de l’UFDG, celui du RPG et  de l’UFR sont candidats,  mais je vais souhaiter que ce  soit moi qui sois élu. »

Quant à savoir si c’est le statut de chef de file de l’opposition qui a entrainé ce coup de froid supposé, l’ancien Premier ministre balaie du revers de la main, et situe la situation dans son concept en ces termes : « ça n’a strictement rien à voir, le statut de chef de file de l’opposition relève d’une loi, cela va de soit.  Nous allons à l’élection présidentielle, c’est un homme face à son peuple, qui expose une vision, un programme et qui souhaite être élu.  Vous voulez qu’on s’allie contre qui ? Il faut le ramener à cela. A  partir du moment où vous le ramenez à cela,  vous comprenez bien qu’en fait une fois qu’on n’est dans la campagne, il n’y a plus d’opposition, il n’y a plus de mouvance. Il y a des candidats.»

Puis ce fut la question portant sur la candidature unique, qui fut abordée lors de cette partie de l’interview. A ce propos, Sidya Touré dit ceci : « il n’y a pas d’alliance.  Il  faut que les gens abandonnent cette expression.  On  n’est pas permanemment allié à un parti. Vous  êtes alliés dans le cadre d’une élection, si vous ne l’êtes  pas, chacun prend totalement sa liberté. Chacun de nous a fait des propositions, nous nous sommes retrouvés, on en a discuté dans la mesure où, à l’élection présidentielle nous n’avons pas d’accord pour avoir un candidat qui serait soutenu soit par la mouvance soit par l’opposition nous y allons en ordre dispersé, chacun pour son compte comme cela l’a été au 1er tour de l’élection présidentielle de 2010.  Cela  doit être clair.  Au Burkina Faso il y avait un chef de file de l’opposition, est-ce que vous entendez parler de ça encore ?  A  partir du moment où la transition a commencé que chacun se prépare, met son starking bloc pour aller aux élections, il faut qu’on comprenne les choses.  Aujourd’hui  les partis politiques, s’ils doivent aller à l’élection présidentielle, ceux qui sont d’accord entre eux pour présenter un candidat seront dans une alliance, ceux qui ne le seront pas,  seront totalement indépendants et ça c’est parfaitement normal. »

Sidya Touré abordera ensuite le point lié à la récente sortie de Mohamed Tall, porte-parole de l’UFR, qui disait de la rencontre entre le chef de l’Etat et son principal opposant, que Dalein partait à Sékhoutouréa pour le compte simplement de l’UFDG, pas plus. Le leader de l’UFR n’y voit de raisons de la polémique à cela. « Mais pourquoi voulez-vous qu’on fasse tout un plat autour d’un problème qui n’en est pas.  Cellou a rencontré Alpha Condé ils ont discuté, la réalité du débat, s’il y a un dialogue ce qui se fait aujourd’hui, c’est  que nous y participeront tous, ce n’est pas le problème d’un parti, c’est le problème de tous les partis qui ont des revendications communes. »

Pour soutenir son argumentaire, Sidya Touré a insisté en disant qu’il  « faut que ça soit très clair. Ce  n’est pas une alliance de l’opposition, ce n’est même pas l’opposition Républicaine, ceux sont des partis qui veulent aller aux élections et qui se disent, attention nous avons des problèmes qui ne sont pas réglés, il faut les régler,  notamment en ce qui concerne l’inversion du chronogramme, en ce qui concerne le Président de la CENI, en ce qui concerne aujourd’hui le problème de fichier que nous connaissons tous. Donc c’est ce groupe de gens des partis politiques qui posent les mêmes problèmes, cela ne veut pas dire qu’ils sont alliés, mariés  définitivement. »

Ces morceaux choisis de son intervention démontre clairement que Sidya Touré ne file plus le parfait amour avec Cellou Dalein Diallo. Contracter une nouvelle alliance entre les deux partis, comme en 2010, ne serait même plus envisageable, selon M. Touré. De quoi mettre de l’eau au moulin de la mouvance présidentielle, qui ne peut que s’en frotter les mains. Quand ses deux adversaires les plus redoutés se crêpent le chignon, elle ne pourrait qu’en rire, et mettre cet atout à profit pour creuser l’écart dans la perspective du vote de la présidentielle. C’est le lieu de dire que les querelles d’égo qui minent l’opposition risquent de favoriser le parti au pouvoir, qui s’est lancé déjà dans une campagne électorale avant la lettre, pendant que ses adversaires continuent de louvoyer.

Mamady Kéita, L’Indépendant

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